Amnesty dénonce les «chambres de torture secrètes au Cameroun»
Par Cécile Andrzejewski
Mediapart
Dans un rapport paru ce jeudi, l’ONG Amnesty International dénonce la détention au secret et la torture par les forces de sécurité camerounaises des prisonniers soupçonnés de faire partie du groupe armé Boko Haram. Elle note également la présence de militaires français et américains sur une base utilisée comme centre de détention à Salak, dans le nord du pays.
Passages à tabac à l’aide de bâtons, de barres en métal, de machettes ou de câbles électriques, maintien dans des positions douloureuses, pieds et mains attachés dans le dos, pendant des heures voire des jours, simulacres de noyade, suspension : le calvaire des prisonniers soupçonnés d’appartenir au groupe armé Boko Haram au nord du Cameroun est tel qu’Amnesty International n’hésite pas à parler de « violations des droits humains et crimes de guerre »...
Photo mise en ligne sur Facebook en mai 2017 par un soldat de la 9e escadre de reconnaissance de l’aviation américaine, montrant des soldats américains lors d’un entraînement de membres du Centre anti-terroriste sur la base de Salak (image obtenue par Forensic Architecture pour Amnesty International).
Cameroun : Amnesty International dénonce la banalisation de la torture dans la lutte contre Boko Haram
Par Cyril Bensimon
Le Monde
....Des soldats américains ou français ont-ils entendu les cris des suppliciés ? Des militaires dépêchés par Washington et Paris, pour appuyer l’effort de guerre camerounais, ont été aperçus sur cette base par des chercheurs d’AI ou par des détenus à travers « les trous qui servaient de fenêtres » à leur cellule. Face à ces allégations, l’ambassade des Etats-Unis à Yaoundé a répondu à l’ONG que certaines unités du BIR, sur lesquelles existent « des informations crédibles de violations massives des droits de l’homme », ne bénéficient plus de l’assistance américaine. L’ambassade de France n’a pas encore donné suite.
L’ambassade de France n’a pas encore donné suite. « Dès qu’il est question de Boko Haram, les chancelleries occidentales et les Nations unies sont très timides sur les principes fondamentaux », constate Ilaria Allegrozzi. Les autorités camerounaises, après s’être montrées dans un premier temps ouvertes aux échanges avec l’organisation de défense des droits de l’homme, semblent désormais rétives à la critique. Fin mai, les délégués d’Amnesty International n’ont pu rencontrer aucun représentant du gouvernement à Yaoundé et leur conférence de presse a été interdite à la dernière minute...