La sauvage agression du Yémen par l’Arabie Saoudite se déroule depuis mars 2015 dans l’indifférence générale des pays occidentaux pourtant ardents à donner des leçons de morale au monde entier pour dénoncer les crimes des Etats auxquels ils sont hostiles, voire dont ils veulent changer les dirigeants, qui ne répondent pas à leurs critères, par la force des armes, en dehors de toute légalité internationale. Une hypocrisie odieuse marque leur politique qui n’est, en fait, que celle décidée à Washington.
Les crimes contre l’humanité commis par la coalition menée par l’Arabie Saoudite au Yémen pour remettre au pouvoir son candidat ont détruit toutes les infrastructures vitales du pays : barrages, eaux, hôpitaux, électricité, infrastructures routières, aériennes et portuaire, et tué des milliers de civils dont de nombreux enfants car leurs frappes semblent vouloir non seulement détruire le pays berceau de l’arabisme et de ses cultures séculaires, mais aussi atteindre le moral des habitants à la manière nazie. Tous les experts militaires savent que les combattants yéménites ont montré depuis toujours qu’ils sont bien plus expérimentés, patriotes et courageux que les mercenaires de l’alliance saoudienne qui accumulent les échecs tactiques sur le terrain. L’Arabie désormais frappée sur son propre sol par des représailles yéménites ne peut gagner cette guerre mais continue à déverser chaque jour des tonnes de bombes par des frappes aériennes pour détruire un pays qui est le symbole de l’inverse de sa brutalité, de son sectarisme religieux et de sa barbarie.
Donald Trump qui avait promis tout au long de sa campagne de mettre un terme à l’interventionnisme militaire américain en se rapprochant de la Russie et de la Syrie notamment, fait exactement le contraire depuis son intronisation, sans doute repris en main de force par l’oligarchie qui gouverne en réalité les Etats-Unis. Il a frappé la Syrie sans avoir attendu qu’une enquête se déroule sur les accusations infondées d’emploi de l’arme chimique à Khan Cheikhoune, envoyé une escadre en mer de Chine comme pour attaquer la Corée du Nord au risque de déclencher une guerre nucléaire mondiale.
Ces rodomontades dangereuses s’accompagnent au Yémen d’un renforcement du soutien militaire à l’Arabie Saoudite et de l’augmentation des frappes de drones, soi-disant contre Al Qaïda mais qui touchent souvent des Yéménites qui n’en sont pas membres. Il accomplit ainsi les promesses qu’il a faites au roi Salmane, venu le rencontrer à Washington, de continuer et même de renforcer l’alliance du Pacte du Quincy.
La Grande-Bretagne et la France, si promptes à donner des leçons de morale au monde, non seulement ne dénoncent pas ces crimes dont pâtit atrocement la malheureuse population civile du Yémen, mais participent au soutien en armement de la monarchie wahhabite.
Le Yémen est un pays dont les richesses culturelles et patrimoniales ont été vantées au cours des siècles par tous les voyageurs et les orientalistes français et britanniques. Les historiens comme le Français, Jacques Benoist-Méchin, ont décrit avec émotion le raffinement qui a toujours marqué la culture yéménite qui est, en fait, le berceau de toute la culture arabe et l’origine des migrations qui peuplèrent la péninsule. Ce patrimoine exceptionnel est en train d’être détruit par la barbarie saoudienne, avec l’appui de l’Amérique et de ses valets. C’est un scandale qui restera dans l’Histoire.
La nomination récente de l’Arabie Saoudite à la Commission de la condition féminine à l’ONU est une insulte totale, un déni de bon sens, et ridiculise l’organisation internationale.
Alain Corvez
Conseiller en stratégie internationale