Franc CFA : Le Guinéen Alpha condé veut sa fin et l'avènement d'une monnaie africaine
Par Ndam Njoya Nzoméné
Cameroon Voice
Même si son pays (la Guinée dite Conakry) ne fait pas partie de la très controversée Zone Franc, le président Guinéen, Alpha Condé, en visite en France depuis le début de la semaine, n'en pense pas moins que l'avènement d'une monnaie Ouest-africaine, et subséquemment d'une monnaie africaine demeure un pré-requis pour la posture en vogue d'une Afrique autonome et panafricaniste que campent la nouvelle génération de ses dirigeants.
Alpha Condé, Président de la Guinée |
« Je suis partisan d'une monnaie dans le cadre de la Cédéao et plus tard d'une monnaie africaine… », a déclaré le Numéro 1 guinéen dans le cadre d'une interview qu'il a accordée mardi dernier, 11 avril, à nos confrères de RFI. Selon le président Condé, il urge que l'Afrique se prenne en main, définisse son propre plan de développement économique et sa propre méthode d'appliquer les principes démocratiques.
Le débat, longtemps entretenu par des experts et l'opinion publique africaine sur la nécessité de se désarrimer des monnaies coloniales en abandonnant le Franc CFA, est donc relancé. Et cette fois-ci, par un chef d'Etat africain, autrement dit, une "voix très autorisée". Jusqu'ici, la plupart de ses homologues ont fait la politique de l'autruche sur la question, de crainte d'effaroucher la France, auteur de cette monnaie coloniale qui, de l'avis de nombreux Africains –spécialistes comme profanes-, ne sert plus visiblement les intérêts de nos économies.
Entre 2016 et début 2017 par exemple, on a dénombré de nombreuses manifestations dans des capitales africaines et européennes (Dakar Abidjan, Bamako, Kinshasa Paris, Bruxelles), exigeant la fin du franc CFA. Evoquant par exemple la question de la mise en place d'une monnaie unique propre aux Etats membres de la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), Félwine Sarr, Professeur agrégé de Sciences Economiques, enseignant à l'Université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal affirmait il y apeu : «L'argument est aussi symbolique et politique. La monnaie est une attribue de souveraineté. Symboliquement, le fait d'avoir une monnaie que nous ne contrôlons pas, n'est pas de l'intérêt de nos économies».
En effet, malgré les aménagements dénominatifs ("Franc de la Communauté Financière d'Afrique » –pour les pays francophones d'Afrique de l'Ouest- et "Franc de la Coopération financière africaine" -pour les pays de la zone Cemac-) apportés à la dénomination originelle de cette monnaie qui à sa création en 1945 signifiait « franc des colonies françaises d'Afrique », les Africains ne sont pas moins sidérés de constater que dans le fond, elle est de facto un facteur d'aliénation de la souveraineté de leurs pays respectifs : les billets du franc CFA sont imprimés à Chamalières, petite ville du Puy-de-Dôme en France, son cours est fixé sur celui de l'euro, 50 % des réserves de change des Banques centrales des États de l'Afrique de l'Ouest et Centrale sont déposées sur un compte du Trésor français… révoltant, non ?