Côte d'Ivoire : Accusé d'impatience, Soro s'en prend à Emmanuel Macron et critique la gestion de l'armée par Ouattara
Par Ndam Njoya Nzoméné
Cameroon Voice
Décidément, Guillaume Soro est un personnage atypique. Qui doit avoir, chevillé au sang, l'art de ne jamais faire les choses comme il faut. A 30 ans déjà, un âge où on clame encore son innocence, il accepte de servir de paravent au marionnettiste Alassane Ouattara, initiateur d'une sanglante rébellion soutenue par la France (de droite et de gauche) qui durera (neuf ans) jusqu'en 2011 et se solda par le renversement -tout ce qu'il y a de spectaculaire- du président légitimement élu de Côte d'Ivoire, Laurent Gbagbo, non sans avoir été émaillé de milliers de morts, de la paralysie de l'économie et de destructions de toutes sortes (dispositif aérien de l'armée détruit par l'aviation française en représailles d'une soi-disant agression des soldats français de la force d'interposition dont il a été depuis établi qu'elle ne fut jamais qu'un grossier montage pour servir de prétexte à une France chiraquienne désireuse de faire valoir ses muscles), destruction du siège de la présidence et autres cochonneries du même acabit.
Aujourd'hui en froid avec son mentor Ouattara -malgré ses dénégations- dont il tirerait les ficelles de la déstabilisation à petits feux -par mutins et ex-rebelles démobilisés interposés, selon ses contempteurs- et dont les proches voient d'un très mauvais œil qu'il puisse se positionner en dauphin –en guise de rémunération des sévices rendus à la Côte d'Ivoire- dans la perspective de l'élection présidentielle de 2020 à laquelle ledit Ouattara a annoncé ne pas vouloir prendre part, Guillaume Soro vient de se signaler, à travers une interview accordée au magazine d'informations économiques américain "Bloomberg Businessweek", par sa propension à violer toutes les règles de bienséance et de protocole, en s'attaquant non seulement à Ouattara qui, même s'il n'est au fond que son ancien complice, n'en demeure pas moins le président de la Côte d'Ivoire, ce qui implique qu'on ne peut pas en parler sans une once de réserve langagière, mais aussi à Emmanuel Macron, le nouveau président français, qu'il accuse d'être un homme pressé... (d'arriver au pouvoir, ndlr).
Les primes payées aux mutins jugées illégitimes ( !) par l'ancien chef des voyous
En effet, dans son entretien de dimanche dernier avec Bloomberg, l'ancien chef rebelle campe la posture d'un distributeur de bons et mauvais points vis-à-vis de Ouattara qui, du coup, est considéré comme son disciple. Aussi, s'il affirme que la dernière mutinerie qui a obligé l'Etat ivoirien à débloquer la rondelette somme de 42 milliards (à raison de 5 millions par mutin dont le nombre total est estimé à 8400 têtes) aura été une humiliation pour Ouattara, pour lui et pour les institutions, il s'empresse de décerner un brevet de mauvaise gestion de crise militaire au chef des institutions ivoiriennes qui n'aurait jamais dû, selon lui, céder à ces revendications que le Jonas Savimbi de l'Afrique de l'Ouest juge du reste « illégitimes ». "Je peux seulement noter que nous sommes méprisés… C'est une humiliation pour nous : l'État, le président, moi-même et les institutions" a affirmé celui qui avait été indexé en 2016 par des experts de l'Onu pour avoir profité de la crise postélectorale de 2010-2011 pour se fournir en armes de guerre (environ 300 tonnes métriques d'armes et de munitions), et dont des observateurs avisés disent qu'il a toujours une main mise incontestable sur une grande partie des éléments des forces armées prêts à lui obéir au cas où…, quoiqu'il nie –du bout des lèvres ?- toute intention de poignarder dans le dos un Alassane Ouattara envers qui il aurait « toujours démontré » sa « loyauté ».
Aujourd'hui en froid avec son mentor Ouattara dont il tirerait les ficelles de la déstabilisation à petits feux, et dont les proches voient d'un très mauvais œil qu'il puisse se positionner en dauphin –en guise de rémunération des sévices rendus à la Côte d'Ivoire- dans la perspective de l'élection présidentielle de 2020 à laquelle ledit Ouattara a annoncé ne pas vouloir prendre part, Guillaume Soro vient de se signaler, à travers une interview accordée au magazine d'informations économiques américain "Bloomberg Businessweek", par sa propension à violer toutes les règles de bienséance et de protocole |
Une loyauté qui s'écorne quand il commence à remettre en cause la gestion de l'armée par son chef qu'est justement Ouattara, en s'exemptant de toute responsabilité dans les dérives récentes : « Même si j'avais laissé une armée mal disciplinée, des choses auraient pu être faites au cours des cinq dernières années pour améliorer », a affirme Soro, pour qui « Les causes (des mutineries, ndlr) doivent être trouvées dans la vie quotidienne des soldats », manifestement inoccupés, donc oisifs, et mal encadrés par le chef des armées et le Haut commandement militaire ivoirien. Pas besoin de savoir lire entre les lignes pour comprendre que celui qui est accusé par de nombreux Ivoiriens comme l'assassin de son ancien compagnon de rébellion, Ibrahim Koulibaly (alias IB) trouve que celui qu'il a contribué à hisser à la tête de l'Etat ivoirien n'est qu'un fantoche, incapable de juguler une insurrection militaire. Et la messe fut dite !
Des lèvres de Soro, Emmanuel Macron en prend gratuitement pour son grade "d'impatient" et "d'homme pressé"
Sauf que Guillaume Soro n'est pas homme à s'arrêter en si bon chemin. Aussi a-t-il saisi le prétexte d'une question de son interviewer sur ses ambitions présidentielles pour régler ses comptes à ceux qui le qualifient "d'homme pressé" qui voudrait ravir la vedette aux vieux crocodiles du marigot politique ivoirien en fourbissant ses armes pour succéder à Ouattara en 2020, en guise de retour d'ascenseur : "Quand on me dit que je suis impatient, je suis choqué. "Entre Emmanuel Macron, qui est président de la France à l'âge de 39 ans, et moi-même, qui ai 45 ans et pas encore président, qui est impatient? J'ai commencé mon engagement politique et syndical en 1991 ».
Pas besoin de savoir lire entre les lignes pour comprendre que celui qui est accusé par de nombreux Ivoiriens comme l'assassin de son ancien compagnon de rébellion, Ibrahim Koulibaly (alias IB) trouve que celui qu'il a contribué à hisser à la tête de l'Etat ivoirien n'est qu'un fantoche, incapable de juguler une insurrection militaire. |
Il s'en est fallu de peu que le speaker du parlement ivoirien ne rappelle qu'à l'époque où il entamait à 19 ans son "engagement syndical", l'actuel président français tétait encore maman Macron. Mais pourquoi diantre cet exemple particulier, alors que plus près de lui, Joseph Kabila a accédé au pouvoir en Rdc à 29 ans et 7 mois, et Mohamed VI au Maroc à 35 ans et 11 mois, ce qui ferait d'eux des gens tout à fait plus impatients et plus pressés que Macron ?. Si pour beaucoup, le mystère que recèle cette comparaison semble résider dans l'inclination pathologique du nègre ivoirien à copier son maître français, il n'en demeure pas moins qu'il augure une volonté de parricide : Soro tirerait en réalité les ficelles de la renonciation de l'actuel potentat ivoirien à la confiscation du pouvoir, dans le but de lui succéder, au détriment de l'allié PDCI qui se voyait déjà calife en -2020- à la place du calife Ouattara avec qui il travaille dans le cadre d'un soi-disant RHDP. Copiage pour copiage, il n'y a qu'à voir comment l'outsider Macron a ravi le pouvoir à tous ces manuel Valls qui, pour avoir dîné avec Hollande, le leur croyait acquis après que celui-ci y eut renoncé pour déficit de popularité.
Soro tirerait en réalité les ficelles de la renonciation de l'actuel potentat ivoirien à la confiscation du pouvoir, dans le but de lui succéder, au détriment de l'allié PDCI qui se voyait déjà calife en -2020- à la place du calife Ouattara avec qui il travaille dans le cadre d'un soi-disant RHDP. |
Comme quoi, en Côte d'Ivoire, l'alternance s'annonce plutôt chaud devant. A vos armes, prêts, guerroyez !