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Revue de presse n°2 ; Hersh, Cobayes humains et Etats coloniaux, Mauvaise passe pour CNN, Verschave, Françafrique et génocides

par SLT 2 Juillet 2017, 15:15 Revue de presse Françafrique Verschave Fausses informations Seymour Hersch Articles de Sam La Touch

Voici les thématiques de la semaine sélectionnées par SLT.

1. L'enquête du journaliste d'investigation Seymour Hersh accuse Trump d'avoir bombardé la Syrie à Al-Shayrat alors qu'il n'y avait pas de preuves des services de renseignement US sur la présumée responsabilité du régime Assad dans la prétendue attaque chimique de Khan Cheikhoun. Une polémique s'en est suivie aux Etats-Unis entre Hersh et Eliott Higgins du site Bellingcat soutenu par les médias traditionnels. Source : Die Welt, The American Consevative, Bellingcat,

 

2 Les expériences médicales barbares sur des cobayes humains dans les Etats coloniaux : Etats-Unis, Israël, Afrique du Sud, Namibie.
Source : American Herald Tribune, Arte, New York Times...

 

3. Sale temps pour les médias mainstreams : CNN, New York Times accusés de divulguer de fausses informations sur les liens secrets entre Trump et la Russie
Source : Project Veritas, CNN, Washington Post, New York Times, Russia Today...

 

4. 29 juin 2005. Mort d'un dissident français : François-Xavier Verschave et la Françafrique. Actualité d'un crime français contre l'Afrique. Du Cameroun à la Libye en passant par la Côte d'Ivoire et le Rwanda.
Source : France 3, Canard enchaîné, France inter, France 5, CEC Rwanda, Afrique XXI,

1. L'enquête du journaliste d'investigation Seymour Hersh accuse Trump d'avoir bombardé la Syrie à Shayrat alors qu'il n'y avait pas de preuves des services de renseignement US sur la présumée responsabilité du régime Assad dans la prétendue attaque chimique de Khan Cheikhoun.


Le 6 avril 2017, le président des Etats-Unis, Donald Trump, a autorisé le tir de plusieurs dizaines de missiles de croisière Tomahawk sur la base syrienne d'Al-Shayrat en Syrie suite à ce qu'il a déclaré être une attaque par un agent neurotoxique mortel effectué par le gouvernement syrien deux jours plus tôt dans la ville de Khan Cheikhoun tenue par les rebelles.

Le journaliste Seymour Hersch, lauréat du prix Pullitzer, a publié une enquête intitulée "La Ligne rouge de Trump" dans le quotidien allemand, Die Welt, concernant l'absence d'information des services de renseignement étatsunien sur une quelconque attaque chimique à Khan Cheikhoun par le régime syrien. L'enquête de Seymour Hersch s'appuie sur les témoignages de membres des services de renseignement et de l'armée US.  D'après Hersch : "Lorsqu’il a décidé d’attaquer la Syrie après avoir vu des photos d’enfants en train de mourir, le président Donald Trump n’a pas tenu compte d’importants rapports des services de renseignement".
Selon Hersch les services de renseignement US n'avaient aucunes informations en imputant la responsabilité au régime d'Assad ni sur la véracité d'une attaque chimique. Trump aurait tout de même choisi de bombarder Al Shayrat selon Hersch. Il est à noter que cette enquête a été surtout diffusée dans les médias libres français et peu dans le P.A.F ou les médias mainstreans francophones.

"Trump a donné l'ordre malgré avoir été averti par la communauté du renseignement étatsunienne qu'il n'y avait aucune preuve que les Syriens avaient utilisé des armes chimiques" écrit Hersch.

"Certains militaires et officiers du renseignement étatsuniens ont été particulièrement affligés par la détermination du président de faire fi des preuves. "Rien de tout cela n'a de sens," a déclaré un officier à ses collègues après avoir appris la décision de Trump de bombarder. "Nous savons qu'il n'y eu aucune attaque chimique ... les Russes sont furieux. Déclarant que nous avons les véritables informations et que nous savons la vérité ... je suppose que cela n'aurait guère changé que nous ayons élu Clinton ou Trump."
 

Dans un autre article de Die Welt, intitulé « On a un putain de problème »,  Hersch fait état d'une conversation hallucinante entre un soldat étatsunien et un conseiller à la sécurité :

- Soldat étatsunien (SE) : On a un putain de problème

- Conseiller à la Sécurité: Que s’est-il passé ? Trump ne prend-il pas en considération l’avis des gens du renseignement et va-t-il essayer de s’en prendre aux Syriens ? Alors là, on pisse vraiment sur les Russes, non ?

- SE: Ça ne va pas du tout… Tout s’accélère.

- CS: Je ne sais pas si vous avez vu la conférence de presse de Trump hier. Il s’est laissé convaincre par ce que racontent les médias sans demander à voir les gens du renseignement… Il est probable qu’on va se faire botter le cul par les Russes. C’est dangereux tout ça, bordel de merde ! Où sont donc ces satanés adultes ? L’échec de la chaîne du commandement à dire la vérité au président, qu’il veuille l’entendre ou non, va rester dans l’histoire comme l’un de nos pires moments.

- SE: Je ne sais pas. Rien de tout cela n’a de sens. NOUS SAVONS qu’il n’y a pas eu d’attaque chimique. Les Syriens ont touché une cache d’armes, ce qui est une cible militaire tout à fait légitime, et il y a eu des dommages collatéraux. Les Syriens n’ont procédé à aucune attaque chimique d’aucune sorte.

- SE: Et maintenant on va leur foutre un paquet de Tomahawks dans le cul.

- CS: Il y a des priorités cachées à l’œuvre derrière tout ça. On essaie de trouver une façon de s’en prendre à l’Iran. Ce que les gens de l’entourage de Trump ne comprennent pas, c’est que les Russes ne sont pas un tigre de papier et qu’ils ont une puissance militaire plus forte que la nôtre.

- SE: Je ne sais pas ce que les Russes vont faire. Il est possible qu’ils n’interviennent pas et laissent les Syriens défendre leurs frontières ou bien ils peuvent offrir un soutien mitigé ou bien encore, bordel, ils sont capables de nous faire exploser en vol et nous ramener en Irak. Franchement je ne sais pas à quoi m’attendre là maintenant. J’ai l’impression que tout est possible. Le système de défense aérienne russe est capable d’anéantir nos Tomahawks. C’est une affaire foutument grave… Tous les voyants sont encore allumés...

Face au silence médiatique en France, les révélations de Seymour Hersch ont entraîné une polémique aux Etats-Unis par l'intermédiaire du propriétaire du site Bellingcat bien représenté dans la presse atlantiste. L'activiste citoyen britannique nommé Eliot Higgins qui, à travers son blog Bellingcat, a été largement cité par les médias aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France (Le Monde, Decodex...) comme source d’information impliquant le gouvernement syrien dans cette prétendue attaque chimique contre Khan Cheikhoun a contesté les allégations de Hersch mais sans pouvoir apporter de contre-preuves. Higgins s’appuie sur les déclarations de prétendus témoins oculaires confirmés par des tests médico-légaux sur les éléments présumés prélevés sur les lieux de l’attaque et qui indiquent la présence de sarin, un gaz neurotoxique mortel, tandis qu'Hersch s’appuie sur des sources anonymes au sein de l’armée US et des organismes de renseignement qui fournissent un récit alternatif à la version officielle du gouvernement des États-Unis.
 

Il y a donc deux récits distincts en ce qui concerne Khan Cheikhoun. L’un, avancé par les gouvernements des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et soutenu par Bellingcat et les Casques Blancs (groupe de secouriste proche de groupes djihadistes affiliés à Al-Qaïda en Syrie), est que le gouvernement syrien a mené une attaque d’armes chimiques en utilisant une seule bombe larguée sur un objectif civil. L’autre, avancé par les gouvernements de la Russie et de la Syrie, et soutenu par les enquêtes de Seymour Hersh, est que l’armée de l’air syrienne a utilisé une bombe classique pour frapper une cible militaire constituée par des Djihadistes à Khan Cheikhoun, libérant par inadvertance un nuage toxique de substances stockées dans cette installation et tuant et blessant des civils à Khan Cheikhoun.
Selon Scott Ritter, ancien inspecteur étatsunien pour le désarmement, : "il ne fait aucun doute que la survie même des Casques Blancs en tant qu’organisation et la cause qu’ils soutiennent (c-à-d. le changement de régime en Syrie) ont été favorisées par le récit qu’ils ont contribué à fabriquer et à vendre des événements du 4 avril à Khan Cheikhoun".

 

2 Les expériences médicales barbares sur des cobayes humains dans les Etats coloniaux : Etats-Unis, Israël, Afrique du Sud, Namibie
Source : American Herald Tribune, Arte, New York Times

 

Richard Silverstein dans un article publié dans American Herald Tribune revient sur les expérience médicales effectuées par les autorités israéliennes avec le soutien du gouvernement israélien et étatsunien sur les bébés et les enfants yéménites dans les années cinquante.

Article : - 60 Years of Cover-up: Knesset Inquiry Reveals Abducted Yemenite Babies Murdered in Medical Experiments and Exploited in Paid National Institutes of Health Experiments

Traduction : - Soixante ans d'occultation : l'enquête de la Knesset révèle que les bébés yéménites enlevés ont été tués et exploités dans des expériences médicales financées par des Instituts Nationaux de Santé


Extrait :
L'enquête de la Knesset révèle que les bébés yéménites enlevés ont été tués et exploités dans des expériences médicales financées par des Instituts Nationaux de Santé :

"L'assemblée législative et le Parlement israélien, la Knesset, après soixante ans de dissimulation, a exposé un des scandales les plus choquants de l'histoire de la médecine israélienne. À la fin des années 1940 et au début des années 1950, inspirées par la philosophie de Ben Gourion, Israël a dû remplir lui-même son espace colonisé via l'immigration juive pour rivaliser avec les Arabes, en amenant par ponts aérien des dizaines de milliers des Juifs yéménites. Cela a été célébré comme une grande opération humanitaire dans laquelle les Yéménites ont été "sauvés" d'une vie de misère et de la victimisation antisémite dans leur pays natal.

Dans les quelques mois qui ont suivi leur arrivée, des rapports ont commencé à circuler sur la disparition de bébés dans des hôpitaux et des cliniques médicales. Le décompte final des disparus s'est élevé en centaines, peut-être même en milliers de bébés qui ont été soi-disant enlevés à leurs parents ou même tués. Les parents pour leur affliction n'ont reçu aucun mot de ce qui était arrivé; aucun acte de décès; aucune explication. Même des décennies plus tard, après trois commissions d'enquête différentes sur trente ans, les résultats des enquêtes ont été scellées et les victimes n'ont rien appris. L'État a refusé d'accepter la responsabilité et il n'a pas non plus indemnisé les victimes pour leurs souffrances et pertes personnelles... De plus, ce scandale a aussi impliqué les Instituts nationaux de santé étatsuniens, qui ont payé presque 1 millions de dollars aux hôpitaux israéliens (en valeur actuelle) pour fournir des foetus de bébés yéménites morts et des cadavres des adultes qui ont été utilisés dans des expériences médicales pour déterminer pourquoi les Yéménites ne développent pas de maladies cardiaques... Un des rapports les plus macabres concerne quatre bébés qui ont été hospitalisés parce qu'ils étaient sous-alimentés. Bien qu'ils soient en condition stable, les docteurs ont décidé de leur injecter une "protéine sèche...."

Entre autres horreurs, des bébés yéménites sont morts après avoir reçu des protéines sèches à titre expérimentale pour traiter leur état de dénutrition, d'autres enfants ont reçu des radiations mortelles pour traiter les mycoses.

Silverstein précise que ces expériences scandaleuses effectuées avec l'Etat israélien si elles montrent bien le racisme israélien de l'époque à l'égard des populations colorées ne doivent pas entraîner des amalgames avec les expériences nazies dans le cadre du génocide des Juifs durant la seconde guerre mondiale : " Dans cette époque de destructivité et de haîne, il est important de mettre cette histoire dans une perspective appropriée. Il y a ceux qui essayeront de comparer ces expériences avec des expériences médicales nazies sur des enfants juifs et des adultes. Il y aura toujours ceux qui cherchent à prouver que les Israéliens sont similaires aux Nazis. C'est pourquoi il est important de noter que de telles pratiques médicales scandaleuses sont arrivées dans le monde entier y compris ici aux États-Unis. Elles étaient certainement le fruit du racisme et de l'indifférence. Mais les expériences israéliennes, bien qu'immorales, n'ont pas été conduites dans le cadre d'un génocide comme ce fut le cas pour les Nazis. "

Silverstein a raison de rappeler cette distinction. Il convient de rappeler le contexte dans lequel ces expériences barbares sont effectuées.
En Namibie,  les troupes coloniales germaniques au début du 19ème siècle, ont contribué à l'extermination des populations Herero et Nama en Namibie et ont eu aussi recours à des expériences médicales dans des camps de concentration qui furent pour certains auteurs la matrice de l'idéologie et de la méthodologie du génocide européen durant la seconde guerre mondiale. ([Vidéo] L'Allemagne s'attaque à son génocide africain New York Times)



Dans d'autres états coloniaux comme aux Etats-Unis, ces expériences ont été effectuées sans qu'il y ait de génocide. Ainsi l'étude de Tuskegee sur la syphilis (1932 – 1972) fut une étude clinique menée à Tuskegee, Alabama par des médecins étatsuniens pour mieux connaître l'évolution de la syphilis lorsqu'elle n'est pas traitée. Les participants à cette étude sont des métayers afro-étatsuniens pauvres qui se sont vu refuser le traitement de cette maladie, pourtant disponible dès 1943 grâce à la pénicilline. Après une trentaine d'années pendant lesquelles les institutions sanitaires ont laissé faire, le scandale éclate dans les années 1970 lorsqu'un médecin en santé publique, nommé Peter Buxtun, révéla à la presse l'existence de celle-ci après avoir vainement tenté d'alerter ses autorités de tutelle. Ce scandale est à l'origine du rapport Belmont de 1979, rédigé par le Département de la Santé, qui établit les principes fondamentaux de la bioéthique en ce qui concerne l'expérimentation humaine. À cette occasion fut créé l'Office for Human Research Protections chargé de l'examen des protocoles expérimentaux et du respect des principes éthiques. (Wikipedia).

 

En Afrique du sud, un programme de bioterrorisme sur les populations autochtones fut mise en place du temps du régime d'apartheid avec le soutien des USA, de la France, de la Grande-Bretagne, d'Israël, de l'Allemagne et de la Suisse.

"Dès le début des années 80, le docteur la Mort et les scientifiques du Project Coast intensifièrent notablement leurs relations internationales. Particulièrement lors de la tenue de conférences internationales sur les armes bio-chimiques. Des délégations sud-africaines effectuèrent ainsi des visites aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, à Taïwan en Israël et en Allemagne (p.65-67, TMF évoque le bio-business suisse et les investissements en France de Wouter Basson, ndlr). Wouter Basson assista notamment à une conférence sur les armes biologiques à San-Antonio en 1981, où il fut remarqué par les services de renseignements américains. De 1981 à 1986, l'administration Reagan poursuivit ce qu'elle appelait une politique "d'engagement constructif". Les officiels de l'administration Reagan envoyèrent alors des signaux très forts au régime raciste de Botha en Afrique du Sud montrant que les Etats-Unis étaient prêts à fermer les yeux sur les scientifiques américains qui fricoteraient avec les industriels de la défense sud-africaine. Faisant fi de l'embargo international dont faisait l'objet le régime d'Apartheid, le sous-secrétaire d'Etat William Clark alla même plus loin en accueillant à bras ouverts des officiels et des experts sud-africains à Washington même et en facilitant leur interaction avec leurs collègues américains. L'attitude de Clark et d'autres permirent à l'Afrique du Sud d'accéder très tôt à des données extrêmement sensibles provenant de laboratoires américains. En 1984, le centre américain de contrôle épidémique (US Center for Disease Control) envoya huit échantillons d'ebola, de marburg et de virus Rift Valley en Afrique du Sud dotant le Project Coast d'un arsenal de mort effrayant..." (Dr La Mort. Enquête sur un bioterrorisme d'Etat en Afrique du Sud.).
 

Le project Coast visait à créer des armes biologiques ethniquement sélectives en fonction de la couleur de peau reprenant en cela les expérience effectuées par les Etats-Unis durant la seconde guerre mondiale. Durant la Seconde Guerre mondiale, l'armée US a testé secrètement des armes chimiques sur ses soldats en fonction de leur couleur de peau

 

3. Sale temps pour les médias mainstreams : CNN, New York Times accusés de divulguer de fausses informations sur les liens secrets entre Trump et la Russie

 

Les temps sont durs pour les médias mainstreams outre-atlantique. CNN vient de virer 3 journalistes suite à la publication d'un article sur des liens entre Anthony Scaramucci, un directeur de fonds spéculatif proche de Donald Trump avec un fonds d'investissement russe qui s'est avéré non étayé et qui a du être retiré. Ainsi que le Washington Post l'a noté, cette erreur apporte de l'eau au moulin de la propagande médiatique de droite qui alimente la perception que CNN poursuit Trump. Breitbart a titré "des Nouvelles Très Fausses" dans un titre d'article. La direction de CNN s’est immédiatement excusée auprès d’Anthony Scaramucci, le financier et proche conseiller de Trump mis en cause.

Les ennuis ne s'arrêtent pas là pour CNN.  Project Veritas a lancé une série d'émission "American Pravda" visant à dénoncer les fausses informations aux Etats-Unis dans les grands médias. La première chaîne à avoir été visée a été CNN. L'équipe de Project Veritas a filmé en caméra cachée des journalistes de CNN pour avoir leur avis sur les allégations de liens secrets entre Trump et la Russie. Un producteur d'émissions de CNN, John Bonifield, a déclaré sans savoir qu'il était filmé que c'était « plus ou moins un ramassis de conneries pour l’instant ».

Il a poursuivi en déclarant la chaîne d’informations n’a pas de « vraie preuve géante » sur la supposée collusion Trump-Poutine.

Quand on lui a demandé pourquoi, dans ce cas, CNN parlait « constamment de la Russie par ci, la Russie par là », Bonifield a répondu simplement, « A cause des chiffres d’audience ».

 Un autre éminent journaliste expert en politique, de CNN, Van Jones, a déclaré que « le truc sur la Russie est un gros tas de rien du tout ».

 

4.  29 juin 2005. Mort d'un dissident français : François-Xavier Verschave et la Françafrique. Actualité d'un crime français contre l'Afrique.


Le jeudi 29 juin 2005, François-Xavier Verschave est décédé d’un cancer du pancréas foudroyant. François-Xavier Verschave était un dissident français, ancien président de l'association Survie, il avait pourfendu les réseaux françafricains mis en place par Paris pour continuer à piller les "anciennes" colonies françaises. La chape de plomb qui protège le néo-colonialisme français en Afrique est trop lourde, trop étouffante, pour que l’on hésite à employer ce terme. Pour masquer le crime français en Afrique depuis De Gaulle, des universitaires prétendent que la France est entrée dans une ère post-coloniale et façonne l'opinion publique avec ces représentations qui n'ont malheureusement rien à voir avec la réalité des relations de la France avec ses "néocolonies" afrcaines. Verschave a montré en quoi il n'en était rien, comment Paris continuait à contrôler la monnaie de ces "anciennes colonies" au travers du "Franc des colonies françaises" rebaptisé "franc de la Communauté financière en Afrique" dont la parité, la convertibilité avec l'euro et l'émission est contrôlée par le Trésor français. (En 1993, c'est la France sous Balladur qui a dévalué le Franc CFA unilatéralement plongeant ses "anciennes" colonie dans une crise économique sans pareil).
Il a également révélé comment Paris a mis en place des "gouverneurs à peau noir" pour diriger ces pays avec l'aide de conseillers de l'ombre français et le soutien de l'armée française qui continue à occuper ses "ex"-colonies notamment au Gabon, au Tchad, au Sénégal, au Congo-Brazzaville, au Cameroun...  Dans une démonstration magistrale, il évoque la manière dont la France a remis en selle Sassou Nguesso au prix d'une terrible guerre (1997-1999) pour permettre à Elf d'acheter le pétrole moins cher. Il révéla malgré la chape de plomb de la presse comment la France soutient et met en selle des dictateurs dans son pré-carré africain pour pouvoir continuer à en piller ses ressources.

Chirac qui fut un des grands amis et soutien des dynasties ou dictateurs françafricains installés par l'Etat français au Togo, au Gabon, au Tchad, au Congo-Brazaville, au Burkina Faso, au Cameroun, a reconnu des années après avoir quitté le pouvoir que la France devait une grande partie de son statut et de sa richesse au pillage des ressources africaines.

Que serait Total et Bolloré sans l'Afrique ? Verschave fut l'un des premiers à dénoncer dès 1994 le soutien français aux génocidaires rwandais dans l'indifférence des médias français malgré des appels vibrants dans le P.A.F de journaliste ou de citoyens français bien informés.

C'est ce travail de titan associé aux articles de St-Exupéry dans le Figaro et d'associations de citoyens français qui vont être à l'origine de la mission d'information parlementaire française sur le Rwanda en 1998 qui refusera pourtant d'entendre Paul Barril, l'ex-gendarme de l'Elysée qui est intervenu auprès des génocidaires rwandais.

Revue de presse n°2 ; Hersh, Cobayes humains et Etats coloniaux, Mauvaise passe pour CNN, Verschave, Françafrique et génocides

La mission d'information parlementaire sur le Rwanda (à défaut de commission d'enquête parlementaire) si critiquée amènera toutefois son lot de révélations : soutien militaire français avant et pendant le génocide, l'armée française a formé la charnière de l'armée rwandaise la faisant passer de centaines d'hommes à 5000 hommes entre 1990 et 1994, livraisons d'armes même pendant le génocide, soutien politique français au plus haut niveau de l'Elysée envers le gouvernement interimaire qui mène le génocide... La mission d'information parlementaire en 1998 concluait à une "erreur d'évaluation" et préconisait un meilleur contrôle parlementaire de l'exécutif. Ce fut un voeu pieux sous le régime de la Vème gaulliste qui fait du président un chef de guerre à la tête de l'armée couvert par une impunité totale avec un Parlement croupion.

Verschave contribuera à la création d'une commission d'enquête citoyenne en 2003 qui regroupera de nombreux faits sur l'implication française dans le génocide rwandais notamment sur les ventes d'armes aux génocidaires impliquant la Banque de France et la BNP et des allégations de viols collectifs de rescapées Tutsies du génocide par des soldats français censés les protéger. Selon Le Figaro : "Le camp de réfugiés de Nyarushishi cristallise la plupart des accusations. Situé dans l'extrême sud-ouest du Rwanda, il était placé à l'été 1994 sous la protection des militaires français envoyés dans le cadre de l'opération Turquoise. Mais une des déplacées tutsies qui s'est confiée à Causette raconte y avoir été violée à plusieurs reprises par certains de ces hommes censés veiller sur elle. La dernière fois, trois soldats s'en sont pris à elle : «Ils m'ont fait les pires choses, je hurlais pour que quelqu'un m'entende. Quand ils sont partis, j'étais presque morte». Allégations de viols qui d'ailleurs ne sont pas sans rappeler les viols commis par des soldats français sur des mineures en Centrafrique (Du Rwanda au Centrafrique : les militaires violeurs de l'armée française courent toujours) et plus généralement de vieilles traditions coloniales au sein de l'armée française.

 

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Transactions financières entre la BNP, la Banque de France et la Banque nationale rwandaise BNR durant le génocide (source ONU)

Transactions financières entre la BNP, la Banque de France et la Banque nationale rwandaise BNR durant le génocide (source ONU)

Brian Wood et Johan Peleman résument les résultats de l’enquête des Nations Unies sur les ventes d'armes françaises aux génocidaires durant le génocide :

Deux paiements séparés ont été effectués sur le compte de la Banque centrale des Seychelles à la Federal Reserve Bank de New York pour l’achat des armes. Deux montants de 179 965 $ et 149 982,50 $ ont été transférés sur le compte des Seychelles à partir d’un compte de l’Union Bancaire Privée à Genève. Dans un premier temps, les demandes d’information concernant le titulaire du compte adressées par l’UNICOI au Département fédéral du ministère des Affaires étrangères suisse n’ont donné aucun résultat. Le Département fédéral suisse a répondu à l’UNICOI que “les investigations rencontrent de multiples problèmes d’ordre juridique et pratique”. Cependant, en août 1997, le Procureur général de Suisse a envoyé une lettre à l’UNICOI lui notifiant qu’une enquête sur les transactions financières relatives à l’affaire avait été ouverte. Le gouvernement suisse a donné des détails qui attestent qu’Ehlers était en effet le titulaire d’un compte numéroté – 82-113 CHEATA – à l’agence de Lugano de l’Union Bancaire Privée en Suisse.

Le Procureur général suisse a confirmé que les deux paiements séparés de 179 965 $ et 149 982,50 $ ont été effectués respectivement les 15 et 17 juin 1994. Il a de plus affirmé que les 14 et 16 juin 1994, le compte d’Ehlers avait été crédité de 592 784$ et 734 099$. En d’autres termes, un million de dollars a été transféré sur le compte d’Ehlers en plus de ce qui a été payé sur le compte de la Banque centrale des Seychelles à New York.

Le Procureur général a dit à L’UNICOI que ces fonds importants arrivant sur le compte d’Ehlers provenaient d’un compte à la Banque nationale de Paris SA, à Paris, lui-même actionné au nom de “Banque nationale du Rwanda, Kigali”. Alors, d’où cet argent venait-il vraiment ?

Le journal français Le Figaro a tenté de reconstituer ces transactions en avril 1998, mais la Banque nationale de Paris et l’Union Bancaire Privée en Suisse ont décliné tout commentaire sur l’affaire. Des représentants de la Federal Reserve Bank de New York ont renvoyé les journalistes du Figaro vers la banque suisse... (Complicité financière française durant le génocide au Rwanda : BNP, Banque de France, CCR et Nicolas Sarkozy...)

 

23 ans après le génocide, des archives françaises sont toujours fermées. Il faut dire qu'une grande partie de la classe politique française fut plus ou moins compromise par ce scandale. En 1994, il y avait un gouvernement de cohabitation Mitterrand-Balladur même si Mitterrand et son secrétaire de l'Elysée, Hubert Védrine, furent les responsables de l'exécutif, le Premier ministre Balladur, son ministre du Budget Sarkozy, son ministre de la Défense Léotard ne pouvaient ignorer l'implication française dans le génocide d'autant plus qu'ils étaient également aux manettes. Il y a eu une collaboration étroite des autorités françaises avec les responsables du génocide au Rwanda.

Récemment, en ce mois de juin 2017, cette affaire est ressortie suite à une plainte de trois associations, avec constitution de partie civile, contre BNP Paribas pour "complicité de génocide, de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre". (France inter).

 

Concernant les ventes d'armes, Patrick de Saint-Exupéry révèle dans Afrique XXI, ce que contiendraient les archives de l'Elysée auxquels ont eu accès des hauts fonctionnaires malgré que celles-ci soient fermées. Il met en cause un ordre venu de l'Elysée pour réarmer les génocidaires rwandais :

" Ce qu'il dit dans ses confidences, c'est « qu'il y avait dans ces cartons des documents sur le rôle de la France au Rwanda avant, pendant et après le génocide... Au cours de l'opération Turquoise, ordre avait été donné de réarmer les Hutus qui franchissaient la frontière » vers le Zaïre, actuelle République démocratique du Congo, pendant la première quinzaine de juillet 1994. Nous sommes un mois et demi après que le Haut-Commissaire aux Nations unies a qualifié les événements de « génocide », et après le vote, le 17 mai 1994, de l'embargo sur les livraisons d'armes au Rwanda. Le haut fonctionnaire poursuit en précisant qu'il y avait « plusieurs documents sur des droits de retrait que des militaires auraient invoqués » pour désobéir aux ordres. Il dit aussi avoir vu « une note dans la marge disant qu'il fallait s'en tenir aux directives fixées », signée de la main d'Hubert Védrine (alors secrétaire général de l'Élysée, de François Mitterrand, NRLD). Le haut fonctionnaire ajoute avoir fermé les cartons et dit qu'il serait très problématique pour les personnes impliquées que ces documents soient publiés. " (Le Point Patrick de Saint-Exupéry : "Ordre a été donné par la France de réarmer les génocidaires hutus" )

Le travail remarquable initié par Verschave fin des années 1990 est la continuation du travail débuté par le journaliste-écrivain Mongo Beti dont le livre "Main basse sur le Cameroun" avait été censuré par les autorités françaises dans les années 1970.

Main basse sur le Cameroun. Autopsie d'une décolonisation
Mongo BETI

Mongo Beti (1932-2001), écrivain camerounais, est connu pour ses romans, qui ont joué un rôle important dans la prise de conscience du colonialisme et dans la lutte contre celui-ci.
Publié en 1972 par les Éditions François Maspero, Main basse sur le Cameroun était un réquisitoire contre les crimes du président Ahidjo, dictateur du Cameroun par la grâce du néocolonialisme français. Son but fut largement atteint, semble-t-il, puisque le livre fut interdit, saisi, l’éditeur poursuivi, et l’auteur l’objet de multiples pressions et menaces.
Sa réédition, en 1977, dans une version revue, était encore d’une actualité brûlante à l’heure de l’intervention française au Zaïre. Mongo Beti montre en effet que les anciennes colonies d’Afrique occidentale française et d’Afrique équatoriale française, formellement indépendantes depuis les années 1960, n’en sont pas moins restées étroitement contrôlées par la France.
Trente ans plus tard, ce livre reste un document historique majeur, indispensable pour comprendre les évolutions ultérieures de la « Françafrique ». Une préface inédite, d'Odile Tobner, présidente de Survie, retrace l'histoire mouvementée de ses différentes éditions.

Mongo Beti y révélait la terrible répression organisée par De Gaulle-Messmer pour maintenir le Cameroun sous l'égide française en soutenant des dictateurs favorables aux intérêts français. Ce fut une terrible guerre qui durera de 1956 à 1970 où l'armée française assassinera les leaders indépendantistes au Cameroun et en Suisse.

ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !

ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !

ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !

L'Etat français, dans l'ombre de la guerre d'Algérie, va mettre en place au Cameroun des camps sur le modèle des camps de concentration nazi selon Le Canard enchaîné et va participer à des massacres de masse à caractère génocidaire.

Le Canard Enchaîné 27 avril 2011 Une guerre française au Cameroun cachée pendant quarante ans
Références nazies A l'approche de l'indépendance promise en 1960 par de Gaulle, la France met en place une administration néocoloniale. On installe ainsi le président Amadou Ahidjo, et l'on dote le pays d'une Constitution sur mesure, assortie d'accords secrets d'assistance militaire. Les conseillers du Président sont nommés par les Français. Au nombre desquels Samuel Kamé, qui avoue son admiration pour les régimes fascistes et cite volontiers Hitler et Goebbels. C'est avec ces alliés que Paris prépare son ultime opération avant de retirer le gros de ses troupes : la liquidation de l'UPC, qui persiste à combattre pour une authentique indépendance.
Camps à l'allemande Depuis la fin 1959, les opérations antiguérilla se sont intensifiées. La torture n'a plus pour seul but de faire parler les chefs maquisards, elle devient systématique à l'égard des opposants. Gégène, baignoire, balançoire, importées d'"Indo" ou d'Algérie, sont pratiquées dans tous les postes de police. Des prisonniers sont jetés vivants dans les chutes d'eau de la rivière Metchié. L'un deux, en tombant entraînera d'ailleurs dans la mort un gendarme français. Des camps de concentrations sont édifiés. Ancien haut-commissaire (il sera plus tard ambassadeur, puis maire de Cannes), Maurice Delaunay évoque, dans ses Mémoires, celui de Bangou : "J'avais été prisonnier en Allemagne, je savais comment ça se passait ! J'avais fait un camp avec des barbelés, des miradors". Il abrite 700 à 800 détenus, gardés par des gendarmes français et camerounais.
L'année 1960 est terrible. "Je décide d'entreprendre une véritable reconquête", écrit le Premier ministre, Michel Debré. Une note secrète (mars 1960) de l'état-major, dirigé par le général Max Briand, recommande d'"annihiler les groupes terroristes...et leurs sympathisants", ce qui autorise les massacres de masse. Briand a rapporté cette riche idée : exposer les têtes coupées des rebelles sur la place publique. L'ouest du pays est bombardé. Des centaines de milliers de personnes sont déplacées dans "des villages de regroupement". En octobre, le SDECE (future DGSE) repère le chef de l'UPC, Felix Moumié, à Genève et le fait assassiner (empoisonnement) par son agent William Bechtel."

Officiellement, la France reconnaît 40.000 morts tandis que des témoignages locaux évoquent le chiffre d'un million. Autant dire que la censure française a permis la forclusion de ces crimes gaullistes contre l'humanité et qu'ils ont contribué à l'amnésie généralisée avec une bienveillance médiatique et politique qui a permis la reconduction des crimes néocoloniaux français en Afrique au Rwanda, en Côte d'Ivoire ou en Libye. L'amnésie menant à la reconduction est soigneusement entretenue.
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Ainsi François Fillon, connu pour son discours pro-colonialiste, déclarait en 2009 alors qu'il était Premier ministre que cette guerre n'avait jamais existé : " - "Je déni absolument que des forces françaises aient participé en quoi que ce soit à des assassinats au Cameroun et tout cela n'est que de la pure invention".

Le ministre des Affaires étrangères de François Hollande, Laurent Fabius, déclarera quant à lui en réponse au Parlement  : "La période évoquée appartient à l'Histoire et aux historiens à qui il appartient désormais d'exploiter les archives rendues disponibles pour apporter leur éclairage sur la période."

Il est à noter encore ici qu'une partie des archives n'est toujours pas accessible presque cinquante ans plus tard.

Pour comprendre l'implication de ces crimes passés sur le présent de la relation françafricaine entre la France et le Cameroun, il suffit de lire un article du Monde daté du 23 juin 2008 (Comment le Cameroun est passé de la colonisation à la dictature), permettant de mieux appréhender l'imposture de ces universitaires qui se pavanent dans le P.A.F en prétendant que la France est un état post-colonial :

"La France choisit le futur président Ahidjo, non sans avoir tout fait pour écraser le principal parti d'indépendance, l'UPC (Union des populations du Cameroun)... La répression contre l'UPC est d'une extrême violence : tortures, assassinats, exposition des têtes coupées des victimes, bombardements...Epaulées par l'armée française, les forces camerounaises appliquent ses méthodes. Dix années de terreur et des centaines de milliers de morts seront nécessaires pour venir à bout de l'opposition. Aujourd'hui, Paul Biya, héritier du régime Ahidjo, conserve le soutien de la France".

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François Hollande finira en 2015 par reconnaître du bout des lèvres la "répression tragique" au Cameroun effectuée par l'armée française lors d'une conférence de presse en présence de Paul Biya (qui a été installé avec la bienveillance de l'Etat français) dans un contexte où le chef de guerre Hollande visitait le Cameroun pour favoriser l'obtention de marchés pour les entreprises françaises au Cameroun tels que Bolloré.

Pour beaucoup les méthodes utilisées par l'Etat français au Cameroun marque le début de la Françafrique et des méthodes françafricaines barbares. Ce sont des méthodes dignes de la coloniale et du régime de Vichy que les autorités françaises utilisent dans leur pré-carré francophone en Afrique depuis 60 ans. On ne sera pas surpris de constater que cela s'est reproduit avec une intensité, une échelle et une ampleur plus importante au Rwanda en 1994. Mais l'on pourrait parler de la situation de la Côte d'ivoire où l'Etat français a tout fait pour destituer le président Laurent Gbagbo afin d'installer Ouattara avec la complicité de bon nombre de médias en 2011 qui ont systématiquement pris fait et cause pour les rebelles du camp ouattara soutenu par le chef de guerre Sarkozy. Oui Sarkozy avait raison de dire : « On a sorti Gbagbo et installé Ouattara, sans aucune polémique ». Oui, à l'époque il n'y a pas eu beaucoup de polémique dans les médias traditionnels français. Les fraudes électorales massives en faveur du camp Ouattara n'ont guère été dénoncées par la presse mainstream de l'époque. Tous soutenaient une intervention militaire française en Côte d'Ivoire contre Gbagbo, le petit doigt sur la couture du pantalon. Ce n'est que relativement récemment que la journaliste française, FannyPigeaud,  a révélé en détail, sur Mediapart et dans un livre, les fraudes massives en faveur de Ouattara qui ont faussé le résultat des élections. Un procédé fréquent en Françafrique. Même le régime Ouattara a reconnu par mégarde des fraudes.

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Lorsqu'il y a eu des élections contestées en Autriche en 2016 avec de lourds soupçons de fraudes, l'ONU,les USA, la France sont-ils intervenu pour installer un candidat particulier ? Non l'Autriche, état indépendant, a appelé à un recomptage des voix puis à la réorganisation des élections. En Françafrique, l'armée française est intervenue pour destituer Gbagbo et installer Ouattara en soutenant les rebelles pro-Ouattara qui ont commis des massacres à caractère génocidaire à Duékoué sans que cela n'émeuve outre mesure les médias faiseurs d'opinion. Une marque de fabrique génocidaire à la française en Afrique rappelant les vieilles traditions coloniales ?

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Bien sûr ceux qui ont contribué aux massacres de masse à Duékoué contre les communautés soutenant Laurent Gabgbo n'ont ni été jugés par la justice ivoirienne et encore moins par la CPI qui par contre à jeté Laurent Gbagbo dans ses geôles pour un procès qui s'éternise dont il n'est pas prêt de sortir vivant.

Inutile de dire que cet évènement a été expulsé de la mémoire collective française. Ainsi lorsque le nouveau chef de guerre français, Macron,  va commémorer le 10 juin 2017 le massacre d'Oradour sur Glane, il n'a aucun souci à recevoir Ouattara à l'Elysée le lendemain. Forclusion ou/et conception sélective des droits de l'homme ?

La situation actuelle est pire, on est passé du néocolonialisme à l'occupation militaire des "anciennes" colonies françaises. Les réseaux françafricains ne sont plus simplement des acteurs politiques, économiques et civils français et africains organisant le pillage des ressources africaines, ils sont maintenant tout bonnement militaires. L'armée française occupe la Côte d'Ivoire après y avoir installé Ouattara favorable aux intérêts français. Sous l'égide du chef de guerre Sarkozy et de son Premier ministre Fillon, elle a contribué en collaboration avec la Grande-Bretagne, le Qatar et l'OTAN à la destruction de l'Etat libyen et à l'élimination du leader panafricain Kadhafi qui selon des e-mails de Clinton voulait installer en Afrique une monnaie étalonné sur l'or pour concurrencer le franc CFA. Les Etats français et britannique ont contribué avec le Qatar aux financements et au soutien militaire et politique des milices djihadistes en Libye pour destituer Kadhafi avec le soutien de presque l'ensemble de la classe politique française droite comme de gauche et des médias traditionnels. Le prétexte était les massacres que préparaient Jadhafi à Benghazi dénoncés par la FIDH et la Ligue libyenne des droits de l'homme. Or, il s'est avéré après la guerre qu'il n'y avait aucune preuve de ces allégations effectuées par le Comité National de Transition Libyen qui soutenait la rébellion contre le régime Kadhafi. Des sources d'informations anciennes et plus récentes comme le récent rapport de la commission d'enquête parlementaire britannique mettent sérieusement à mal les justifications de Cameron et Sarkozy pour entrer en guerre en Libye. Mediapart dans un article intitulé "Le parlement britannique remet en cause les raisons de la guerre en Libye de Sarkozy" évoque l'éventualité d'un "grand mensonge d'Etat".

 

Après la guerre, le président du CNT (Conseil national de transition libyen) avait déclaré lui même sur Chanel One que Kadhafi n'était pas à l'origine de la fusillade de Benghazi. Il s'agit de Mustapha Abdu Jalil haut responsable de la "révolution libyenne".

"Kadhafi n'a pas ordonné la fusillade qui a été à l'origine de la fausse révolution en Libye. Maintenant, après la destruction de la Libye, Jalil avoue au monde sur Channel One que les manifestants qui ont été tués à Benghazi qui ont été le prétexte fourni à l'ONU et à l'OTAN pour attaquer la Libye ont été tués par un groupe d'espions et de mercenaires qui n'étaient pas de Libye. Il admet qu'il savait la vérité à l'époque mais cela a été fait pour abattre le gouvernement libyen et briser l'Etat. Il admet qu'il a été informé à l'avance que cela allait se produire et que les gens de la Libye n'ont pas reconnu les manifestants morts parce qu'ils portaient des vêtements civils et qu'il n'y a eu personne qui est venu à leurs funérailles comme ils n'avaient pas de parents ou d'amis en Libye."

Les allégations selon lesquelles Kadhafi aurait réprimé son propre peuple à Benghazi émanent du responsable de la Ligue libyenne des Droits de l'homme, le Dr Slimane Bouchuiguir (membre également du CNT et en lien étroit avec la FIDH), qui a fini par reconnaître qu'il n'avait aucune preuve quant à ce qu'il alléguait. Pourtant ces allégations ont été instrumentalisées par la France, la Grande-Bretagne, les USA, Israël devant le conseil de sécurité de l'ONU pour justifier sans preuve une guerre humanitaire contre le pouvoir de Kadhafi et la Libye.

Le journaliste d'investigation Julien Teil explique dans les vidéos ci-dessous, comment des opposants au colonel Kadhafi s'étaient déguisés en ONG pour intervenir au Conseil des Droits de l'Homme à l'ONU, et comment la Cour pénale internationale a cautionné une guerre déjà en cours avec une accusation contre Kadhafi basée sur les même mensonges. En réalité, les affirmations selon lesquelles le colonel Kadhafi s'apprêtait à commettre un massacre à Benghazi, où que l'aviation libyenne avait bombardé des rebelles à Tripoli même, étaient des pures inventions que certaines personnes bien informées avaient reconnues comme tels au moment des faits.

ais plus récemment, c'est un rapport parlementaire britannique qui a sérieusement mis en cause les motivations humanitaires avancées par Cameron et Sarkozy pour légitimer leur guerre en Libye en 2011. Selon le rapport de la Commission des affaires étrangères britanniques (Libya: Examination of intervention and collapse and the UK's future policy options), l’opération était basée sur « des postulats erronés » et « une analyse partielle des preuves ». Le gouvernement britannique « n’a pas pu vérifier la menace réelle que le régime Kadhafi faisait peser sur les civils (à Benghazi et à Tripoli, ndlr) et a échoué à identifier les factions islamistes radicales au sein de la rébellion ». Le rapport ajoute, que "la stratégie britannique a été fondée sur des suppositions fausses et une compréhension incomplète de la situation".

Cette récente Commission qui a publié son rapport le 14 septembre 2016 (qui visiblement n'a pas encore rejoint les bureaux de France Télévision) accepte aujourd'hui comme sans fondement au paragraphe 32 du rapport, les allégations selon lesquelles Kadhafi aurait massacré son propre peuple à Benghazi. Le rapport déclare qu'aucune preuve n'existait que Kadhafi allait massacrer des civils. De plus, le Washington Times révélait que les services de renseignement US, contrairement à ce que prétendait Hillary Clinton, n'ont rassemblé aucune preuve spécifique d'un génocide menaçant en Libye au printemps 2011. L'article du WT précise même : "Le fort plaidoyer pour l'intervention contre le régime libyen a reposé plus sur des arguments spéculatifs de ce qui pourrait arriver aux civils que sur des faits rationnels et vérifiés".

Le rapport britannique ajoute, quant à lui, que ce sont les efforts diplomatiques de la France qui ont ouvert la voie aux opérations militaires en Libye. Et Nicolas Sarkozy aurait poussé à l'intervention afin, dit la commission, d'«accroître l'influence française en Afrique du Nord» mais aussi d'«améliorer sa situation politique en France». Pour arriver à cette conclusion explosive, les parlementaires s'appuient sur des échanges de 2011 entre les services secrets français et la secrétaire d'Etat étatsunienne, une certaine Hillary Clinton. Ils ont aussi épluché les mails échangés entre cette dernière et l'un de ses conseillers, Sidney Blumenthal, rémunéré 10 000 dollars par mois, non pas par le gouvernement étatsunien mais par la désormais célèbre Fondation Clinton.

Selon des courriels d'Hillary Clinton, les rebelles libyens auraient été formés par les services secrets français, informations également évoquées par une source de la CIA. D'après ces courriels, les services secrets français - "ont commencé une série de réunions secrètes" avec Abdu Jalil et le général Abdul Fatah Younis dans Benghazi fin février en leur donnant de "l'argent et des conseils" pour configurer le conseil des rebelles (CNT), dont la formation a été annoncée le 27 février. Des officiers, "parlant sous ordres [de Sarkozy] ont promis qu'aussitôt que [le conseil] serait organisé, la France le reconnaîtrait comme le nouveau gouvernement de la Libye." "En échange de leur aide, "les officiers de la DGSE ont indiqué qu'ils s'attendaient à ce que le nouveau gouvernement de la Libye puisse favoriser les sociétés françaises et les intérêts nationaux, particulièrement quant à l'industrie pétrolière en Libye."

Pourtant, lorsque Pujadas interroge sur France 2 à juste titre Sarkozy sur sa responsabilité dans l'assassinat de Kadhafi il maintient cinq ans plus tard la version des médias traditionnels sur la menace que Kadhafi faisait peser sur Benghazi alors que des rapports récents et anciens remettent sérieusement en cause la version qui a permis de faire passer à l'ONU un mandat pour intervenir au nom du Right to Protect, Résolution 1973, nouvelle version de l'intervention coloniale au nom de la "civilisation" à l'instar de ce qui s'est passé en Irak avec les prétendues armes de destruction massives de Saddam Hussein qui n'existaient pas.

 

Un rapport commandé et validé par le ministre français de la Défense a également mis en cause la politique belliciste de Nicolas Sarkozy et de David Cameron dans le chaos organisé en Libye. Ce document de 75 pages pointe la responsabilité de la France et de la Grande-Bretagne pour avoir créé en Libye un désordre imprescriptible, après sept mois de bombardements intensifs. Selon ce rapport, d'après Le Canard Enchaîné "l'interprétation belliciste (de Sarkozy,ndlr) de la résolution 1973 de l'ONU...a eu pour résultat de provoquer un chaos dont on peut mesurer, aujourd'hui, les répercussions sur l'ensemble de la zone sahélienne". On se souviendra que l’ancien directeur de la Direction de la surveillance du territoire (DST), service de renseignements du ministère de l'Intérieur, Yves Bonnet, avait lui aussi accusé en 2012 le président Nicolas Sarkozy d’être responsable « du chaos en Libye, au Mali », soulignant que "le gouvernement du président Nicolas Sarkozy et l'OTAN avait entraîné la Libye dans un chaos et une perturbation sans précédent ", et d'ajouter que "ces deux parties savaient parfaitement la taille des conflits tribaux là-bas et ses conséquences dans le cas où le pays sortait de sa stabilité". (Al Manar avril 2012 Ex-directeur de la DST : Sarkozy est responsable du chaos en Libye et au Mali)
Le rapport d'IRIS en 2013 et validé par le ministère français de la Défense sans aucune critique, pointe également la responsabilité des royaumes du Golfe, nommément l'Arabie Saoudite et le Qatar, pour avoir créé et financé avec le soutien français un sanctuaire pour les groupes djihadistes salafistes au sud de la Libye "constituant autant de bases arrières pour des groupes salafistes armés engagés au Mali et en Syrie".
(Un rapport commandé par le ministère français de la Défense pointe la responsabilité de Sarkozy et Cameron dans "le chaos" créé en Libye)

Cette opération militaire franco-britannique en Libye s'est donc accompagnée du soutien des rebelles djihadistes qui ont organisé des massacres de masse contre les populations libyennes noires ou sub-sahariennes relevant de crimes contre l'humanité jamais jugés.

ATTENTION IMAGES CHOQUANTES ! Massacre des "Noirs" par les "rebelles démocrates" soutenus par la France, la Grande-Bretagne, Israël et les USA

ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !

Il y a eu des crimes de guerre réalisés délibérément par l'Etat français en Libye. Ainsi la France et la Grande-Bretagne ont détruit délibérément les ressources et les infrastructures hydriques libyennes, selon The Ecologist.
Les bombardements massifs de zones civils à Syrte relèvent également de crimes de guerre peu abordés par les médias français. Silence radio même quand le premier ministre de Sarkozy, Fillon, qui a avalisé ces crimes se présentent aux élections présidentielles 2017. La presse française a plus parlé de ses liens avec l'homme des réseaux françafricains Robert Bourgi que son action au côté du chef de guerre Sarkozy en Libye.

Revue de presse n°2 ; Hersh, Cobayes humains et Etats coloniaux, Mauvaise passe pour CNN, Verschave, Françafrique et génocides
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