Le festin des droits de l’Homme
Par Elson Concepcion PÉREZ
Granma.cu
La question des droits de l'Homme et de la démocratie, sont principalement utilisées par les puissants pour imposer leurs modèles aux pays pauvres, et en particulier aux gouvernements progressistes
UN thème – récurrent ces temps-ci, largement manipulé par les médias, implique ceux qui, depuis certains centres de pouvoir ou payés par eux, font de cette question le véritable festin de ceux qui veulent imposer au monde leur modèle, et de ceux qui, en tant que mercenaires et pour quelques dollars, sont utilisés dans ce but.
Ainsi, M. Luis Almagro, le Secrétaire général de l’OEA (Organisation des États américains), a armé ses canons contre la République bolivarienne du Venezuela, où il prétend appliquer la solution de l’intervention étrangère. Pour quelle raison ? Peut-être parce que les gouvernements, d’abord celui de Chavez, puis celui de Maduro, ont mis en œuvre des plans sociaux d’une grande ampleur, comme la construction et la livraison de plus d’un million de logements, la gratuité de la santé pour tous, le fait d’être l’un des rares pays sans analphabétisme et de nombreuses autres conquêtes sociales reconnues au niveau national et international. Ou parce que ce pays fait preuve de solidarité, principalement en Amérique latine et dans la Caraïbe, ignorée par l’OEA et son secrétaire général.
Luis Almagro a demandé, comme moyen de pression, d’expulser le Venezuela de l’organisme. Il conviendrait alors de se demander : quitter l’OEA, est-ce un déshonneur ou un honneur ? Je pencherais pour la deuxième réponse. Comme Cuba l’a prouvé.
Durant des décennies, notre pays a été la cible de ceux qui évaluent les droits de l’Homme derrière la vitre blindée d’un poste de commandement, d’où ils dirigent des guerres qui se soldent par des millions de victimes civiles, comme cela s’est passé en Irak ; ou qui gagnent de l’argent grâce à la fabrication et la vente incontrôlée d’armes qui tuent des milliers de personnes, y compris des enfants et des jeunes Étasuniens dans leurs propres écoles, centres de loisirs ou dans la rue.
Ils ont toujours utilisé – ils continuent de le faire – des mercenaires, hommes ou femmes, qui pour quelques dollars vont jusqu’à se vêtir de blanc dans le seul souci médiatique de « faire du bruit » et provoquer des troubles pour pouvoir ensuite accuser les autorités locales de violation des droits de l’Homme.
Récemment, depuis les États-Unis, qui paient des prébendes supplémentaires à des personnages comme Almagro, on a tenté de monter tout un show contre-révolutionnaire, auquel même le « naïf » Secrétaire général de l’OEA s’est prêté, en tant que figure principale d’un festin que Cuba n’a jamais permis et ne permettra jamais.
À cet égard, notre gouvernement a déclaré que l’OEA a toujours été un instrument de Washington, un fer de lance contre l’Amérique latine et contre la Révolution cubaine.
Même topo pour les « petites listes » concoctées par le Département d’État pour condamner des pays, appliquer des blocus, des sanctions économiques et même se livrer à une agression militaire.
La question des droits de l’Homme et de la démocratie, me semble-t-il, les deux selon l’interprétation étasunienne, sont les plus récurrentes et les plus vilipendés, et sont principalement utilisées par les puissants pour imposer leurs modèles aux pays pauvres, et en particulier aux gouvernements progressistes.
Il ne viendrait à l’esprit de personne de condamner comme violation des droits de l’Homme ce qui est arrivé à Jesus Navarro à l’hôpital universitaire de San Francisco, en Californie, à qui une greffe de rein a été refusée sous prétexte que c’était un immigrant illégal.
Selon les commentaires du journal La Opinion, le patient attendait avec anxiété depuis sept ans. Pendant 15 ans, il a travaillé en tant que soudeur dans une fonderie lorsqu’il a perdu son emploi après un contrôle du Bureau de l’immigration et des douanes de l’entreprise Pacific Steel, dont 200 des 600 employés ont été licenciés pour être des immigrants.
Lorsque la famille et quelques amis du patient ont demandé s’il pourrait être opéré s’ils parvenaient à collecter les 200 000 dollars que coûte la greffe, le fonctionnaire a répondu par la négative, car ils n’étaient pas autorisés à prendre en charge les immigrés illégaux.
Un autre cas révélé par Europa Press dans une dépêche depuis Washington signale qu’un garçon noir de 14 ans, qui avait été exécuté en Caroline du Sud a été reconnu non coupable... 70 ans après son exécution, après que la juge Carmen Tevis Mullen eut statué qu’il n’avait pas été soumis à un procès équitable.
Il s’agit de George Stinney, exécuté en 1944 après un procès de 5 heures et un délibéré de 10 minutes. Il était si petit que l’on dut l’asseoir sur une Bible sur la chaise électrique, selon les informations de la chaîne étasunienne NBC. Prévu pour des adultes, le masque que portent les suppliciés tomba et laissa voir son visage. La famille affirme que la police interrogea l’adolescent hors de la présence de ses parents et se souvient qu’un jury blanc n’a pas pris plus de dix minutes pour le condamner. L’avocat de la défense ne se donna même pas la peine de faire appel de la sentence.
Sous leur déguisement, les mots « droits humains » dissimulent des faits tels que celui d’un enfant qui se sert d’une arme pour mitrailler ses camarades de classe, qu’un autre mineur soit obligé de vendre son sperme dans un coin de rue de New York ; que sous les ponts de la grande ville dorment chaque nuit des centaines d’êtres humains, sans abri et sans nourriture. Rien de tout cela n’est une violation des droits de l’Homme, selon le modèle impérial. Cela se produit tous les jours dans le pays le plus riche de la planète. M. Almagro ne le voit pas, ne l’entend pas, ne le lit pas, bien qu’évidemment il lise et parle l’anglais, ce qui devrait lui permettre de connaître le monstre dans ses propres entrailles, au lieu de chercher de soi-disant violations dans des pays où les droits humains ne sont ni de simples mots, ni de la manipulation des médias à des fins politiques.
Au Venezuela, comme à Cuba, en Équateur, en Bolivie et d’autres pays que l’OEA et Washington veulent mettre à genoux, les droits de l’Homme, c’est de garantir la santé du peuple, l’éducation pour tous, la promotion de l’égalité raciale et de sexe, le droit au travail pour tous, de ne pas mourir si on a besoin d’une greffe d’organe et que l’on n’a pas les moyens de la payer. C’est aussi qu’il n’y ait pas de familles endeuillées par les fréquentes tueries dans les écoles fréquentées par leurs enfants...Est-ce ou n’est-ce pas une violation des droits de l’Homme, le fait que des prisonniers détenus illégalement dans la base illégale de Guantanamo aient été torturés sauvagement, qu’on leur ait refusé le droit à l’assistance d’un avocat de la défense, qu’ils ne soient officiellement accusés de rien, alors qu’ils subissent cette torture depuis plus de dix ans ?
Qu’est-ce que le blocus économique et financier contre Cuba, si ce n’est une violation flagrante des droits humains, alors que l’objectif est d’affamer tout un peuple ?
Un conseil : M. Almagro ferait bien de lire
– en espagnol ou en anglais – la véritable histoire en matière de droits de l’Homme et de démocratie aux États-Unis, le pays où est basée l’OEA et où ces questions restent en suspens.
En fin de compte, on finira par donner raison à ceux qui se posent la question de savoir à quoi sert l’OEA et si cela vaut la peine de dépenser autant d’argent pour maintenir cette tanière au service de l’empire.