Alors qu’au début du mois de mai, Donald Trump a approuvé la fourniture d’armes aux milices kurdes YPG (Unités de protection du peuple kurde) qui combattent le groupe Etat islamique (Daesh) en Syrie, faisant fi de la Turquie qui les considère comme des terroristes, les relations pourraient fortement se tendre entre Ankara et Washington, mais également avec Stockholm, voire même plus largement les Occidentaux. Selon le journal turc Anadolu, les militants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) – interdit en Turquie – auraient en effet reçu des armes occidentales destinées initialement aux YPG.
Le quotidien, se référant à des sources militaires, affirme que certaines des armes fournies par les pays occidentaux aux Kurdes syriens des YPG dans le but de lutter contre Daesh dans le nord de la Syrie, auraient été transportées en Turquie par la suite et remises aux militants du PKK.
Toujours selon le journal, durant des opérations antiterroristes dans les provinces de Sirnak et de Hakkari (au sud-est de la Turquie), des militaires turcs ont en effet mis la main sur des fusils d’assaut américains M-16, des obus pour mortiers de 60 mm et deux systèmes de missiles antichar TAS de production suédoise. Anadolu affirme encore que des armes en provenance du district de Sinhar (Irak) et de la zone du mont Karachok, dans la province de Hassaké, dans le nord-est de la Syrie ont été livrées aux rebelles kurdes en Turquie.
L’agence note que ces opérations contredisent aux engagements des pays occidentaux à empêcher les tentatives d’utilisation contre la Turquie des armes livrées en Syrie. « Suite aux actions de l’Occident, les militants des YPG ont concentré dans leurs mains une quantité d’armes qui suffit à équiper une petite armée », souligne encore le quotidien.
Partenaire stratégique des États-Unis dans la région et deuxième armée de l’Otan par son effectif, la Turquie avait d ‘ores et déjà vivement réagi à la récente décision américaine d’armer les milices kurdes YPG. Ankara considère en effet ces dernières comme la filiale syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), engagé dans une lutte armée contre les forces turques depuis 1984. La Turquie redoutait d’ores et déjà que les armes livrées puissent un jour être utilisées par les rebelles du PKK contre son armée.
Il y a à peine plus de quinze jours, un responsable américain avait indiqué sous couvert de l’anonymat que le financement « pour fournir une aide aux YPG » avait été approuvé ». « L’approbation prend effet immédiatement mais les délais pour les livraisons d’armes sont à préciser », avait-t-il ajouté. Quant aux montants en jeu …. rien n’avait filtré à ce sujet. De même que le type d’armes qui seront fournies pour tenter de reprendre Raqa, le bastion de Daesh, situé en Syrie (EI).
Le président américain a autorisé le Pentagone à «équiper» les milices kurdes «autant que nécessaire pour remporter une nette victoire sur Daech» dans cette ville, avait confirmé à la suite le porte-parole du Pentagone Jeff Davis. L’administration Trump a finalement tranché dans le sens des conclusions mises en avant depuis des mois par la Défense US, selon lequel les milices kurdes seraient le seul allié en Syrie capable de mener rapidement l’assaut contre Raqqa en vue de porter un coup décisif au groupe Etat islamique. Les milices kurdes et leurs alliés arabes ont réalisé la plus grande partie des avancées contre Daesh, avec le soutien des frappes aériennes de la coalition et de conseillers militaires américains.
L’administration américaine s’était jusqu’à présent toujours retenue d’aller contre l’avis de la Turquie, pays membre de l’Otan. Ankara considère en effet les YPG comme la branche syrienne des séparatistes kurdes de Turquie du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), organisation séparatiste qui livre une violente lutte armée contre les autorités turques depuis 1984, classée comme « terroriste » par la Turquie et ses alliés occidentaux.
«Les YPG sont le fer de lance de la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS)», a tenu à préciser Jeff Davis. Ajoutant que Washington était « pleinement conscients des inquiétudes des Turcs pour leur sécurité».
Quelques heures avant l’annonce sur la fourniture d’armes aux YPG, le secrétaire américain à la Défense Jim Mattis avait déclaré à Copenhague que les Etats-Unis allaient associer la Turquie aux opérations militaires menées en vue de reprendre Raqa.
«Notre intention est de collaborer avec les Turcs, les uns aux côtés des autres, pour prendre Raqqa», a déclaré Jim Mattis lors d’une conférence de presse tenue à l’issue d’une réunion des principaux pays de la coalition contre Daesh.
Sources : AFP, RFI, Le Parisien, Anatolu
Elisabeth Studer – 29 mai 2017 – www.leblogfinance.com