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Le projet de zone tampon a du plomb dans l’aile (Press TV)

par Press TV 1 Mars 2017, 16:23 Syrie Zone tampon Turquie USA Russie Tension

Le projet de zone tampon a du plomb dans l’aile (Press TV)

Grâce à l’appui de ses services de sécurité et de renseignement et au nom de la lutte contre Daech, l’armée turque a conquis la ville d’al-Bab dans le nord d’Alep.

Il s’agit d’une bande frontalière composée de Jerablus et d’al-Bab qui aurait pu, espérait Ankara, constituer « un atout de taille » à la fois militaire et politique dans cette nouvelle phase de combats qui s’ouvre en Syrie depuis l’arrivée au pouvoir de Trump.  

Les opérations de l’armée syrienne ces 10 derniers jours dans l’ouest de Palmyre, dans la banlieue de Damas, dans l’est de Homs et dans le nord de Damas ont toutes été couronnées de succès. L’armée syrienne et ses alliés ont remporté aussi de très nettes victoires dans le nord-est d’Alep et ont contré l’avancée de Daech dans l’est de Quneitra, juste aux portes de Deraa. Cet ensemble de succès militaires n’est pas à prendre à la légère.  

Surtout que la Turquie était décidée depuis le fameux contact téléphonique avec Donald Trump à étendre son champ d’action dans le nord de la Syrie, et ce, dans l’objectif de mettre en place la « zone tampon » qu’elle appelle de ses vœux depuis 2011. En effet, le plan d’Erdogan ne s’arrêtait pas à al-Bab. Il devait inclure aussi Manbij et Raqqa, une zone très large qui, si elle était tombée entre les mains des soldats turcs, aurait dû servir de zone de coopération militaire avec les États-Unis. Erdogan comptait devenir de la sorte « l’acteur clé » des pourparlers de Genève et être érigé au rang de « partenaire fiable des États-Unis » dans le scénario que Trump est en train de préparer pour la Syrie et son avenir.

Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu pour Ankara : l’armée syrienne et ses alliés ont libéré des régions au sud d’al-Bab au terme de dix jours d’opérations militaires d’envergure. Parallèlement, les Kurdes de Syrie se sont rapprochés de Manbij et ont bloqué l’avancée des forces turques et de leurs mercenaires de l’ASL vers cette localité.   

Certains analystes parlent d’un coup de poker « très réussi » que l’armée syrienne a joué contre Erdogan. L’offensive syrienne dans le nord d’Alep, plus précisément à l’ouest de l’Euphrate et du barrage de Tishrin, a sensiblement élargi le périmètre de sécurité pour l’armée syrienne et ses alliés dans la ville d’Alep. Cette offensive a aussi balisé le terrain à la progression des forces syriennes vers le barrage de Tabaqa, non loin de Raqqa. Le plan d’Erdogan, qui prévoyait la création d’une zone de 5 000 km² en plein cœur de la Syrie, s’en trouve très largement affecté : la zone tampon d’Erdogan, ou « zone sécurisée » pour reprendre le terme employé par Trump, perd ainsi de son efficacité puisqu’elle est très réduite et sans réelle fonctionnalité. Mais il n’y a pas que cela : la contre-offensive de l’armée syrienne dans la région de Deraa, qui a poussé Daech à se replier, a eu des conséquences. Daech s’est rapproché des frontières syro-jordaniennes. 

En effet, depuis le début de la crise en Syrie, le renseignement de l’armée jordanienne a joué un rôle de premier plan dans la formation et l’entraînement des terroristes dans les régions du sud, au point de faire du Front al-Nosra un outil de guerre contre l’État syrien. Ce rôle, quelque peu amoindri ces derniers mois, semble se réactiver depuis la tenue des pourparlers de Genève 4, où la Jordanie veut avoir son mot à dire. Amman s’est fait d’ailleurs graisser la patte par l’Arabie saoudite pour servir non seulement les intérêts de celle-ci, mais aussi ceux d’Israël. Car une zone tampon infestée de terroristes de Daech et consorts sur les frontières jordaniennes reviendrait à éloigner d’Israël, entité limitrophe, du Hezbollah. Ce dernier est bien installé en effet à Quneitra et dans le Golan, aux portes d’Israël. Bref, la Jordanie rivalise de zèle avec la Turquie pour « reloger Daech et autres terroristes takfiristes » quelque part sur le territoire syrien. Dans le camp des anti-Assad, on se prépare à l’ère post Daech : le groupe perd du terrain en Irak et il faut lui trouver un refuge. Mais Amman devrait le savoir : tout comme « la zone tampon turque », celle de la Jordanie ne verra pas le jour.  

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