En plus de la crise permanente de la zone euro, des nuages politiques et économiques menacent d’assombrir encore davantage le continent européen.
Avec le Brexit, de nombreuses banques pourraient quitter Londres et lui faire perdre son statut de principal centre créancier et financier de la communauté européenne. Un tel scénario coïncide justement avec les projets de réforme de l’UE du nouveau président français Emmanuel Macron. Les capitaux des banques qui quittent les îles britanniques au profit du continent pourraient servir à réaliser ses idées, notamment son grand plan d’investissement.
La semaine prochaine, le nouveau locataire de l’Élysée se rendra en visite à Berlin. L’entretien de Macron avec la chancelière allemande Angela Merkel constituera une première tentative de réformer l’UE à la nouvelle manière française, alors que le sort du secteur financier de la capitale britannique est déjà activement débattu sur le champ aussi bien banquier que politique de l’UE. L’Allemagne est déjà prête à accueillir les banques qui décideraient de « délocaliser » sur le continent leurs bureaux et leur personnel.
Cette question sera critique pour le secteur bancaire de Londres après la sortie du Royaume-Uni de l’UE en mars 2019, car les banques auront besoin d’une licence de l’UE si elles ont l’intention de poursuivre les transactions financières avec les 27 membres de la communauté. Mais les circonstances poussent à y réfléchir d’avance. Et pas seulement à Francfort, mais également à Paris et à Dublin. Dans le même temps, certaines grandes banques mettent en garde contre les risques de transfert des compensations, qui pourrait être dangereux pour la stabilité financière. Par conséquent, il ne faut pas s’attendre à court terme à ce que le secteur financier de l’UE soit plus prévisible.
On peut dire la même chose des plans de réforme de Paris, dont il est évident qu’ils resteront sur papier en l’absence d’un soutien de Berlin.
Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a annoncé hier que sa vision du renforcement de la zone euro coïncidait avec celle de Macron. Et il a proposé d’utiliser le Mécanisme européen de stabilité (MES) pour contrôler les budgets des pays de l’UE. Aujourd’hui c’est une prérogative de Bruxelles mais en cas du transfert du MES, dirigé par le représentant allemand, le secteur financier et budgétaire de l’UE sera de facto contrôlé par Berlin.
Nezavissimaïa gazeta