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Macron héritier de la françafrique est-il raciste ? Vers un Macron's Watch [Vidéos]

par SLT 20 Juillet 2017, 19:29 Macron's Watch Macron Racisme Racialisme Françafrique France néocolonialisme G20 Afrique Articles de Sam La Touch

Article extrait de la RP n°4.

 © Philippe Wojazer Source Reuters

© Philippe Wojazer Source Reuters

Peu de médias français ont traité la réception par le chef de guerre Macron à l'Elysée de deux chefs d'Etat françafricains installés par l'armée française : Ouattara le 11 juin 2017 (AFP La France et la Côte d'Ivoire vont renforcer leur coopération militaire) et Idriss Déby le 11 juillet 2017 (JAI La visite de Déby à l’Élysée critiquée par l’opposition tchadienne). Ce qui fait écrire à  Mikhail Gamandiy-Egorov sur Sputniknews que  Macron est un digne héritier de la Françafrique. Pour Fabrice Tarrit, co-président de l'association Survie : « voir le nouveau président français recevoir un dictateur emblématique de la Françafrique deux mois après son élection, c’est un signal désolant de continuité avec la politique de ses prédécesseurs. En prétendant "lutter contre le terrorisme", la France soutient un chef d’État qui fait partie du problème plutôt que de la solution en matière de conflits régionaux et de dégradation des conditions de vie des populations locales.  ». (Survie Le despote tchadien reçu à l’Elysée : Macron poursuit son initiation à la Françafrique). Un système qui pour bon nombre de médias français a disparu depuis belle lurette.

Pourtant, il est évident que l'ex-banquier d'affaires Macron est en passe de poursuivre l'oeuvre de ses prédécesseurs (De Gaulle-Pompidou-Giscard-Chirac-Mitterrand-Sarkozy-Hollande) dans le pillage des ressources des soit-disant "anciennes" colonies, de leur occupation par l'armée française et le contrôle voir l'assassinat de ses dirigeants ainsi que du contrôle de leur monnaie (néo)coloniale (le Franc CFA). Macron va jusqu'à reprendre les poncifs racialistes de ses prédécesseurs et leur discours méprisant envers les Africains. Dans la droite ligne du discours racialiste de Sarkozy à Dakar écrit par son ami réactionnaire pro-colonialiste Henri Guaino en 2008, Macron a continué avec la même morgue son discours sur les particularités civilisationnelles des Africains :

"Le défi de l'Afrique, il est totalement différent, il est beaucoup plus profond, il est civilisationnel aujourd'hui. Quelles sont les problèmes en Afrique ? Les Etats faillis, les transitions démocratiques complexes, la transition démographique qui est l'un des défis essentiels de l'Afrique. C'est ensuite les routes des trafics multiples qui nécessitent aussi des réponses en terme de sécurité et de coordination régionale : trafic de drogues, trafic d'armes, trafic humain, trafic de biens culturels et c'est le fondamentalisme violent, le terrorisme islamiste. Tout cela mélangé créé les difficultés de l'Afrique en même temps que nous avons des pays qui réussissent formidablement, un taux de croissance extraordinaire qui fait dire à certains que l'Afrique est une terre d'opportunités.". Puis il ajoute : " «Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d'y dépenser des milliards d'euros, vous ne stabiliserez rien»,

Ce discours qui se focalise sur la différence civilisationnelle de l'Afrique en stigmatisant la surnatalité africaine pour justifier de la faillite des soit disant plan Marshall pour l'Afrique occulte le pillage des ressources de l'Afrique par les grandes puissances, les ravages terribles d'un capitalisme débridée qui à présent ravage l'Europe (à l'exemple de la Grèce), les ajustements structurels imposés à ces pays par le G20, le FMI, la Banque mondiale selon le CADTM. Anouk Renaud et Nicolas Sersiron reviennent dans leur article "Qui est responsable du sous-développement de l’Afrique : les femmes africaines ou le G20 ?" sur cette occultation qui selon eux relève du mépris raciste et sexiste :

"Emmanuel Macron a déclaré lors du G20 qu’une partie des problèmes de l’Afrique provenait du taux de fécondité de certains pays. Mais c’est renverser l’ordre des causes, comme l’expliquent Nicolas Sersiron et Anouk Renaud. Lors du G20 des 7 et 8 juillet à Hambourg, Emmanuel Macron a fait part de sa brillante analyse (encore une...) du sous-développement de l’Afrique, dont l’une des causes principales seraient les « 7 à 8 enfants des femmes africaines » :
Les causes du « sous-développement » africain ne sont apparemment pas enseignées à l’ENA, pas plus que celles des « sans-dents » de son prédécesseur. Confondre les symptômes d’une maladie, ou d’un grave problème comme la surpopulation, avec ses causes, est symptomatique de ces décideurs néolibéraux qui préfèrent faire porter la responsabilité des inégalités et des injustices sur les victimes plutôt que sur les responsables. Mais pour cela il faut ranger l’histoire dans un tiroir inatteignable de sa mémoire. Oublier le pillage des ressources naturelles de ce continent par l’Europe depuis le milieu du XIXe siècle à travers la violente colonisation d’hier, le dramatique néocolonialisme d’aujourd’hui à travers les assassinats, la corruption, l'extractivisme, l’ingérence politique françafricaine et la dette illégitime. Oublier aussi la tragédie lointaine, de l’extraction de la force de travail durant les trois siècles précédents de ces dizaines de millions de jeunes africains, esclaves exportés dans des conditions pires que le bétail. Cette pensée tellement primaire de Macron sur les femmes africaines révèle un mépris raciste et sexiste, émanant du président français à savoir un homme, un blanc et un chef d’État..
..". (CADTM).


Selon Sputniknews, de nombreux internautes ont dénoncé les "propos colonialistes et racistes" du chef de guerre Macron. Certains internautes se demandent même ironiquement si la France ne va pas se remettre à stériliser les femmes africaines comme au "temps béni des Colonies" (cf vidéo ci-dessous) en clair d'assurer un contrôle des natalités dans ces pays de manière coercitive.

De manière surprenante, Mondafrique n'a porté aucune critique (à la date du 15 juillet 2017) sur le discours de Macron mais a éprouvé la nécessité de produire deux articles sur la surnatalité au Niger en date du 14 juillet 2017 soit 3 jours après le discours racialiste de Macron (Niger, un vertige démographique ; Sept enfants par femme au Niger) sans aucune référence à l'asservissement monétaire de ce pays via le franc CFA, à l'installation de bases militaires françaises, au pillage des ressources par le consortium étatique français Areva et à la tutelle française des dirigeants du Niger. sans compter les ajustements structurels imposés par le FMI et la Banque mondiale...

 

Lire également : ACME Françafrique : L’industrie nucléaire française procède à un véritable pillage au Niger

Alors que le nucléaire tend à s’imposer comme une question centrale de la campagne présidentielle, l’association Survie tient à souligner l’intérêt de la fiction Qui sème le vent que la chaîne Arte diffusera, ce vendredi 2 décembre à 20h40. Ce téléfilm interroge enfin un angle mort de la filière française de l’atome : les conditions sociales, environnementales et politiques dans lesquelles la Cogema puis Areva exploitent l’uranium africain depuis des décennies. La levée d’un tabou qui atomise l’argument de « l’indépendance énergétique » de la France.

Les Kwassa-kwassa sont des embarcations de fortune utilisées par les Comoriens pour rejoindre Mayotte. Beaucoup de ceux-ci meurent en mer (tout comme ceux qui fuit la Libye pour aller en Italie). Si les médias français ont bien traités cette actualité et l'incongruité des propos de Macron, ils n'évoquent que très rarement la manière dont la France a éliminé les dirigeants comoriens qui la gênaient entravant ces pays dans leur capacité à pouvoir instaurer une bonne gouvernance. (Lire sur les pratiques mafieuses, les coups d'Etat et les assassinats de présidents Comoriens avec l'aval de l'Etat français l'aticle de Pabamzuka L'Archipel des Comores: 1975–2015, 40 ans d'indépendance confisquée ; Survie Dossier spécial COMORES & PROCES DENARD):

Lire également à ce sujet le livre de Pierre Caminade : Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale

Extrait :  "En 1975, lors de la décolonisation des Comores, la France viole le droit international en arrachant Mayotte à son archipel. Condamnée plus de vingt fois par l’ONU, avec l’approbation de nos partenaires européens, cette occupation reste illégale. Depuis 1995, les Comoriens des trois autres îles se sont vu imposer un visa les empêchant de se rendre librement à Mayotte – situation qui sera encore renforcée par la départementalisation de l’île en 2011. Dans le même temps, des tribunaux expulsent des Comoriens de la métropole vers… Mayotte. Ce « Dossier noir » propose un examen des motivations à la présence – notamment militaire – française dans cette région où passent deux tiers du pétrole exporté du Moyen-Orient. On y voit à l’oeuvre la « démocratie du coucou » qui, selon la formule de Jean-Marie Tjibaou, « s’installe chez vous puis demande un référendum pour savoir à qui appartient la maison ». Il analyse le processus de « domtomisation » puis ses conséquences, notamment pour le reste de l’archipel, chasse gardée d’une clique de mercenaires, feu Bob Denard en tête".


La Françafrique comme le disait Tiken Kah Fakoley, avant d'être lui même coopté par la Françafrique lors de la guerre française contre Laurent Gbagbo, c'est du "blaguer tuer". Et la morgue de Macron semble être du même acabit aux relents (néo)colonialistes. Un humour irrespectueux et méprisant pour lequel l'Elysée a du exprimer des regrets suite aux demandes pressantes des Comoriens pour qu'il fasse des excuses. En effet, le chef de la diplomatie comorien  a déclaré : « Il y a de nombreuses pertes en mer entre Anjouan et Mayotte (…). Des familles perdent des proches, des fils, des enfants… Ce n’est pas un sujet qui se prête à l’humour… c’est cela qui a choqué les Comoriens. » et d'ajouter : « il y a un contexte douloureux lié aux kwassa-kwassa que Macron ne peut ignorer ». L'Elysée a fini par reconnaître « un trait d’humour malheureux qui a pu blesser ».

On peut aussi se référer à Cassel avec Rockin Squat pour se remémorer en rap quelques éléments historiques de la politique française en Afrique. Lorsque Cassel fait allusion dans sa chanson "Françafrique" à l'assassinat d'Abdallah, il s'agit du président comorien tué par le mercenaire français Bob Denard en 1989. Ce mercenaire fut impliqué dans de nombreuses tentatives de coup d'Etat aux Comores, souvent au service de l'Etat français. Pour l'assasinat d'Abdallah, Denard a été acquité par la justice française. Circulez et oubliez !

Suite à ces propos racialistes de Macron chez un homme qui se présente ouvertement comme l'héritier de la Françafrique de par ses actions récentes et compte tenu des antécédents génocidaires de la politique étrangère française en Afrique (Cameroun 1956-1960, Rwanda 1994, Libye 2011, Côte d'Ivoire en 2011, Centrafrique en 2012) et de son mépris affiché et répété envers la condition et la souffrance des Africains qu'ils préfèrent tourner en dérision, certains de ceux-ci s'inquiètent et réagissent.

Jean de Mossingue en réponse au discours de Macron au G20 sur la surnatalité africaine écrit dans MIRASTNEWS : "Au regard de la faiblesse démographique comparativement à leurs superficies respectives, des potentialités réelles en termes de richesses naturelles et des capacités réelles de développement, ce sont plutôt les maux comme la corruption interne et externe, la mauvaise gouvernance et le placement à des postes de dirigeants de personnes acquises aux intérêts des puissances étrangères qui s’accaparent et vampirisent ensemble les richesses naturelles et financières, l’intervention négative des puissances étrangères dans le processus de prise des décisions stratégiques, le vol des ressources naturelles et financières par différents acteurs, les transferts de fonds illicites et les placements de fonds clandestins dans des paradis fiscaux, le blanchiment des fonds subtilisés aux pays africains dans les pays industrialisés par les acteurs économiques et financiers internationaux véreux et les hommes politiques nationaux, l’accaparement des ressources et richesses des nations par les clans au pouvoir, la non participation des africains dans le contrôle des affaires économiques et financières stratégiques, la confiance aveugle à des acteurs économiques et financiers multinationaux, le manque de visions stratégiques à long terme pour impulser un développement réel et réaliste, la déstabilisation continue des pays africains par les guerres imposées, la destruction de son environnement vital (par exemple, pollution des terres et des eaux par du pétrole brut ou autres produits nocifs ou radioactifs) par les multinationales, ce que l’on nomme souvent les effets externes négatifs, pour ne citer que cela, qui sont à la source des problèmes structurels des Etats africains."

Ndam Njoya Nzoméné va même s'inquiéter dans Cameroon Voice du risque d'un projet "d'épuration raciale" ou de "génocide" en Afrique par la France et les grandes puissances compte tenu du passé génocidaire français en Afrique :

" Les réflexes de banquier d'affaires, sont encore chevillés à l'âme du ci-devant asso­cié-gérant de la banque Roth­schild, qui ne rate aucune occasion de passer à côté de son sujet chaque fois qu'il est confronté au difficultueux exercice de parler des pauvres. ... De deux choses l'une donc : soit le président Macron est un benêt  qui dit tout ce qu'il lui passe par la tête, et c'est dangereux pour la France et tous les pays du monde qui commercent encore avec ladite France, soit ces propos contre ces gens qui « ne sont rien », y compris les Africaines toujours confrontées au « problème "civilisationnel" » de la pluralité des  "enfantements", sont le prélude à une entreprise d'épuration raciale."  (Cameroon Voice Prétexte pour un génocide : le truc de fou que Macron "le barbare" prépare en s'attaquant à la démographie africaine ).

Compte tenu de passé néocolonial récent impensé par les élites au pouvoir et nombre de médias français qui tendent à forclore du champs de la conscience collective française les actions criminelles françaises en Afrique, nous lançons une nouvelle rubrique portant le titre de "Macron's Watch" qui a pour objectif de surveiller les actions, les discours de Macron sur l'Afrique pour éviter le blackout médiatique sur l'immonde politique néocoloniale française en Afrique. Macron chef de guerre de la Vème République, ayant qui plus est augmenté ses pouvoirs au sein d'un régime qui n'accorde que peu de place au Parlement (avec la création sous le régime de la Vème d'une task force sous contrôle du chef de guerre sans aucun contrôle parlementaire et gouvernemental),  nous devons être encore plus vigilant compte tenu des tendances transgressives de cet homme, de son irrespect prononcé envers les Africains (ou de "ceux qui ne sont rien" à ses yeux), de son mépris de certaines conventions, normes et règles sociales et de bienséance. Politique sans conscience n'est que ruine de l'âme et déshumanisation !

Ce psychiatre évoque les tendances transgressives de Macron mais il ne s'agit nullement d'un psychopathe

Qaund un chef d'Etat tient des propos racialistes à tendance raciste publiquement qui ne sont pas ou peu critiqués en tant que tel par le magistère intellectuel et médiatique (notamment concernant ses propos scandaleux au G20), c'est toute une nation qui peut s'identifier aux représentations malsaines diffusées au plus haut niveau de l'Etat. Le Macron's Watch devient donc indispensable pour éviter la reconduction du crime français en Afrique et son cortège de légitimations racialistes ou carrément racistes à la tête de l'Etat.

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