Emmanuel Macron expose le mariage entre le néolibéralisme et la suprématie blanche
Par Daniel Haiphong
Article originel : Emmanuel Macron Exposes Marriage Between Neo-Liberalism and White Supremacy
American Herald Tribune
Traduction Alice pour SLT
Le sommet du G20 de cette année a reçu beaucoup d'attention de la part du monde politique. Les médias traditionnels ont fixé une grande part de leur intérêt sur la réunion privée entre le président russe Vladimir Poutine et le président étatsunien Donald Trump. Les pourparlers d'impeachment refont surface aux Etats-Unis suite aux allégations toujours non prouvées que Donald Trump est en fait un agent de la Russie. En Allemagne, de grandes manifestations ont parasité le sommet alors que des milliers de manifestants ont vu le sommet du G20 comme une occasion de protester contre l'austérité et la privatisation. Mais les gros titres du moment concernent les déclarations faites au sommet par le président français Emmanuel Macron.
Les commentaires de Macron faisaient référence à sa vision du monde du continent africain. Une fois qu'on lui a demandé pourquoi il n'y avait aucun plan Marshall pour l'Afrique, Macron a fait remarquer que des nations africaines souffraient "d'un problème civilisationnel" et étaient ainsi incapables de bénéficier d'aide. Il a poursuivi ses commentaires en ciblant les femmes africaines. Macron a réprimandé les mères africaines pour avoir trop d'enfants. Ces commentaires ont eu des répercussions immédiates. L'image de Macron comme chouchou du néolibéralisme de l'élite dirigeante a été sévèrement endommagée.
Ce que les remarques de Macron révèlent, c'est le racisme profond qui caractérise la prétendue élite "néolibérale". Ce terme chic pour désigner la classe dirigeante présente essentiellement les propriétaires des moyens de production en terne de désirabilité politique. Dans cette phase de déclin terminal dans l'ordre impérialiste, les néolibéraux se présentent comme plus progressif que leurs homologues d'extrême-droite. Bien sûr, les néolibéraux possèdent la majorité des monopoles médiatiques internationaux. Ces cartels médiatiques internationaux promeuvent une image de l'Occident en proie au fascisme pour masquer l'ordre du jour néolibéral.
La suprématie blanche et le bénéfice sont deux choses dont la classe dirigeante se satisfait. Dans cette optique, les avis de Marcon sur l'Afrique n'ont rien de nouveau. Ils reflètent le colonialisme et l'impérialisme qui a été déclenché contre les nations africaines pendant des siècles, la France y jouant un rôle essentiel. À ce jour, la plupart des pays africains autrefois colonisés par la France restent dépendants de leur colonisateur. Quatorze nations sont actuellement forcées à déposer 80% de leurs réserves étrangères au Trésor public français. Ceci est conforme à la réalité que des richesses d'une valeur de 200 milliards de dollars quitte le continent africain chaque année, éclipsant le montant prêté au continent de plus de 40 milliards de dollars.
La suprématie blanche justifie le pillage impérialiste de l'Afrique. L'idée que les Etats-Unis et l'axe européen sont "plus civilisés que l'Afrique renforce la déshumanisation du peuple africain. C'est pourquoi Macron a voulu cibler les femmes africaines. L'assaut sur le secteur de la population la plus vulnérable de l'Afrique tire ses racines dans la conception eugéniste "du contrôle démographique" comme moyen de soulager la souffrance africaine. Cela rend le pillage impérial de la richesse du peuple africain comme une question sans importance et l'assaut militaire raciste contre les nations africaines publiquement acceptables.
La suprématie blanche est l'arme la plus forte entre les mains du capital et de la finance. Non seulement la suprématie blanche garde les travailleurs politiquement et économiquement divisés, mais elle créée aussi une base unifiée de soutien envers l'impérialisme. On considère l'extrême-droite en Amérique du Nord et en Europe comme la force principale de la suprématie blanche dans le monde. C'est parce que trop de personnes considèrent la suprématie blanche comme un courant de pensée d'individus au lieu d'un système d'oppression. Quand on le perçoit comme un système d'oppression, il devient clair que l'extrême-droite ne peut pas être à elle seule condamnée pour l'existence de cette suprématie blanche.
Les politiciens néolibéraux en vue sont les partisans principaux de la politique suprématiste blanche dans les intérêts des trésoriers du capital financier. Le Premier ministre canadien et moteur du néolibéralisme Justin Trudeau a fait face à des critiques après sa déclaration sur la jeunesse indigène canadienne qui souhaitait une place pour "stocker ses canoës et ses pagaies" tout en ne faisant rien pour les milliers de femmes indigènes qui disparaissent dans des circonstances suspectes. L'ancien président étatsunien Barack Obama a donné des leçons aux Africains pour leurs prétendues tendances anti-LGBT en 2015 en étendant la présence militaire étatsunienne sur le continent dans toutes les nations hormis deux. Son ancienne Secrétaire d'État Hillary Clinton a qualifié la jeunesse noire de "supers prédateurs" durant son mandat en tant que Première Dame du Président Bill Clinton pour justifier la politique de l'administration Clinton d'incarcérations de masse des Noirs en situation de précarité.
Les politiciens néolibéraux mentionnés ci-dessus sont embauchés pour délivrer les idées suprémacistes blanches au service des profits du capital financier. Leur mission n'est pas de détruire la suprématie blanche, mais de l'élever. En fait, c'est le consensus néolibéral et néo-conservateur dans les pays impérialistes qui est l'élément moteur des idées de droite. La mise en place de politiques d'expulsion de masse aux États-Unis et d'austérité à travers l'orbite des pays impérialistes a grandement érodé le soutien populaire pour la gouvernance néolibérale. Et parce que l'ordre néolibéral a avec enthousiasme participé à la répression des mouvements de gauche politiquement indépendants, l'extrême-droite a été amenée à prendre des positions qui revenaient généralement à la Gauche. C'est pourquoi l'extrême-droite s'oppose au traité de libres échanges commerciaux et soutient la rhétorique de guerre panachée d'un discours chauviniste raciste.
Les commentaires d'Emmanuel Macron doivent ainsi être replacés dans le contexte du mariage entre la suprématie blanche et la politique néolibérale. Son administration impose la guerre, le déplacement et la pauvreté que l'impérialisme français a provoqué dans le monde entier. En même temps, Macron a des plans pour réduire le niveau de vie en France en amendant le droit du travail pour le rendre plus favorable aux employeurs. Ceci délégitimisera plus tard la gouvernance néolibérale dans le pays. Une lutte historique entre le gauche et l'extrême-droite est déjà en cours, comme en témoigne le nombre important d'électeurs qui se sont ralliés lors des dernières élections présidentielles françaises à la nationaliste Marine Le Pen et au socialiste Jean-Luc Mélenchon.
Quelques néolibéraux cachés qui se font passer comme des penseurs indépendants de la gauche dépensent une grande partie de leur temps à essayer de traquer les soutiens de gauche envers l'extrême-droite ou le passage d'électeurs de la gauche vers l'extrême droite. Cette perte d'énergie sert seulement à masquer le travail à faire à portée de main. Le ressentiment profond de la part des pauvres et de la classe ouvrière dans l'orbite impérialiste ne peut pas être réduit à une simple confusion idéologique. Les gens ne se battent pas principalement pour des idées. Ils se battent pour ce dont ils ont besoin et les idées qui peuvent leur apporter une amélioration de leur condition. Si les travailleurs et les pauvres deviennent attirés par l'extrême-droite, le manque d'un réel mouvement de gauche doit être une préoccupation essentielle. Et plus tôt la politique de honte sera remplacée par une politique de lutte, plus tôt l'écroulement du néo-libéralisme et de l'impérialisme se concrétisera.
Note ajoutée à l'article :
"Le suprémacisme blanc (ou suprématie blanche) est une idéologie raciste, fondée sur l'idée de la supériorité de ceux parmi les humains dont la peau est perçue comme blanche par les autres ou par eux-mêmes par rapport aux autres humains1. La notion de « suprématie blanche », parmi les théories suprémacistes en général, est enracinée dans l'ethnocentrisme et un désir d'hégémonie2, et a fréquemment conduit à des violences contre les individus considérés comme « non-blancs ». Des groupes défendant la « suprématie blanche » peuvent être rencontrés dans de nombreux pays et régions où la population se considère comme « blanche », dont l'Amérique du Nord, l'Europe, la Russie, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Afrique du Sud et l'Amérique latine. La législation de nombreux pays et des conventions internationales interdisent les propos racistes et les organisations qui les défendent." (Wikipedia)
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