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Déchaînement policier contre les manifestants du G20 à Hambourg (WSWS)

par James Cogan 8 Juillet 2017, 08:49 G20 Hambourg Police Répression Allemagne

Déchaînement policier contre les manifestants du G20 à Hambourg (WSWS)

Juste après 19h20 jeudi, les autorités allemandes ont ordonné une agression policière brutale contre une manifestation d’opposants au sommet des dirigeants du G20, qui a commencé officiellement hier à Hambourg. Plusieurs heures après les affrontements, des chiffres n’ont toujours pas été divulgués sur le nombre de personnes blessées ou arrêtées.

On estime que 120 000 personnes doivent se rendre à Hambourg depuis toute l’Allemagne et d’autres régions d’Europe pour exprimer leur opposition à l’austérité, aux mesures anti-réfugiées, au nationalisme et au militarisme qui caractérisent les politiques de tous les gouvernements et des élites dirigeantes des 20 plus grandes économies du monde.

La manifestation de jeudi, l’une des premières parmi les dizaines prévues au cours du G20, a été intitulée « Bienvenue en enfer ». Elle a été organisée pour coïncider avec une réunion secondaire à l’hôtel Atlantic proche du G20 entre le président américain Donald Trump – une figure méprisée en Europe – et la Chancelière allemande, Angela Merkel.

La violence lors de cet événement a été provoquée par la police.

Alors que quelque 10 000 manifestants se réunissaient dans le district portuaire de Hambourg vers 18 heures, Deutsche Welle, la radio publique allemande, a signalé que son correspondant, Max Hofmann, « dit que l’ambiance de la manifestation “Bienvenue en enfer” est celle d’une grande réunion familiale ». Hofmann a commenté : « Si vous cherchez un dénominateur commun ici, c’est l’anticapitalisme, l’antimondialisation et, bien sûr, anti-Donald Trump ». Le rassemblement était pacifique et, en tout cas, avait un caractère de fête.

La police a néanmoins utilisé la présence dans la manifestation de quelque 800 à 1000 membres des anarchistes du Black Block, dont certains masqués, pour empêcher les manifestants de marcher dans la ville comme prévu. Après qu’ils aient avancé d’à peine 300 mètres, des dizaines de véhicules et des lignes de la police antiémeute ont bloqué leur chemin et ont demandé que les éléments anarchistes enlèvent leurs masques. Quand certains ont refusé, et ont jeté des pierres et des bouteilles sur des journalistes et la police, le déchaînement de l’État a été lancé.

Des scènes de confusion et de panique ont suivies. Un manifestant qui a refusé d’être nommé a déclaré aux correspondants de Bloomberg : « Nous étions là et la police a soudainement bloqué la marche. À un moment donné, nous avons entendu un bruit fort et tout le monde a commencé à courir. C’est dommage. »

Les séquences vidéo publiées par les participants montrent que des sections de la manifestation ont été agressées avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes, puis ont été entourées par des formations en tortue des policiers anti-émeutes avec boucliers et bâtons.

L’un des 100 avocats bénévoles qui étaient disponibles, Matthias Wisbar, a déclaré à Der Spiegel que le service juridique d’urgence créé pour assister les manifestations du G20 a reçu « des centaines » d’appels de personnes blessées ou arrêtées. Les résidents du quartier avec de jeunes familles se sont plaints que la violence les obligeait à quitter leur maison par crainte.

Alors que de petits groupes d’anarchistes se livraient à des batailles avec la police, ont incendié certains véhicules, et ont commis des actes de vandalisme, la plupart des manifestants se sont retirés et se sont rassemblés à nouveau plusieurs heures plus tard pour une manifestation tout à fait pacifique à un autre endroit.

Les actions de la police semblent avoir été un test de leurs tactiques anti-émeutes, avant les éventuelles attaques contre les manifestations plus importantes qui auront lieu aujourd’hui et samedi, ainsi qu’une tentative calculée d’intimider les gens pour ne pas les rejoindre.

Le prétexte à l’attaque de la nuit dernière et aux futures opérations de police avait été donné bien à l’avance. Quelque cinq heures avant de bloquer la manifestation, le porte-parole de la police de Hambourg, Timo Zill, a déclaré aux journalistes : « Les manifestants militants qui commettent des violences ne sont pas protégés par l’article 8 » – de la clause dite de « liberté de réunion » dans la constitution de l’Allemagne. Zill inclut dans sa définition des « violences » les manifestants qui se « déguisent ».

Les organisateurs des manifestations ont réagi à ces déclarations avec un appel explicite à la police pour qu’elle ne provoque pas un incident. L’un d’eux a dit à Der Spiegel que si « la police n’exploite pas la présence de chaque manifestant masqué ou pétard ici ou là pour faire dégénérer la situation, la manifestation se terminera pacifiquement. »

La police procéda exactement à la façon contraire.

Les manifestants ont dénoncé l’atteinte à leur droit de manifester. Mark Meyer, un autre avocat bénévole a déclaré à CNN : « La police a voulu écraser et détruire cette manif depuis le début. » Julia, 27 ans, de Francfort, a déclaré : « Si c’est tout ce que nous pouvons faire […] montrer simplement notre opinion et faire une déclaration, et si les forces de l’État nous font taire rien que pour ça […] Je veux dire : dans quel genre d’état vivons-nous ? »

Le sommet du G20 dans son ensemble a été utilisé par l’État allemand pour faire une répétition de la mise d’une zone urbaine majeure sous ce qui ne peut être qualifié que d’occupation par la police. On estime que 20 000 policiers et quelque 3 000 véhicules, réunis à travers le pays, ont été déployés dans Hambourg – la deuxième plus grande ville d’Allemagne, avec une population d’environ 1,7 million d’habitants.

Les unités spéciales paramilitaires lourdement armées, telles que les groupes de tireurs d’élite, sont déployées à des emplacements clés dans et autour des sites où les événements du G20 devraient avoir lieu. Tout l’accès à ces zones a été interdit, à l’exception des résidents des quartiers. Les hélicoptères sont presque continuellement dans l’air, effectuant une surveillance aérienne.

L’occupation de la ville a impliqué le suivi en gros des mouvements populaires dans les opérations combinées de police et de renseignements en Europe. La police de Hambourg a admis que les manifestants ont été suivis alors qu’ils se rendaient dans la ville, au moins en provenance de la Scandinavie, de la Suisse et de l’Italie.

Le recours à des formes de pouvoir toujours plus autoritaires est un processus universel dans ce qui a été naguère loué comme les « démocraties occidentales ».

Des mobilisations similaires de la police et des États ont accompagné les sommets du G20 au cours de la dernière décennie dans des villes comme Londres, Pittsburgh, Toronto, Séoul, Cannes et Brisbane. La suppression des manifestations a entraîné la mort de plusieurs personnes et des arrestations et, à Londres en 2009, un manifestant a été tué par les policiers.

 

(Article paru d’abord en anglais le 7 juillet 2017)

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