Selon le Wall street journal du 18 juin, Israël a régulièrement fourni aux groupes armés anti-Assad des fonds, de la nourriture, du carburant et des médicaments. Et ce, pendant des années, à sa frontière, dans le cadre d’un engagement secret dans la guerre syrienne, son ennemi de quarante ans, afin de mettre en place une zone tampon peuplée de forces « amies ». Comme elle l’a fait avec la zone tampon qu’elle avait confiée aux milices supplétives au Liban du Sud de 1978 à 2000. Année où la résistance libanaise avait libéré toute cette zone.
Selon les témoins interviewés (combattants anti-Assad) par le WSJ, l’armée israélienne est en communication régulière avec les groupes « rebelles ». Son assistance inclut des paiements secrets aux commandants qu’ils utilisent pour payer les combattants et pour l’achat d’armes et de munitions. Israël a établi une unité militaire qui supervise le soutien en Syrie – un pays avec lequel il est en état de guerre depuis quarante ans – et a consacré un budget spécial pour cette aide, selon une personne proche des militaires israéliens.
Israël a reconnu avoir traité quelque 3000 blessés syriens, dont de nombreux combattants, dans ses hôpitaux depuis 2013 et avoir apporté une aide humanitaire comme du ravitaillement et des vêtements aux civils proches de la frontière pendant l’hiver. Mais les interviews avec une dizaine de rebelles et trois personnes proches d’Israël révèlent que l’engagement du pays est beaucoup plus important et mieux coordonné qu’on ne le savait auparavant, et qu’Israël finance les membres armés de l’opposition près de sa frontière depuis des années.
« Israël a été à nos côtés de façon héroïque », dit Moatasem al-Golani, porte parole du groupe rebelle Fursan al-Joulan (Les Chevaliers du Golan). Nous n’aurions pas survécu sans l’aide d’Israël ».
Le groupe Fursan al-Joulan dirigé par le commandant « Abu Suhayb » n’est pas lié à l’Armée libre syrienne soutenue par les Occidentaux, et dont il ne reçoit aucun financement ni armes. Selon un des responsables interrogés, l’argent passe par la frontière et serait destiné à l’aide humanitaire. Cependant, les rebelles interviewés reconnaissent que ces fonds servent à payer les salaires des combattants et à acheter des armes et des munitions. Israël s’est refusé à tout commentaire sur ce point. En juin 2017, les rebelles syriens reconnaissaient recevoir des fonds d’Israël depuis quatre ans.
Un groupe affilié à Daech a réussi à contrôler un territoire dans le sud du Golan syrien. L’année dernière, ses combattants se sont affrontés sporadiquement avec les rebelles et ont échangé des tirs avec les forces israéliennes. L’armée israélienne est occasionnellement intervenue dans la guerre syrienne en lançant des attaques aériennes pour arrêter des convois d’armes iraniens suspectés d’être destinés au Hezbollah, au Liban. En janvier 2015, une frappe aérienne israélienne a tué des combattants du Hezbollah et un général de la Garde révolutionnaire islamique iranienne, près de Quneitra, sur le Plateau du Golan. En mars 2017, Israël a opéré des frappes aériennes en Syrie.
Selon Ehud Ya’ari, un spécialiste d’Israël au Washington Institute, l’opération actuelle dans le Golan, baptisée « Le bon voisinage », a été lancée par le ministre de la Défense Moshe Ya’alon et a été poursuivie par son successeur, Avigdor Lieberman. Fursan al-Joulan a pris contact avec les autorités militaires israéliennes en 2013. Le soutien financier et autres aides ont suivi. Le groupe dispose d’environ 400 combattants dans la province de Quneitra, renforcés par d’autres groupes rebelles dans le Golan qui reçoivent, également, une aide israélienne, selon le commandant Abu Suhayb. Certains de ces groupes sont affiliés à l’Armée libre syrienne, ou reçoivent des fonds et des armes des Occidentaux.
Au total, il y a à peu près 800 combattants rebelles dans une zone couvrant une dizaine de villages où vivent des milliers de civils. Nombre de combattants et de villageois dépendent de l’aide israélienne et sont obligés de coopérer avec Israël.
Dès la publication de l’article du Wall Street Journal, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu a démenti avoir apporté une aide financière, médicale, en fuel ou en nourriture, mais reconnu l’assistance humanitaire « à des garçons et à des filles », tout en soulignant le coût de l’opération. Il a fait cette déclaration lors de sa visite organisée au Ziv Medical Center, à Safed, où plus de 2000 Syriens blessés dans la guerre civile ont reçu des soins.