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Le premier ministre canadien donne son plein appui au bombardement américain en Syrie (WSWS)

par SLT 12 Avril 2017, 18:15 Trudeau Canada Collaboration Impérialisme Syrie USA

Le premier ministre canadien donne son plein appui au bombardement américain en Syrie (WSWS)

Le premier ministre libéral Justin Trudeau, son gouvernement et pratiquement tout l’establishment politique et médiatique n’ont pas perdu de temps pour donner leur plein appui au bombardement illégal et incendiaire des États-Unis en Syrie.

L’empressement de l’élite dirigeante à appuyer Washington est une nouvelle preuve de sa détermination à collaborer avec l’administration Trump dans le but d’affirmer les intérêts prédateurs de l’impérialisme canadien à l’échelle mondiale, y compris dans la nouvelle tentative des États-Unis d’opérer un «changement de régime» en Syrie et l’intensification de l’offensive militaire et stratégique contre la Russie.

Jeudi dernier, avant les frappes américaines sur la base d’Al-Shayrat, Trudeau et sa ministre des Affaires étrangères, Chrystia Freeland, réclamaient une «enquête internationale» sur l’attaque à l’arme chimique du 4 avril dans la province d’Idlib, disant qu’il était trop tôt pour dire qui était responsable de l’attaque.

Moins de 24 heures plus tard, Trudeau s’est présenté devant les médias et, sans sourciller, a déclaré que son gouvernement soutenait «entièrement» les tirs de missiles américains parce que le régime syrien «ne pouvait plus continuer» à mener des attaques chimiques «impunément».

Lorsqu’on lui a demandé pourquoi – en l’absence de l’enquête internationale qu’il avait réclamée à peine un jour plus tôt – il était maintenant certain que le régime Assad avait mené l’attaque à l’arme chimique, Trudeau a affirmé que l’administration Trump avait confirmé à Ottawa que le gouvernement syrien était responsable et que cette explication était suffisante pour le Canada.

Trudeau a qualifié les frappes américaines de «limitées et ciblées». De telles affirmations sont ouvertement fausses et visent à cacher à la population l’ampleur de l’implication du Canada dans des actions agressives qui pourraient rapidement mener à un plus grand conflit régional ou même une guerre mondiale.

Le bombardement commandé par Trump sur la Syrie est le résultat de plus d’un quart de siècle de guerres américaines au Moyen-Orient menées pour consolider l’hégémonie de l’impérialisme américain dans la première région productrice de pétrole au monde. Cela risque de mener à un conflit avec la Russie, qui possède l’arme nucléaire et est le plus puissant allié international du régime Assad. Moscou a réagi à l’attaque de la semaine dernière en annulant une entente de coopération avec le Pentagone dans l’espace aérien de la Syrie et en déployant un navire de guerre dans la Méditerranée.

La menace d’un plus vaste conflit n’a pas incité le gouvernement Trudeau à réfléchir sur sa position. Questionné sur la possibilité que le Canada offre son soutien à de prochaines attaques contre les forces du gouvernement syrien, Trudeau a déclaré: «Ce sont des décisions sur lesquelles la communauté internationale devra se pencher aujourd’hui et dans les prochains jours».

La ministre des Affaires étrangères Freeland, pendant ce temps, a vivement critiqué la Russie, l’accusant d’être complice dans la violation des lois internationales, alors que c’est Washington qui vient tout juste d’attaquer la Syrie sans même prétendre avoir cherché l’autorisation des Nations Unies. «La Russie doit faire pression sur Assad pour qu’il fasse le bon choix», a dit Freeland. «La Russie doit se lever et agir. Il est des plus important que la communauté internationale ne soit pas paralysée par ce veto russe (au Conseil de sécurité). Et nous ne le serons pas».

Les propos de Trudeau et Freeland montrent clairement que le Canada se prépare à intensifier ses interventions militaires au Moyen-Orient – où les Forces spéciales canadiennes contribuent actuellement à l’offensive brutale visant à reprendre la ville irakienne de Mossoul et où l’Aviation royale canadienne mène des missions de surveillance en Irak et en Syrie – et contre la Russie en Europe de l’Est.

Des troupes canadiennes seront déployées en Lettonie au cours des prochaines semaines pour diriger un des quatre nouveaux bataillons de l’OTAN dans le but d’encercler et menacer la Russie. Le gouvernement a aussi récemment annoncé que six appareils CF-18 seront déployés en Roumaine en septembre pour participer à des exercices militaires avec ce membre de l’OTAN. Et la semaine dernière, le gouvernement libéral a signé une entente de coopération militaire avec le régime ukrainien d’extrême droite, ouvrant ainsi la voie à la vente d’armes fabriquées au Canada au régime de Kiev.

L’appui de Trudeau pour les tirs de missiles de Trump représente une preuve de plus – bien qu’à ce point-ci cela ne devrait plus être nécessaire – du caractère cynique et fourbe des libéraux qui ont tenté de faire appel aux sentiments antiguerres dans les élections de 2015 en promettant de retirer les avions de chasse canadiens qui bombardaient l’Irak et la Syrie.

Sous Trudeau, le Canada a approfondi sa participation dans les trois principales offensives militaires et stratégiques des États-Unis: au Moyen-Orient et contre la Russie et la Chine.

L’année dernière, le gouvernement avait intensifié et prolongé l’intervention militaire du Canada au Moyen-Orient en triplant le nombre de soldats des Forces spéciales déployés en Irak et en augmentant le nombre d’officiers qui participaient à l’élaboration des plans de guerre en Irak et en Syrie.

Récemment, les libéraux ont prolongé la mission en Irak de trois mois et ont promis pendant ce temps de formuler une proposition pour les opérations canadiennes à long terme dans le pays, incluant des déploiements supplémentaires de troupes.

Le ministre de la Défense Harjit Sajjan et ses conseillers ont signalé qu’ils étaient impatients de coordonner l’intervention de l’armée canadienne avec l’administration Trump. Pour ce faire, Ottawa avait retardé un déploiement de contre-insurrection en Afrique pour attendre que le Pentagone lui assure que les forces canadiennes n’allaient pas être requises ailleurs.

La finalisation des plans à «long terme» pour l’actuel déploiement au Moyen-Orient attendait manifestement la conclusion à laquelle allait arriver l’administration Trump. Même avant le tir de missiles de la semaine dernière, les indices qu’une escalade majeure de l’intervention américaine se préparait étaient nombreux.

Malgré l’appui enthousiaste de Trudeau pour les tirs de missiles de Trump, certains commentateurs médiatiques et l’opposition conservatrice ont critiqué les libéraux pour ne pas avoir suffisamment appuyé et accueilli les opérations de Washington.

Plusieurs commentateurs du National Post ont fait la leçon au gouvernement Trudeau pour sa supposée «réticence» à appuyer l’action de Trump. Celle-ci aurait apparemment été démontrée parce que Trudeau aurait osé soulever brièvement la possibilité d’une enquête internationale pour éclaircir l’attaque présumée au gaz et aurait demandé des efforts multilatéraux pour mettre fin à la guerre en Syrie et la continuer à travers les Nations Unies.

Les tirs de missiles ont également été utilisés comme des arguments pour une augmentation considérable des dépenses militaires que désire l’élite dirigeante depuis longtemps. Les libéraux doivent également annoncer cet été les résultats de leur examen de la politique de défense, après laquelle ils ont promis d’augmenter les dépenses militaires qui se situent actuellement à 1 pour cent du PIB.

Mais pour le Post, qui demande qu’Ottawa double les dépenses militaires à 40 milliards $ par an pour viser les deux pour cent convenus au sommet de l’OTAN en 2014, ceci est tout à fait inadéquat. Un éditorial du Post faisant l’éloge de l’attaque de Trump contre la Syrie a déclaré: «Cela est un autre rappel, comme si un autre était nécessaire, qu’aucun membre de l’alliance occidentale – le Canada évidemment inclus – ne peut se permettre de sous-financer son armée, et, plus généralement, dégrader ses capacités d’agir en concert avec ses alliés à l’étranger.

Au Québec, le Parti Québécois (PQ) indépendantiste s’est joint au gouvernement provincial libéral pour approuver des tirs de missiles et condamner Assad comme un «criminel de guerre».

Le Nouveau Parti démocratique (NPD), les sociaux-démocrates du Canada, a refusé de condamner les attaques illégales de Trump contre la Syrie, affirmant qu’il était trop tôt pour connaître les conséquences d’une pluie de missiles en Syrie. Par contre, il a appuyé tacitement les actions de Washington, en taisant les guerres illégales menées par les États-Unis dans la région, incluant en Syrie, tout en déclarant: «Assad doit être tenu responsable de ces crimes».

Le NPD a appuyé la participation du Canada aux guerres des États-Unis, l’une après l’autre, incluant en 1999 contre la Yougoslavie, l’invasion et l’occupation de l’Afghanistan et la guerre de changement de régime en Libye en 2012.

Roger Jordan

Article paru en anglais, WSWS, le 10 avril 2017

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