« Dans ces pays-là, un génocide, ce n’est pas trop important ».
Propos de François Mitterrand rapporté par Patrick de Saint-Exupéry.
Dans un portrait plutôt hagiographique, JAI revient sur le parcours militaire du nouveau chef d'état-major des armées de Macron, le général Lecointre. JAI donne sa version de son parcours militaire dans les troupes françaises au Rwanda, en s'appuyant sur ses frères d'armes, pour le moins loin d'être les plus objectifs. Sans infirmer les dires de Jacques Morel dans les colonnes de l'Humanité, ses collègues déclarent que ce serait trop lui faire d'honneur que de considérer qu'il ait joué un rôle de premier plan dans le soutien aux génocidaires rwandais tout en reconnaissant un rôle de collaboration avec un génocidaire notoire d'une région rwandaise condamné par le Tribunal Pénale Internationale pour le Rwanda à la perpétuité :
"...Complaisance avec un génocidaire ?
Son passage au Rwanda est plus controversé. Selon Jacques Morel, ancien mathématicien au CNRS, le jeune capitaine Lecointre a alors « collaboré » avec Alfred Musema, l’un des planificateurs du génocide dans la région de Kibuye, qui dirigeait l’usine à thé de Gisovu.
Cinq ans plus tard, au cours de son procès devant le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), au terme duquel il fut condamné à la réclusion à perpétuité, le génocidaire aurait produit pour sa défense une lettre datée du 18 juillet 1994 dans laquelle le capitaine Lecointre l’aurait informé qu’il allait changer de secteur et laisser le périmètre de Gisovu à un subordonné.
« Ce document montre que leurs relations étaient cordiales », affirme Morel. Le général Lecointre se souvient-il de cette missive ? « Pas formellement, témoigne l’un de ses frères d’armes du 3e régiment d’infanterie de marine (RIMa). Mais il dit que l’existence de cette lettre est probable.
À l’époque, il appartenait à un groupement commandé par le colonel Patrice Sartre et ne dirigeait qu’une compagnie de 130 hommes, aux côtés de quatre autres compagnies. » Le général Thorette renchérit : « Au Rwanda, le capitaine Lecointre n’était pas à un poste de responsabilité. Ce serait lui faire un mauvais procès que de lui attribuer un rôle dans le génocide.»..." (JAI "De la Somalie à la Côte d’Ivoire en passant par le Rwanda, itinéraire du nouveau chef d’état-major des armées françaises")
Complaisance ou collaboration ? A-t-on connu de pareilles actes sous le régime de Vichy ? Le problème au Rwanda c'est que la majorité de l'Etat-major et du gouvernement français en place soutenaient le gouvernement intérimaire rwandais qui a perpétué le génocide et qu'il n'y avait pas beaucoup de résistance en France et ailleurs. Mais était-ce bien différent du rôle de l'Etat français sous le régime du Maréchal Pétain ? Sans doute les historiens dans un ou deux siècles nous en dirons un peu plus tout comme les historiens turcs sur le génocide arménien.
JAI semble nous dire de circuler, pourtant les faits rapportés ici sont loin d'être anodins, ils sont même très graves. Il est vrai que le problème dépasse largement le seul Lecointre qui est un pion dans un engrenage qui le dépasse et relève d'un problème d'ampleur nationale (voir l'article plus bas).
Le journal qui se présente comme "panafricain" conclu que "Lecointre est Macron compatible". On ne sait pas pour qui c'est un compliment quand on connaît les propos profondément racialistes et méprisants de Macron à l'égard des Africains. Installer un homme issu de la coloniale (troupes du régiment d'infanterie de marine) avec le passif rwandais évoqué par JAI et l'Humanité, à la tête de l'armée ne laisse rien présager de bon quand on connaît l'action émaillée de nombreux massacres à caractère génocidaire des précédents chefs de guerre français en Afrique (en Libye, en Côte d'Ivoire et en Centrafrique).
Lire également chez JAI :
- Au Rwanda comme en Bosnie, les agresseurs ont été préservés par l’armée française, raconte un ancien militaire
Lire également :
- Génocide rwandais. Le général Lecointre choisi par Macron comme chef d'Etat-major des armées doit-il comparaître devant la CPI ?
Lire également :
- Jacques Morel : « Le nouveau chef d’état-major défendait les auteurs du génocide rwandais » (L'Humanité)
A lire pour comprendre l'ampleur de la collaboration française au Rwanda :
Lire : - Complicité financière française durant le génocide au Rwanda : BNP, Banque de France, CCR et Nicolas Sarkozy...
Extrait :
..."En 2007, le témoignage de Martin Marschner apporte plus de précisions sur le financement français du gouvernement intérimaire (GIR) durant le génocide et des connexions étranges entre BNP paris, Banque de France, Caisse Centrale de Réassurance, Trésor Public et Banque Nationale rwandaise. Martin Marschner s'est dit en mesure de prouver qu’une caisse noire, a été mise en place par l’Etat français à l'époque où Sarkozy était ministre du Budget pour servir les services secrets - caisse que Marschner aura contribué, malgré lui, à alimenter - Celle-ci aurait été presque exclusivement utilisée, entre mars et juillet 1994, pour financer le gouvernement intérimaire rwandais alors que ce dernier encadrait et supervisait le génocide de près d’un million de personnes. Selon Marschner, c'est le contribuable français sous la houlette du ministère des finances qui a contribué à financer le génocide au Rwanda : "Le 14 septembre 1994 survint un coup de théâtre : le trésor public français remboursa cet argent. « Une société étatique qui perd un milliard et, 15 jours plus tard, le contribuable qui renfloue la somme, sans aucun élément d'explication, cela constitue un événement anormal. Le contribuable français a ainsi remboursé l'argent détourné par ses dirigeants pour financer le génocide », a affirmé M. Marschner.
"Martin Marschner von Helmreich, partenaire de la Caisse Centrale de Réassurance (CCR), a indiqué que des sociétés de l'Etat français ont financé l'achat d'armes utilisées par les forces génocidaires, par l'entremise de la BNP-Paris."...