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Persécutions et rafles anti-gays en Tchétchénie : les ONG demandent à Moscou de réagir (Bastamag)

par Samy Archimède 16 Avril 2017, 02:42 Tchétchénie Russie Homosexuels Persécutions Ramzan Kadyrov Poutine

Kadyrov (c) AFP

Kadyrov (c) AFP

Après les révélations parues le 1er avril dans le journal russe Novaïa Gazeta sur les graves violences infligées à des homosexuels en Tchétchénie, la Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) interpelle Vladimir Poutine via l’une de ses organisations membres. « Plus de 160 hommes ont été kidnappés, détenus illégalement et torturés. Au moins trois en sont morts », alerte le Centre anti-discrimination Memorial (ADC Memorial). Cette ONG, membre de la FIDH, défend les minorités contre tout type de discrimination dans les républiques de l’ex-URSS. « Il faut protéger les populations et convaincre le Kremlin d’arrêter ces violences », déclare à Basta ! Stefania Kulaeva, directrice de l’ADC Memorial.

Ces crimes auraient été commis dans des lieux de détention illégale, des bâtiment désaffectés appartenant au ministère tchétchène de l’Intérieur, rapporte la FIDH, qui n’hésite pas à parler de « purges de masse ». Les victimes seraient des hommes « suspectés d’homosexualité ». Dans la République tchétchène, membre de la Fédération de Russie, dirigée d’une main de fer par Ramzan Kadyrov depuis une décennie, les gays vivent dans la peur. Les « crimes d’honneur » contre les orientations sexuelles jugées « déviantes » sont encouragés au sein même des familles. Interrogé par l’agence de presse Interfax, le porte-parole du président tchétchène a nié toute implication dans ces crimes. L’homosexualité « n’existe pas dans notre République », a-t-il répliqué.

 

Menace permanente en Russie

Mentor de Ramzan Kadyrov, Vladimir Poutine n’a pas réagi aux réactions internationales suite à ces révélations. Et pour cause : en juin 2013, il a lui-même fait voter une loi anti-gays visant à « protéger les enfants » contre la propagande qui menacerait les « valeurs familiales traditionnelles. » Le résultat a été immédiat : dans les mois qui ont suivi, des centaines d’homosexuels ont demandé l’asile à l’étranger, notamment aux États-Unis. Aujourd’hui, en Russie « ils vivent sous une menace permanente », observe Stefania Kulaeva.

Si cette loi de 2013 est une menace pour la liberté d’expression, elle a aussi développé la répression contre les lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) en Russie. « En réalité, poursuit la directrice de l’ADC Memorial, des gens sont mis en prisons pour n’importe quel type de "comportement déviant". La moitié d’entre eux sont emprisonnés simplement pour avoir consommé de la drogue. Certains sont frappés tous les jours dans les prisons. Frapper un homosexuel, c’est normal dans une prison russe ! »

La FIDH et ADC Memorial en appellent désormais au Conseil de l’Europe et aux Nations Unies afin de « libérer toutes les personnes détenues illégalement en Tchétchénie en raison de leur homosexualité supposée. » Elles demandent aux autorités russes « de garantir la sécurité et l’intégrité de tous et de mener une enquête sur les crimes de masse confirmés par les organisations de défense des droits humains. » De son côté, Amnesty International a lancé le 11 avril une pétition pour mettre fin aux kidnappings et aux assassinats d’homosexuels. Une manifestation est prévue jeudi 13 avril à Paris.

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