Politique de l’OCDE : bipartisme, état d’urgence et référendum
Par Bruno Adrie
Le blog de Bruno Adrie
Dans le Cahier de politique N°13, intitulé « La faisabilité de l’ajustement » publié par le Centre de développement (sic) de l’OCDE et cité par Eric Toussaint dans un article que nous avons déjà évoqué, on trouve ce passage (p.34) déjà mis en exergue par Eric Toussaint qui aborde trois points essentiels, le bipartisme, l’état d’urgence et le référendum :
« Pour qu’un gouvernement ait la marge de manœuvre nécessaire pour ajuster, il doit être soutenu par un ou deux grands partis majoritaires et non par une coalition de petits partis, ce qui conduit à préférer le scrutin uninominal au scrutin proportionnel pour l’élection du parlement (ou pour le moins à conseiller une combinaison des deux modes de scrutin). D’autres moyens permettent de renforcer l’exécutif comme la possibilité de pouvoirs spéciaux temporaires ou un contrôle ex post par le pouvoir judiciaire, afin d’éviter que des juges puissent bloquer ex ante l’application du programme. Le référendum peut être une arme efficace pour un gouvernement dès lors qu’il en a seul l’initiative. ”
On comprend dès lors pourquoi la tête de chien à gros collier de Franz Olivier Giesbert et toute la cohorte des toutous courts sur pattes du chenil néolibéral grognent, en montrant des crocs jaunâtres, contre les petits partis et les petits candidats.
On comprend aussi pourquoi l’état d’urgence peut avoir une utilité particulière puisque permettant de doter l’exécutif de « pouvoirs spéciaux temporaires ». La prétendue tentative d’attentat déjouée récemment à Marseille a-t-elle un rapport avec cette consigne de l’OCDE ? Quelle qu’en soit l’authenticité, elle a ceci d’utile qu’elle permet d’entretenir un climat de terreur larvée, en rendant manifeste un danger sous-jacent qui peut servir à préparer les esprits à l’application de mesures exceptionnelles dans le cas où une autre action criminelle échapperait à la surveillance des services de police, produisant son lot de victimes ainsi qu’un effet dévastateur dans les esprits, pendant la période des élections.
En effet, on pourrait, sans tomber dans le conspirationnisme, comprendre parfaitement l’utilité, après coup, d’un événement qui permettrait de suspendre le processus électoral à partir du moment où celui-ci commencerait à échapper pour de bon au contrôle que les puissants accapareurs exercent sur lui depuis des décennies.
Enfin, la référence à la mise en place d’un référendum dont l’exécutif aurait seul l’initiative fait penser à celui projeté par l’arriviste de carrière psychorigide et apprenti manipulateur satisfait François Fillon devant un parterre de patrons le 10 mars 2016 dans le but de « maintenir un état de tension dans le pays » après la période électorale et de « rendre très très (bis) difficile la contestation sociale » que craignent tant ces mêmes patrons durant la période de rentrée.
On ne peut que remercier l’OCDE d’avoir publié ce document pour mieux nous faire comprendre que les puissants, réunis en cénacles divers, se méfient d’un système parlementaire qui les sert mais avec trop de lenteur et qu’ils rêvent de le remplacer par un Etat autoritaire qui musellerait l’expression populaire, accélérerait les processus législatifs, et permettrait aux accapareurs de continuer de pomper le sang des nations et d’entasser leurs profits illégitimes bien à l’abri d’institutions entretenues pour le petit nombre.
Un rêve qui rappelle celui des années 30 en France et en Allemagne.
Bruno Adrie