Après la guerre terrible en Libye menée par Sarkozy-Fillon, Obama-Clinton et Cameron, votée par Mélenchon et le parti de l'impérial socialisme à l'Assemblée nationale française, la Libye est en guerre civile et ce sont les "révolutionnaires", tant vantés par Mélenchon et les sbires du NPA, qui mènent le bal. En témoigne cet article de Mondafrique qui révèle qu'à présent ce sont les milices salafistes qui font la loi à Tripoli.
Comme le NPA, Sarkozy, Obama, Cameron, la Françafrique et les colonialistes, Mélenchon défend la "révolution" (sic) en Libye (28.03.2011)
Les milices salafistes dictent leur loi à Tripoli
Mondafrique
Malgré la nomination en Libye d'un gouvernements d'unité nationale soutenu par la communauté internationale, les milices islamistes largement incontrôllées dictent leur loi à la population. Derniers à surgir dans cette situation anarchique, les miliciens de la "RADA" ne sont pas les moins fanatiques
Il fût un temps où Tripoli était une ville où règnait l’ordre khadafiste. Sous la férule du Guide, la capitale de la Libye avait été munie d’infrastructures de qualité, de routes bitumées et d’aéroports modernes d’où décollaient des centaines de vols par jour. Sur fond de privation de liberté. Or depuis la chute du régime khadaffiste, la capitale porte un masque de misère sociale et de chaos sécuritaire. Tripoli est classée parmi les villes les plus dangereuses du monde où les enlèvements, les assassinats et le trafic d’armes sont monnaie courante. Elle est aussi la capitale qui cristallise le chaos politique libyen, et où se joue une lutte à mort entre des clans armés jusqu’aux dents. Du pain béni pour une myriade de milices incontrôlées qui imposent leur loi.
Deux gouvernements, deux aéroports
Officiellement, le gouvernement d’union nationale mené par Fayez Sarraj, tel qu’il a été envisagé par la communauté internationale, est la seule autorité légitime en Libye. Composé de technocrates souvent islamistes, le cabinet Sarraj n’a en réalité que très peu de soutien populaire. Il ne survit que grâce au secours de quelques milices et à l’aide des partenaires internationaux. Il est désormais concurrencé par un autre gouvernement, celui là non-officiel, adoubé par le Congrès national. Sous l’autorité de Khalifa Ghawil, le congrès national avait quitté la capitale après l’arrivée au pouvoir du cabinet Sarraj en mars 2016, avant de revenir en force en octobre 2016. Depuis, il a tenté deux coups d’État grâce auxquels il occupe les locaux de l’hôtel Rixos à Tripoli, transformé en quartier général de son gouvernement.
Triste retournement de l’histoire, les deux aéroports de la capitale sont devenus les chasses gardées de deux milices proches des autorités concurrentes. Le 16 février 2017 – veille de l’anniversaire du déclenchement de la révolution du 17 février-, le gouvernement du congrès national a inauguré en grande pompe la réouverture de l’aéroport international de Tripoli. Khalifa Ghawil a chargé une nouvelle milice tripolitaine qui porte le nom de Garde nationale libyenne (GNL) de sécuriser la zone. Même si cette faction s’est présentée comme un groupe armé « né pour assurer la sécurité de la capitale et celles de tous les Libyens », elle est, sans le moindre doute, un soutien de taille au gouvernement Ghawil.
Une milice pas comme les autres
À l’est de la ville, la milice salafiste RADA est une brigade très puissante qui soutient ouvertement le gouvernement Sarraj et contrôle l’autre aéroport de la capitale , celui de Mitiga. Elle en a fait sa base arrière pour ses fiefs de l’est, tout en contrôlant certains points névralgiques proches du port comme le quartier de Souq al-Jouma. Entre la RADA et le cabinet Sarraj, un « marché » univoque a été conclu : financement et autonomie pour la milice contre sécurité et surveillance pour le gouvernement. Sous l’autorité du Ministère de l’intérieur, la RADA est aujourd’hui l’une des rares forces armées qui ne se contente pas de défendre un territoire circonscrit, mais d’occuper les fronts politiques et idéologiques de la scène sécuritaire tripolitaine.
Littéralement, l’acronyme RADA signifie force d’investigation spéciale, mais en réalité, c’est une brigade à la croisée des opérations militaires et policières dont les objectifs officiels sont la lutte contre le crime organisé, le trafic humain et l’insécurité dans la capitale. Elle est dirigée par le salafiste ultraconservateur Abdel Raouf Kara. Cet ancien entrepreneur du quartier Souq al-Joumaa a réussi à former un groupe d’élite composé d’environ 1000 hommes basé à l’aéroport de Mitiga. Selon ses propres mots, la RADA est une « super milice qui travaille dans l’intérêt général de la Libye grâce à une vision bien définie de la sécurité nationale ». Il considère que l’instabilité du pays est avant tout une problématique d’ordre national qui, indépendamment des moyens déployés, doit être résolue afin d’assurer la survie de l’État. Ainsi, la milice pourrait avoir pour leitmotiv officiel : « sécurité de la ville, protection des institutions ». Car la ligne la plus dure du groupe se réclame du Madkhalisme; une idéologie salafiste qui se réfère aux écrits du Saoudien Rabi bin Hadi al-Madkhali, et qui promeut une stricte obédience à une autorité politique.
Le madkhalisme ne rencontre aujourd’hui aucune opposition au sein de l’impuissant cabinet Sarraj qui ne peut se permettre de perdre un groupe aussi puissant pour des différends idéologiques. Ce « jacobinisme religieux » qui traverse les rangs de la RADA est une marque de distinction de la milice, et reste, pour le moins, un courant idéologique très minoritaire en Libye.
Vers une police des moeurs
Dès le retour du gouvernement d’union nationale à Tripoli, la RADA a eu pour mandat de surveiller toute activité « illégale » dans la ville: enlèvements, trafics de migrants, marchés des armes et explosifs, ventes d’alcools et de drogues…etc. Le 15 janvier 2017, les unités spéciales de la RADA ont démantelé un réseau transnational de trafic de migrants qui va du nord Niger jusqu’aux côtes libyennes. Durant ce raid, ses miliciens ont arrêtés des centaines de migrants subsahariens proches de la plage de Qar Qarish à l’ouest de Tripoli, avant de les déporter vers leurs pays d’origine. Dans les quartiers sud et sud-est de la capitale, les membres de la milice continue de pourchasser, sans relâche, les maitres du crime organisé et les barons du kidnapping. Tripoli se classe parmi les villes avec le plus haut taux d’enlèvement au monde.
Les membres de la RADA se dédient également à combattre la prostitution, la consommation d’alcool et le narcotrafic ainsi que toute activité qu’ils jugent “anti-islamique”. Loin de faire l’unanimité au sein de la société civile libyenne, la milice est sévèrement critiquée par les citoyens de la capitale. La force spéciale est accusée d’agir à titre de “police morale”, poussant les civils vers des normes et des mœurs conservatrices, souvent par l’intimidation et la violence. Pour beaucoup de Libyens, la RADA a relativement abandonné la lutte sécuritaire pour mieux se consacrer au maintien de l’« ordre salafiste ».
Récemment, ses forces spéciales ont lancé des opérations de ratissage pour mettre fin aux maisons closes et aux dépôts d’alcools. Ces incursions ont été rapidement diffusées sur les réseaux sociaux, puis adossées à une intense campagne de propagande, où les photos des butins de guerre – saisie de psychotropes et de drogues, fermeture de bars clandestins…etc.- ont largement circulé sur le net.
Au-delà de sa présence sur la toile, la RADA rivalise avec une constellation de milices à Tripoli, surtout celles proches du gouvernement du congrès national. Contrainte par une zone d’opération limitée, d’intenses rivalités politiques et des divergences idéologiques marquées, la lutte armée entre la RADA et les milices du gouvernement du congrès national s’illustre parfaitement dans l’affaire de l’imam Omrani. Cet important chef religieux et associé du controversé grand mufti de Tripoli, Sadiq al-Ghariani, aurait été tué par des membres de la RADA. Dans une vidéo publiée en novembre 2016, Haitham Al-Zintani, un homme prétendument relié à la milice, a confirmé le rôle prépondérant joué par celle-ci dans l’assassinat du cheikh, tout en affirmant avoir participé à son enlèvement. Immédiatement, la RADA a nié toute implication dans l’affaire. Cette annonce a provoqué l’ire des milices islamistes pro-Ghariani qui se sont violemment affrontés avec les forces de la RADA à Tripoli. Les combats ont duré plus de trois jours et ont causé la mort d’au moins cinq personnes. Ces heurts sont considérés parmi les affrontements les plus meurtriers à Tripoli depuis deux ans.
Dans un contexte d’instabilité permanente, les relations entre la RADA et le gouvernement d’union nationale vont se prolonger, même si les raids successifs de la milice peuvent, tôt ou tard, mettre sérieusement en péril l’avenir, déjà incertain, du gouvernement Sarraj. Tripoli n’est pas à l’abri de la résurgence d’une nouvelle guerre civile entre les groupes armés liés aux deux gouvernements car même si la RADA se veut une force spéciale, elle obéit, comme chaque belligérant, à une seule logique : celle de sa propre survie.