Du Salvador à l’Irak : l’homme de Washington derrière les escadrons de la mort
Par Mona Mahmood, Maggie O'Kane, Chavala Madlena, Teresa Smith, Ben Ferguson, Patrick Farrelly, Guy Grandjean, Josh Strauss, Roisin Glynn, Irene Baqué, Marcus Morgan, Jake Zervudachi and Joshua Boswell
Article original : From El Salvador to Iraq: Washington's man behind brutal police squads
The Guardian
Traduction "pour en savoir plus, consultez les journaux télévisés. (nan, j’déconne)" par VD pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles.
En 2004, alors que la guerre en Irak allait de mal en pire, les Etats-Unis ont enrôlé un vétéran des sales guerres d’Amérique centrale pour monter une nouvelle force pour combattre les insurgés. Le résultat : des centres de détention clandestins, la torture et un engrenage de massacres confessionnels.
Un terrain de golf huppé s’étend jusqu’à une maison spacieuse de deux étages. Un tuyau d’arrosage traîne sur la pelouse. Les volets de bois gris sont fermés. Et comme dans de nombreux villas luxueux de cette communauté protégée par des grillages près de Byran, Texan, rien ne bouge.
Le Colonel à la retraite Jim Steele, médaillé militaire du Silver Star, du Defence Distinguished Service Medal, de quatre Legions of Merit, trois Bronze Stars et du Purple Heart, est absent. Il n’est pas non plus à son bureau au siège de la société Buchanan Renewables, à Genève, dont il est le Directeur Général. D’autres efforts pour le joindre aux bureaux de la société à Monrovia sont infructueux. On laisse des messages. Il ne rappelle pas.
Pendant plus d’un an The Guardian a tenté d’entrer en contact avec Steele, 68 ans, pour l’interroger sur son rôle dans la guerre en Irak en tant qu’envoyé spécial du Secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld auprès des Commandos Spéciaux de la Police Irakienne : une force paramilitaire féroce qui a crée un réseau de centres de détention à travers le pays - où tous ceux soupçonnés de se rebeller contre l’invasion menée par les Etats-Unis étaient interrogés sous la torture.
Dix ans après l’invasion de l’Irak, les accusations de liens entre les Etats-Unis et ces unités spéciales qui ont accéléré la descente aux enfers de la guerre civile en Irak relancent et renforcent les controverses autour de l’occupation US. L’enquête fut déclenchée il y a plus d’un an par la publication sur internet de millions de documents US classifiés qui contenaient des références mystérieuses à des soldats US à qui on avait donné l’ordre d’ignorer les tortures. Le soldat Bradley Manning, 25 ans, risque 20 ans de prison, accusé d’avoir révélé des secrets militaires.
Steele a tenu un rôle clé. Il était le personnage clandestin US derrière le recueil d’informations par ces nouvelles unités de commando. L’objectif : tuer dans l’oeuf l’insurrection Sunnite naissante en arrachant des informations aux prisonniers.
C’était un travail sur mesure pour Steele. Le vétéran s’était fait un nom au Salvador il y a presque 20 ans comme chef d’un groupe de conseillers étasuniens des forces spéciales entraînées et financées par l’armée salvadorienne pour combattre l’insurrection de la guérilla du FMLN (Front Farabundo Marti de Libération Nationale - NdT). Ces unités gouvernementales développèrent une réputation internationale macabre pour leurs activités comme escadrons de la mort. La biographie de Steele décrit son travail comme « la formation de la meilleure force de contre-insurrection » au Salvador.
Au sujet de son expérience au Salvador en 1986, Steele a déclaré au Dr Max Manwarning, auteur de El Salvador at War : An Oral History : « lorsque je suis arrivé il y avait une tendance à se concentrer sur des indicateurs techniques... mais dans une insurrection, il faut se concentrer sur les aspects humains. Ca veut dire faire en sorte que les gens parlent. »
Mais la fourniture d’armes par les Etats-Unis à l’un des belligérants a accéléré la descente aux enfers de la guerre civile qui a fait 75.000 morts et 1 million de réfugiés sur une population de 6 millions.
Celerino Castillo, agent spécial supérieur de la Drug Enforcement Administration (DEA, agence de lutte contre la drogue - NdT) qui a travaillé aux côtés de Steele au Salvador, dit : « J’ai d’abord entendu que le Colonel Steele partait pour l’Irak et j’ai dit qu’ils allaient y mettre en place ce qu’on appelle l’Option Salvadorienne et c’est exactement ce qui s’est passé. J’étais effondré parce que je connaissais les atrocités qui allaient être commises en Irak et que nous savions avaient déjà été commises au Salvador. »
C’est au Salvador que Steele a côtoyé pour la première fois un homme qui allait devenir le chef des opérations militaires US en Irak : David Patraeus. A l’époque un jeune Major, Petraeus s’est rendu au Salvador en 1986 et a même été hébergé par Steele.
Tandis que Petraeus gravissait les échelons, la carrière de Steele a connu un contre-coup inattendu lorsqu’il s’est retrouvé impliqué dans l’affaire Iran-Contra. Pilote d’hélicoptère, qui avait aussi un permis de piloter des avions de chasse, il dirigeait l’aéroport d’où les conseillers américains livraient illégalement des armes à la guérilla d’extrême-droite de la Contra au Nicaragua. L’enquête menée plus tard par le Congrès US, tout en mettant fin aux ambitions militaires de Steele, lui fit gagner l’admiration de Dick Cheney, qui était à l’époque membre du Congrès et siégeait à la commission d’enquête. Il admirait les efforts de Steele pour combattre les progressistes à la fois au Salvador et au Nicaragua.
A la fin de 1989, Cheney a dirigé l’invasion du Panama par les Etats-Unis pour renverser l’ex enfant-chéri tombé en disgrâce, le Général Manuel Noriega. Cheney a choisit Steele pour prendre en charge la réorganisation de la nouvelle force de police panaméenne et être l’agent de liaison en chef entre le nouveau gouvernement et l’armée US.
Todd Greentree, qui a travaillé à l’ambassade US au Salvador et qui connaissait Steele, n’était pas surpris de voir comment ce dernier avait refait surface dans d’autres zones de conflits. « On ne n’appelle pas ça une « sale guerre » pour rien ; il n’est donc pas étonnant de voir des individus connus pour leur savoir-faire dans ce genre de guerre faire leur réapparition à différents stades d’un conflit, » dit-il.
Une génération plus tard, et à l’autre bout de la planète, la guerre américaine en Irak allait de mal en pire. Nous sommes en 2004 - et les néocons ont démantelé l’appareil du parti Baas, provoquant l’anarchie. Un soulèvement à majorité sunnite gagnait du terrain et provoquait d’importants problèmes à Falloujah et Mossoul. Une réaction violente à l’occupation US faisait 50 morts américains par mois en 2004.
L’armée US faisait face à une insurrection non conventionnelle, de type guérilla, dans un pays dont elle ne connaissait pratiquement rien. A Washington, on parlait déjà de l’Option Salvadorienne pour Irak et l’homme chargé de la mettre en oeuvre se trouvait déjà sur place.
Peu après l’invasion de mars 2003, Jim Steele était à Bagdad comme un des plus importants « consultants » de la Maison Blanche, d’où il envoyait des rapports à Rumsfeld. Ses rapports étaient tellement appréciés que Rumsfeld les transféraient à George Bush et Cheney. Rumsfeld parlait de lui en termes élogieux. « Nous avons eu une conversation hier avec le Général Petraeus et j’ai eu une réunion avec un dénommé Steele qui travaille sur le terrain avec les forces de sécurité et qui fait un travail magnifique, en tant que civil. »
En juin 2004, Petraeus arrive à Bagdad avec la consigne de former une nouvelle force de police irakienne dédiée à la contre-insurrection. Steele et le Colonel US en exercice James Coffman présentent à Petraeus un petit groupe de durs-à -cuire des commandos de la police, dont beaucoup étaient des survivants endurcis de l’ancien régime, dont le Général Adnan Thabit, condamné à mort pour un complot raté contre Saddam mais dont la tête fut sauvée par l’invasion US. Thabit, sélectionné par les Américains pour diriger les Commandos Spéciaux de la Police, noue des relations étroites avec les nouveaux conseillers. « Ils sont devenus mes amis. Mes conseillers, James Steele et Colonel Coffman, étaient tous les deux des anciens de forces spéciales, j’ai donc pu profiter de leur expérience... mais mon contact principal était David Petraeus. »
Avec Steele et Coffman comme hommes de confiance, Petraeus a commencé à injecter de l’argent tiré d’un fonds de plusieurs millions de dollars dans ce qui allait devenir les Commandos Spéciaux de la police. Selon le US Government Accounts Office (comptable du trésor - NdT), ils ont reçu une partie des 8,2 milliards de dollars de l’argent des contribuables. Le montant exact est classifié.
Avec des fonds et des armes en quantité quasi illimitée, et l’expérience de Steele en matière de contre-insurrection, tout était prêt pour l’entrée en scène de commandos dotés d’une puissance terrifiante. Un élément de plus allait compléter le tableau. Les Etats-Unis avaient interdit aux membres des milices chiites violentes telles que la Brigade Badr et l’Armée de Mahdi de rejoindre les forces de sécurité, mais au cours de l’été 2004, cette interdiction fut levée.
Des miliciens chiites sont arrivés de tout le pays « par camions entiers » à Bagdad pour rejoindre les nouveaux commandos. Ces hommes étaient impatients d’en découdre avec les Sunnites : nombreux venaient chercher vengeance après des décennies de règne de Saddam soutenu par les Sunnites, et la possibilité de riposter aux insurgés violents et au terrorisme aveugle d’Al-Qaeda.
Petraeus et Steele allaient déchaîner cette force locale sur la population sunnite ainsi que sur les insurgés et leurs soutiens et tous ceux qui avaient le malheur de se trouver sur leur chemin. C’était une opération de contre-insurrection classique. C’était aussi l’ouverture de la boîte de Pandore. Les conséquences pour la société irakienne seront désastreuses. Deux ans plus tard, au plus fort de la guerre civile, chaque mois on dénombrait 3000 cadavres dans les rues d’Irak - beaucoup étaient les victimes innocentes d’une guerre civile.
Mais c’était le comportement des commandos dans les centres de détention qui soulève les questions les plus dérangeantes pour leurs maîtres américains. A la recherche désespérée d’information, les commandos ont crée un réseau de centres de détention clandestins où les insurgés étaient emprisonnés pour être interrogés.
Les commandos ont employé les méthodes les plus brutales pour faire parler les détenus. Rien ne prouve que Steele ou Coffman aient participé aux séances de torture, mais le Généra Muntadher al Samari, ancien général de l’armée irakienne, qui a travaillé après l’invasion avec les Etats-Unis pour reconstruire la police, affirme qu’ils étaient parfaitement au courant et qu’ils fournissaient aux commandos des listes de noms. Il dit qu’il a essayé de faire cesser les tortures mais n’a pas réussi et a fui le pays.
« Nous étions en train de déjeuner. Le Colonel Steele, le Colonel Coffman, puis une porte s’est ouverte et le Capitaine Jabr était là en train de torturer un prisonnier. Il (la victime) était pendu par les pieds et Steele s’est simplement levé et a fermé la porte, il n’a rien dit - pour lui, tout était normal. »
Il dit qu’il y avait 13 à 14 prisons secrètes à Bagdad sous le contrôle du ministère de l’intérieur et utilisés par les Commandos Spéciaux de la Police. Il affirme que Steele et Coffman avait accès à toutes ces prisons et qu’il en avait visité une à Bagdad en leur compagnie.
« Elles étaient secrètes, jamais déclarées. Mais la hiérarchie militaire US et les dirigeants irakiens connaissaient leur existence. Les choses qui s’y passaient... perceuses, meurtres, tortures. Les tortures les plus horribles que je n’ai jamais vues. »
Selon un soldat du 69ème Régiment de blindés qui était déployé à Samarra en 2005 mais qui désire garder l’anonymat : « c’était comme les Nazis... comme la Gestapo. Ils (les commandos) torturaient tous ceux qu’ils soupçonnaient de savoir quelque chose, ou de faire partie de l’insurrection... ou de la soutenir, et tout le monde le savait. »
The Guardian a interviewé six victimes de tortures au cours de cette enquête. Une d’entre elles, un homme qui dit avoir été détenu pendant 20 jours, raconte :
« On ne pouvait pas dormir. Dès le coucher du soleil, les tortures commençaient, sur moi et sur les autres prisonniers. »
« Ils voulaient des aveux. Ils disaient : "Avoue ce que tu as fait." Lorsque je demandais "Et si je n’ai rien fait, dois-je avouer quelque chose que je n’ai pas faite ?", ils répondait "oui, c’est comme ça que ça marche. Les Américains nous ont dit de faire autant de prisonniers que possible pour leur faire peur". »
« Je n’ai rien avoué, même si j’ai été torturé et qu’ils m’ont arraché les ongles des orteils. »
Neil Smith, un médecin de 20 ans qui était basé à Samarra, se souvient de ce que des soldats US racontaient à la cantine. « A peu près tout le bataillon savait, en tout cas tous ceux de ma section, que les interrogatoires étaient vraiment violents. Qu’ils frappaient les prisonniers, leur infligeaient des chocs électriques, les poignardaient. Je ne sais quoi d’autre... des choses qui semblaient affreuses. Si vous envoyiez un type là -bas il allait se faire torturer ou peut-être violé ou je ne sais quoi, humilié et brutalisé par les commandos spéciaux pour obtenir une information quelconque. »
Chrétien évangéliste, il habite maintenant à Detroit. Il a parlé au Guardian parce qu’il considère qu’il est de son devoir de croyant de raconter ce qu’il a vu. « Je ne pense pas que les gens ici en Amérique avaient la moindre idée de ce que les soldats américains faisaient, les tortures et tout ça. »
Via Facebook, Twitter et d’autres réseaux sociaux, le Guardian a réussi à entrer en contact avec trois soldats qui ont confirmé qu’ils transféraient les détenus pour être torturés par les Commandos Spéciaux, mais seul Smith s’est déclaré prêt à faire face à une caméra.
« Si quelqu’un se faisait arrêter et que nous le remettions au MoI, il se retrouvait avec des pinces aux couilles, électrocuté, et se faisait tabasser ou violé dans le cul avec une bouteille de coca ou quelque chose de similaire, » a déclaré l’un d’entre eux.
Il a quitté l’armée en septembre 2006. Il a maintenant 28 ans et travaille avec les réfugiés arabes à Detroit et enseigne l’anglais aux nouveaux arrivants, dont des Irakiens.
« Je suppose que c’est ma façon de demander pardon », dit il.
Lorsque le Guardian et BBC Arabic ont transmis des questions à Petraeus au sujet des tortures et de ses relations avec Steele, ils ont reçu en retour la déclaration d’un officiel proche du général : « les information sur le général (à la retraite) Petraeus, y compris les instructions transmises à ses propres soldats... montrent clairement qu’il était opposé à toute forme de torture. »
« le Colonel (à la retraite) Steele était un parmi des milliers de conseillers au sein des unités irakiennes, et travaillait avec la police. Les réunions entre le Colonel Steele et le Général Petraeus n’étaient pas planifiées à intervalles régulières, mais il semble que le Général Pertaeus ait effectivement rencontré le Colonel Steele à plusieurs occasions au cours de la mise en place et du déploiement de la police spéciale, dans lequel le Colonel Steele a joué un rôle important. »
Mais Peter Maass, à l’époque reporter au New York Times, et qui a interviewé les deux hommes, n’est pas de cet avis : « J’ai parlé à chacun, en évoquant de l’autre, et il était très clair qu’ils étaient très proches en terme de commandement et aussi en terme d’idées et d’idéologie sur ce qu’il fallait faire. Tout le monde savait que Steele était l’homme de Petraeus. Steele lui-même se définissait comme l’homme de Petraeus. »
Maass et le photographe Gilles Peress ont obtenu un entretien unique avec Steel dans la bibliothèque transformée en centre de torture de Samarra. Peress raconte « J’ai entendu des prisonniers hurler toute la nuit. A tel point qu’il y avait ce jeune capitaine US qui disaient à ses soldats, ne vous approchez pas, ne vous approchez surtout pas. »
Deux hommes de Samarra qui ont été détenus dans cette bibliothèque ont parlé aux enquêteurs du Guardian. « On était attachés à une grille ou pendus au plafond et nos épaules se déboitaient, » nous a dit l’un d’entre eux. L’autre a dit « Ils m’ont électrocuté. Il m’ont pendu au plafond. Ils me tiraient les oreilles avec des pinces, me piétinaient la tête, me posaient des questions sur ma femme en disant qu’ils allaient l’emmener ici. »
Selon Maass lors d’un entretien pour cette enquête : « Le centre d’interrogatoires était le seul endroit de la mini-zone verte de Samarra que je n’étais pas autorisé à visiter. Mais un jour, Jim Steele m’a dit "Hey, ils viennent tout juste de capturer un djihadiste Saoudien. Ca vous dirait de l’interviewer ?" »
« On ne m’a pas conduit dans la zone principale, un genre de hall principal - mais je pouvais voir du coin de l’oeil qu’il y avait beaucoup de prisonniers là -dedans avec les mains attachées dans le dos - on m’a conduit dans une pièce à l’écart où ils ont emmené le Saoudien, et il y avait du sang qui dégoulinait le long d’un bureau dans la pièce. »
Peress raconte la suite : « Nous étions dans une pièce dans la bibliothèque en train d’interviewer Steele et j’ai jeté un regard autour de moi et j’ai vu du sang partout. Il (Steele) a entendu crier un autre type qui se faisait torturer pendant que nous parlions, et il y avait des tâches de sang sur le coin du bureau devant lui. »
Maass ajoute : « En pendant que cette interview se déroulait avec ce Saoudien et Jim Steele présents dans la pièce, on entendait ces cris terribles, quelqu’un qui criait Allah, Allah, Allah. Mais ce n’était pas de l’extase d’ordre religieux ou quelque chose comme ça, c’était des cris de douleur et de terreur. »
Un des survivants se souvient comment Adnan Thabit « est entré dans la bibliothèque et a dit au Capitaine Dorade et au Capitaine Ali d’y aller mollo avec les prisonniers. Ne leur déboîtez pas les épaules. Parce que certains devaient alors subir une intervention chirurgicale avant d’être libérés. »
Le Général Muntadher a fui le pays après que deux de ses proches collègues aient été assassinés après une convocation au ministère. On a retrouvé leurs cadavres sur un tas d’ordures. Il est parti vers la Jordanie. Moins d’un mois plus tard, dit-il, Steele est entré en contact avec lui. Steele était impatient de le rencontrer et a proposé une rencontre à l’hôtel Sheraton d’Amman où il avait loué une chambre. Ils se sont rencontrés dans le lobby de l’hôtel et Steele l’a fait parler pendant près de deux heures.
« Il me posait des questions sur les prisons. J’étais surpris par les questions et je lui ai rappelé qu’il s’agissait des mêmes prisons où nous avions travaillé ensemble. Je lui ai rappelé l’incident de la porte ouverte et du Colonel Jabr en train de torturer un des prisonniers et comment il n’avait rien fait. Steel m’a dit "mais je me souviens que j’ai dit à l’officier d’arrêter". Alors je lui ai dit "Non, vous n’avez rien fait - vous n’avez pas dit à l’officier d’arrêter. Vous n’avez même pas dit au General Adnan Thabit que cet officier était en train de commettre une violation des droits de l’homme sur ces prisonniers". Il est resté silencieux. Il n’a rien répondu et n’a fait aucun commentaire. Ca m’a étonné. »
Selon le général Muntadher : « Il voulait savoir précisément si j’avais des informations sur lui, James Steele. Si j’avais des preuves contre lui. Des photos, des documents, des choses qui pouvaient prouver qu’il avait commis ces actes en Irak, des actes qu’il craignait me voir révéler. C’était ça l’objectif de sa visite. »
« Je suis prêt à témoigner devant un tribunal international et de les confronter et de jurer que des officiers de haut rang tels que James Steele ont été les témoins de crimes contre les droits de l’homme en Irak. Ils ne les ont pas empêchés et ils n’ont pas puni les auteurs. »
Steele, l’homme, demeure une énigme. Il a quitté l’Irak en septembre 2005 et travaille désormais dans le secteur de l’énergie, après avoir rejoint le groupe de Robert Mosbacher, du Texas, propriétaire de compagnies pétrolières. Jusqu’à présent, Steele est resté là où il aime être - loin des médias. Si Bradley Manning n’avait pas communiqué les millions de documents militaires US à Wikileaks qui ont révélé les violations commises par les Etats-Unis en Irak, il y serait peut-être encore. Les images de lui sont rares. Dans un documentaire télévisé de plus d’une heure sur ses activités, on ne l’aperçoit que dans une séquence qui dure à peine 12 secondes. Steele apparaît à l’image, un vétéran de 58 ans en Irak, il hésite, semble gêné lorsqu’il aperçoit la caméra qui passe.
Il s’éloigne de l’objectif, l’observe du coin de l’oeil d’un air méfiant, puis se retire du cadre.
Mona Mahmood, Maggie O’Kane, Chavala Madlena, Teresa Smith, Ben Ferguson, Patrick Farrelly, Guy Grandjean, Josh Strauss, Roisin Glynn, Irene Baqué, Marcus Morgan, Jake Zervudachi and Joshua Boswell
ORIGINAL avec Vidéos incluses : http://www.guardian.co.uk/world/2013/mar/06/el-salvador-iraq-police-sq...
Traduction "pour en savoir plus, consultez les journaux télévisés. (nan, j’déconne)" par VD pour le Grand Soir avec probablement les fautes et coquilles habituelles.