Mort de Pierre Verbrugghe, la source du scoop du Rainbow Warrior
Arrêt sur images
Le jour où il nous parla, au restaurant d'un hôtel proche du ministère de l'Intérieur
Pierre Verbrugghe, ancien directeur général de la police nationale de 1983 à 1987, est décédé le 4 juin dernier, à l'âge de 88 ans. Pour Arrêt sur images, Georges Marion revient sur un de ses coups d'éclat en 1985 : ses révélations au Monde et au Canard Enchaîné autour du bateau "Rainbow Warrior", appartenant à l'ONG Greenpeace, coulé le 10 juillet 1985 par la DGSE.
Il y a quelques jours, discrètement, un homme est mort. Un homme dont la disparition m’attriste.
Il s’appelait Pierre Verbrugghe et avait été, de 1983 à 1987, directeur général de la police nationale puis, entre 1988 et 1993, préfet de police de Paris, l’un des postes les plus délicats de la maison policière et de l’exécutif français. Pierre Verbrugghe était un homme jovial, généreux et malin, doté d’un solide coup de fourchette et d’un amour obstiné pour les vins de Cahors et les vieux whiskys. C’était aussi un homme à principes, même s’il savait que ceux qui exercent les fonctions qui étaient les siennes en sont rarement crédités. Joseph Fouché et Honoré de Balzac, chacun dans sa spécialité, ont fait beaucoup pour déconsidérer le métier.
Les éloges funèbres ne font pas l’ordinaire d’Arrêt sur Images ni celui de ses lecteurs, majoritairement jeunes, qualité qui ne prédispose pas à s’incliner devant un préfet de police. Si j’en parle pourtant ici, c’est que Pierre Verbrugghe a joué un rôle secret, mais désormais historique, dans la vie politique française des années 1980, en dévoilant à Edwy Plenel (qui lui rend hommage de son côté) et à moi-même le dispositif qui, le 10 juillet 1985, dans la baie d’Auckland, en Nouvelle-Zélande, aboutit au sabordage du "Rainbow Warrior". La DGSE avait reçu mission de couler ce bateau, navire amiral de l’organisation écologiste Greenpeace, trop intéressée, selon le ministère de la défense, aux essais nucléaires français du Pacifique...