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Après sa visite à Oradour sur Glane, le chef de guerre Macron reçoit Ouatara dont les troupes sont mises en cause pour le massacre de Duékoué en mars 2011 [Vidéos]

par SLT 11 Juin 2017, 09:50 Macron Ouattara Duékoué Elysée Massacre Oradour-sur-Glane Françafrique Côte d'Ivoire France Articles de Sam La Touch

Macron avait fait la leçon à Poutine lors de la réception au Château de Versailles, refusant de l'accueillir à l'Elysée sous prétexte qu'il n'était pas fréquentable. Il a reproché ouvertement à Poutine sa politique en Syrie et en Crimée ainsi que le rôle des médias russes dans la campagne présidentielle française.

Pourtant ce dimanche il doit recevoir à l'Elysée, Alassane Ouattara installé par les troupes françaises en Côte d'Ivoire sous Sarkozy en avril 2011.

"Si cette première entrevue officielle sera l’occasion de dresser un bilan des relations entre les deux pays, plusieurs dossiers sécuritaires et économiques devraient aussi être abordés, selon une source diplomatique en poste à Abidjan. Parmi eux, celui du train urbain d’Abidjan, porté par un consortium dont fait notamment partie l’entreprise française Bouygues. Un projet d’environ 1,5 milliard d’euros actuellement bloqué, et que Paris aimerait voir avancer. Selon une source au ministère français des Affaires étrangères, la Côte d’Ivoire pourrait également solliciter un appui budgétaire auprès de la France". (JAI)

L'ex-chef de guerre français Sarkozy s'était vanté d'avoir installé Ouattara au pouvoir : "On a sorti Gbagbo, on a installé Ouattara, sans aucune polémique".
Pourtant, durant leur progression dans le pays, les troupes d'Alassane Ouattara ont commis un massacre à caractère génocidaire à Duékoué entre le 27 mars et le 29 mars 2011 soutenues dans leur progression sur Abidjan par l'armée française.

Le documentaire de la Rai 3 ("Côte d'Ivoire : la France dans la tourmente") revient sur les terribles massacres à caractères génocidaires perpétrés à Duékoué (voir la vidéo vers 25'00) par les troupes de Ouattara sous les yeux de l'ONU et avec le soutien de la Force Licorne. Il s'agit des plus grands massacres commis durant la guerre en Côte d'Ivoire et les principaux responsables soutenus par la France et l'ONUCI n'ont jamais été inquiétés.

Comme pour ses prédécesseurs, cela ne semble poser aucun problème au nouveau chef de guerre français. Particularité temporelle bien mal venue, il est allé se recueillir la veille à Oradour sur Glane pour dénoncer le massacre commis par les nazis durant la seconde guerre mondiale. Il a déclaré le 10 juin 2017 lors de sa visite:
" « J’ai voulu que vous deveniez, vous aussi, des témoins », « Le plus jeune (…) avait 8 jours » a rappelé le président de la République, avant de s’adresser aux écoliers. « J’ai voulu que vous deveniez, vous aussi, des témoins », a-t-il dit, des « passeurs » de mémoire et plus encore, des « consciences », après avoir « vu ces lieux de vos yeux » et « serré la main du dernier survivant » du massacre, Robert Hébras, 91 ans.

Il a également déclaré aux 500 écoliers convoqués à Oradour-sur-Glane pour l'occasion :
Vous êtes les « dépositaires » des valeurs humanistes de la France.

Et le lendemain, 11.06.2017,  il reçoit en grande pompe à l'Elysée, le président Ouattara dont les troupes sont accusées d'avoir commis un massacre génocidaire à Duékoué. N'y aura-t-il jamais de "dépositaires" des mémoires des massacres commis en Afrique sous influence française à l'Elysée et dans les écoles ? N'y aura-t-il jamais aucune polémique comme le prétendait l'ex-chef de guerre Sarkozy ? Veut-on cultiver une hypermémoire des massacres subis par le peuple de France et une amnésie de ceux commis en Afrique avec le soutien quasiment de tous les gouvernements successifs de la Vème République (voir plus bas) ?

La conception macronienne des valeurs humanistes n'est-elle in fine qu'adressées aux Français ?  Le village de Duékoué fut de toute évidence un Oradour-sur-Glane pour un certain nombre d'Ivoiriens où la barbarie des troupes de Ouattara se déchaîna contre une communauté connue pour soutenir le leader panafricaniste et président Laurent Gbagbo. Selon les chiffres officiels, il y aurait eu des centaines de morts.

"L’avancée des Forces républicaines, fidèles à Alassane Ouattara, s’accompagne de massacres de grande ampleur s’inquiète Amnesty international, en particulier dans l'Ouest, à Duékoué,  où le Comité international de la croix rouge parle de 800 morts. Selon Amnesty certains des actes commis par les hommes armés des deux camps, en particulier les Forces pro-Ouattara, sont des crimes de guerre..."  RFI Côte d'Ivoire : Amnesty international et le CICR dénoncent des massacres de très grande envergure dans l'Ouest ivoirien

Pourtant l'impunité règne pour les miliciens pro-Ouattara qui ont commis ces crimes puisque les présumés responsables n'ont pas été jugés devant la CPI et l'enquête ivoirienne ne semble guère avancer. Elle était "au point mort" en 2013 selon RFI.

Le nouveau chef de guerre des Français ne semble pas faire grand cas de cette affaire, comme les précédents au demeurant. En recevant Ouattara à l'Elysée, peu avoir été intronisé, il montre qu'il n'a cure des valeurs humanistes universelles soit disant issues de la philosophie des Lumières et de la Révolution française. En cette matière, devient-il culturaliste dès que l'on parle des intérêts français en Afrique et de la Françafrique ? Il reçoit Ouattara en grande pompe à l'Elysée tandis que Poutine s'était vu refuser son entrée pour être cantonné dans une réception monarchique à Versailles. De manière ouvertement provocatrice, on serait en droit de se demander si il faut être mis en cause pour un massacre à caractère génocidaire en Afrique pour être reçu par le nouveau chef de guerre des Français à l'Elysée ?
Certes la question est provocatrice et discutable, mais que doivent penser les familles françaises ou ivoiriennes des victimes de Duékoué en voyant ce spectacle ? Elles seront sans doute aussi outrées que les Comoriens des Kwassa-Kwassas.

"Du Comorien" et de l'Ivoirien ?


En tous les cas cela fait quelque peu désordre lorsque l'on prétend dénoncer les crimes contre l'humanité des nazis à Oradour-sur-Glane. Quant à la couverture médiatique française sur ce fait elle a bien existé même si une grande partie des médias traditionnels de l'hexagone ont souvent été le fer de lance de la politique sarko-ouattariste en Côte d'Ivoire. Récemment, une journaliste française de Médiapart, Fanny Pigeaud, a déclaré que "les médias français portent une lourde responsabilité dans les dix ans de crise en Côte d'Ivoire" :

"La France a joué un rôle important dans la crise politico-militaire qu’a vécue la Côte d’Ivoire de 2002 à 2011. La majorité des médias français ont cependant masqué cette réalité, reprenant sans distance le discours officiel français sur le président de l’époque, Laurent Gbagbo, et son successeur Alassane Ouattara. Avec des conséquences importantes : « Le traitement partisan de nombreux médias français a eu une incidence majeure : brouiller la réalité », estime Laurent Bigot, ancien sous-directeur chargé de l’Afrique de l’Ouest au ministère français des affaires étrangères. Peu d’acteurs l’admettent publiquement. Plusieurs journalistes interrogés par Mediapart ont d’ailleurs demandé à rester anonymes. Il faut dire que flotte dans l’air un parfum de raison d’État."

 

Mais Médiapart, à l'époque a-t-il fait exception à la règle ? Dans le régime de la Vème, les médias n'ont que peu accès aux Affaires étrangères et à l'exécutif dès lors que ces affaires ne sont que peu discutées devant le Parlement. Le régime français n'est pas démocratique et ses chefs de guerre successifs cautionnent ou soutiennent les pires massacres à caractère génocidaire (ou génocide selon les cas) :au Cameroun (1956-1971), au Rwanda en 1994, au Congo-Brazzaville (1997-1999), en Côte d'Ivoire en 2011, en Libye en 2011...!

La commémoration du massacre d'Oradour-sur-Glane doit permettre de dire "plus jamais ça" pour tous les peuples et non simplement pour le peuple français ! A moins d'avoir une conception sélective des droits de l'homme dans une culture néocoloniale ? La banalisation des crimes et le racialisme aident parfois certains à tenir face à l'horreur. Mais c'est l'envers du projet universaliste des droits de l'homme que semble mettre en exergue la position paradoxale de Macron sur la Côte d'Ivoire le lendemain de son discours humaniste à Oradour-sur-Glane. Prenons garde à ce que le racialisme ne se transforme en racisme.

(c) AFP

(c) AFP

L'article 7 de la CPI définit onze actes constitutifs de crimes contre l'humanité, lorsqu’ils sont commis « dans le cadre d'une attaque généralisée ou systématique dirigée contre toute population civile et en connaissance de l'attaque » :

  • le meurtre ;
  • l'extermination ;
  • la réduction en esclavage ;
  • la déportation ou le transfert forcé de population ;
  • l'emprisonnement ou autre forme de privation grave de liberté physique en violation des dispositions fondamentales du droit international ;
  • la torture ;
  • le viol, l'esclavage sexuel, la prostitution forcée, la grossesse forcée, la stérilisation forcée ou toute autre forme de violence sexuelle de gravité comparable ;
  • la persécution de tout groupe ou de toute collectivité identifiable pour des motifs d’ordre politique, racial, national, ethnique, culturel, religieux ou sexiste, ou en fonction d’autres critères universellement reconnus comme inadmissibles en droit international, en corrélation avec tout acte visé dans le présent paragraphe ou tout crime relevant de la compétence de la Cour ;
  • la disparition forcée de personnes ;
  • le crime d'apartheid ;
  • d'autres actes inhumains de caractère analogue causant intentionnellement de grandes souffrances ou des atteintes graves à l’intégrité physique ou à la santé physique ou mentale.
     

Statut de Rome sur le site de la Cour pénale internationale

 

À la lumière de l’article 7 et des textes qui le précèdent, trois grands principes de droit international peuvent être dégagés qui régissent le crime contre l’humanité : il peut être commis en tout temps (en temps de guerre extérieure ou intérieure comme en temps de paix) ; il est imprescriptible ; personne ne peut échapper à la répression, des chefs de l’État aux exécutants (article 27 du Statut). Le crime contre l'humanité consacre donc une certaine primauté du droit international sur le droit national par sa nature même, puisqu'il peut s’agir aussi bien d’agissements légaux qu'illégaux dans le pays concerné. Ce qui peut être déclaré légal par un certain régime peut devenir illégal compte tenu de la législation de la justice pénale internationale. (Wikipedia)

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