Revue de presse n°7 du dimanche 30 juillet au samedi 19 aout 2017
Voici les thématiques sélectionnées durant la semaine du 30.07 au 19.08.17 par SLT que vous ne retrouverez pas ou peu dans le P.A.F :
- La guerre de Gaza n'aura pas lieu
Sources : New York Times, Yediot Ahronot, Haaretz.
- L'Unicef et l'ONU complices des crimes de guerre saoudiens au Yémen avec la Grande-Bretagne et les USA ? Et la France ?
Sources : The Lancet, The Guardian, Reuters, Amnesty International, Mondafrique
- Au lendemain des attentats meurtriers de Londres et Barcelone, Theresa May refuse de diffuser le rapport sur le soutien et le financement saoudien envers l'extrémisme islamiste en Grande-Bretagne.
Sources : The Independent, Consortium News
- Quand Trump faisait l'apologie des massacres de masse de Musulmans et incitait à l'Islamophobie.
Sources : Think Progress,Vanity Fair
Articles traduits sur SLT
- Il faut sanctionner les Saoudiens pour l'épidémie de choléra au Yémen - Ils ciblent la population civile (The Guardian)
- Les avions de chasse de la coalition menée par les Etats-Unis ont bombardé l'armée syrienne dans le village de Kadir dans le centre de la Syrie. Une attaque de l'EI a suivi selon des rapports (Southfront)
- L'armée syrienne retrouve des agents chimiques britanniques et étatsuniens dans des dépôts d'armes repris aux terroristes (TASS)
- L'armée US va occuper la Syrie pendant les décennies à venir (Al Masdar News)
- La prochaine guerre de Gaza menace d'éclater. Voici comment l'empêcher (New York Times)
Le Macron's Watch
- Macron's Watch n°3. CPI; Recolonisation; OTAN; Néolibéralisme
- Macron's Watch n°2. Mépris, Aliénation et Crimes de guerre
- Macron's Watch n°1. Hollandisation ?; Néocolonialisme au sommet de l'armée; Rafle du Vel d'Hiv' et duplicité; FRançafrique, néocolonialisme et suprématie blanche
- Pourquoi un Macron's Watch ?
- Macron héritier de la Françafrique est-il raciste ? Vers un Macron's Watch [Vidéos]
La guerre de Gaza n'aura pas lieu
En Israël et dans les territoires palestiniens, la population a appris à accepter qu'une guerre en suit une autre, tous les deux ou trois ans. "Un conflit inévitable à Gaza," fut le titre d'un article publié dans le quotidien Yediot Ahronot au début du mois d'avril. "Avec le Liban qui ne cache plus son rôle de soutien envers le Hezbollah, la prochaine guerre doit frapper les civils là où cela fait mal" a déclaré le ministre israélien en avril 2017 selon Haaretz. Pourtant, selon le New York Times, celle-ci demeure largement évitable. Deux chercheurs ( Nathan Thrall et Robert Blecher) de l'International Crisis Group ont écrit dans le NYT un article intitulé : "The Next War in Gaza Is Brewing. Here’s How to Stop It" ("La prochaine guerre de Gaza menace d'éclater. Voici comment l'empêcher") où ils décrivent comment éviter cette guerre. Nathan Thrall, est un analyste de l'International Crisis Group, auteur de “The Only Language They Understand: Forcing Compromise in Israel and Palestine”. Robert Blecher est le conseiller et directeur pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord de l'International Crisis Group (ICG). Les auteurs pointent clairement le rôle des autorités israéliennes et palestiniennes dirigées par le Fatah, ils accusent ces deux leadership d'imposer de concert des taxes considérables aux populations aggravant la pauvreté et la misère dans la bande de gaza.
Les auteurs pointent avant tout la responsabilité d'Israël qui agit de concert avec l'Egypte pour isoler la bande de Gaza :
"La base réelle des problèmes de Gaza repose dans le rôle qu'Israël et l'Égypte joue pour isoler Gaza, aussi bien qu'aux décisions d'Israël et de la communauté internationale de soutenir l'illusion que l'autorité palestinienne contrôle le territoire et devrait donc avoir le droit de taxer ses marchandises et recevoir et administrer par elle même son aide. Pendant 10 ans, Israël et la plupart des pays de la communauté internationale ont cherché à affaiblir les dirigeants de Gaza en feignant qu'ils n'existaient pas. Israël perçoit des impôts sur toutes les marchandises qu'il envoie dans Gaza et transfert cet argent à l'autorité palestinienne, sachant parfaitement que l'autorité envoie cet argent non pour faire fonctionner les services à Gaza, mais pour les anciens salariés de l'autorité palestinienne, qui pendant une décennie ont été payés à ne rien faire pour entraver le gouvernement mené par le Hamas".
Les auteurs ne manquent pas de signaler l'étrange jeu des autorités palestiniennes supplétives dirigées par le Fatah de Mahmoud Abbas :
"C'est l'autorité palestinienne qui aggrave la détresse de Gaza. Ces derniers mois, l'autorité a conditionné l'approvisionnement en pétrole dans la bande de Gaza au paiement d'un impôt conséquent; a sévèrement coupé les compensations salariales aux salariés de l'autorité palestiniens dans Gaza; a réduit ses paiements à Israël pour son approvisionnement en électricité à Gaza; a empêché un grand nombre de patients de recevoir des traitements à l'extérieur du territoire; a forcé des milliers de fonctionnaires de Gaza à prendre leur retraite anticipée; a interdit aux banques de Gaza de transférer des paiements en Égypte pour obtenir du carburant pour la seule centrale électrique de la Bande; et menacé de couper des prestations sociales à environ 80.000 familles". Le résultat a été une catastrophe humanitaire. Gaza est sur le point de s'écrouler. L'électricité est rare, l'eau est imbuvable et des vidanges non traitées sont rejetées à la mer. Les patients dont les transferts hors de Gaza ont été refusés sont morts."
Même l'autorité israélienne partagerait les analyses des deux experts de l'ICG : " La crise a sensibilisé quelques analystes israéliens et décideurs au risque accru d'un nouveau conflit. Fin avril, Giora Eiland, un conseiller de la sécurité nationale sous l'ancien Premier ministre Ariel Sharon, a averti que l'autorité palestinienne "pousse le Hamas à prendre la seule option qu'ils ont et d'ouvrir le feu sur Israël et d'attirer à nouveau l'attention de la communauté internationale." Il a ajouté : "l'autorité palestinienne veut rendre la situation à Gaza aussi précaire que possible de manière à faire en sorte que le Fatah prenne le pas sur le Hamas. Ainsi tant le peuple d'Israël que de Gaza va payer le prix du jeu politique cynique de l'autorité palestinienne".
L'ICG en vient donc à considérer dans les colonnes du NYT, que l'autorité palestinienne du Fatah pourrait voir un soulèvement du Hamas comme une aubaine pour sortir du marasme dans lequel est plongé la bande de Gaza en mobilisant la communauté internationale et en isolant par là même son ennemi juré du Hamas. Pour les auteurs de l'ICG la meilleur façon d'éviter une nouvelle guerre dans la bande gaza serait que l'autorité palestinienne supplétive dirigée par le Fatah et les autorités israéliennes cessent de racketter la population gazaoui et que les taxes sur les produits entrant dans la bande de Gaza aillent directement à l'autorité en place à Gaza, à savoir le Hamas : "La façon la plus facile et la plus durable d'éviter un avenir catastrophique est de faire en sorte que les marchandises consommées par deux millions de personnes à Gaza soient taxées seulement par le gouvernement qui les sert".
L'Unicef et l'ONU complices des crimes de guerre saoudiens au Yémen avec la Grande-Bretagne et les USA ? Et la France ?
C'est ce qu'affirment, à peine à mots couverts, des chercheurs du Queen Mary University de Londres dans le célèbre journal britannique scientifique, The Lancet.
Selon ces auteurs, l'Unicef a occulté la responsabilité de l'Arabie saoudite dans l'épidémie de choléra qui sévit au Yémen. En effet selon ces auteurs, l'Unicef et l'ONU se gardent de mentionner la responsabilité de la coalition menée par l'Arabie saoudite (avec le soutien des USA, de la France, de la Grande-Bretagne et d'Israël) :
"À la fin de juin 2017, l'UNICEF et l'ONU ont publié une déclaration déclarant que le Yémen "fait face à la pire épidémie de choléra dans le monde". La déclaration indique que l'épidémie est causée par la guerre civile qui a commencé en 2015, mais ces instances ne suggèrent pas qu'un camp soit plus responsable qu'un autre, notant simplement que "deux ans de lourd conflit" ont abouti à "l'effondrement du système sanitaire, de l'eau et des systèmes d'assainissement". Il n'indique pas non plus qu'un côté a été plus affecté par l'épidémie, déclarant que "le choléra s'est étendu à presque chaque gouvernorat".
Or selon les auteurs de l'article du Lancet qui s'appuient sur les statistiques de l'ONU et des données issues du renseignement :
" Quand on combine les dernières données épidémiologiques de l'ONU pendant la période du 27 avril au 31 juillet, 2017, avec les données des renseignements qui dresse la carte des zones de contrôle gouvernemental et rebelle, il est clair que l'épidémie de choléra affecte d'une façon disproportionnée les zones contrôlées par les rebelles Houthi".
Puis les auteurs mettent clairement en cause la responsabilité de la coalition saoudienne avec la mansuétude de l'UNICEF :
«Les frappes aériennes de la coalition dirigée par l'Arabie saoudite ont détruit les hôpitaux et les systèmes d'approvisionnement en eau et ont obligé les gens à vivre dans des conditions de promiscuité insalubres. Compte tenu du rôle joué par la coalition dans la destruction de l'infrastructure du Yémen, il est extrêmement surprenant que l'UNICEF ait récemment loué la «générosité» de l'Arabie saoudite qui a débloqué 67 millions de dollars pour la lutte contre le choléra».
On se souviendra également qu'en mai-juin 2016, l'ONU après avoir mis l'Arabie saoudite sur la liste des pays violant les droits des enfants au Yémen avait du faire marche arrière suite aux pressions de l'Arabie saoudite et de ses alliés occidentaux et israéliens.
Sources :
- Reuters L'ONU met la coalition saoudienne sur une liste noire en raison de crimes visant les enfants au Yemen
- Suite aux pressions, l'ONU retire l'Arabie saoudite de sa liste noire des organisations violant les droits des enfants au Yémen
Suite à un rapport de l'ONU, Ban Ki-moon avait considéré en mai 2016 l’Arabie saoudite comme responsable de la destruction d’un grand nombre de lieux publics et d'infrastructure et du massacre de plus de 60% des enfants yéménites tués dans la guerre menée par la coalition saoudienne, mais il a fini début juin 2916 par céder aux pressions saoudiens. A l'époque, le directeur adjoint de Human Rights Watch, Philippe Bolopion, avait réagi à la décision de l’Organisation des Nations unies de retirer le nom de la coalition militaire arabe qui opère au Yémen sous commandant saoudien, d’une liste de pays et organisations qui violent les droits des enfants. Sur son compte Twitter, Philippe Bolopion avait écrit : « Un nouvel exemple de la décadence est apparu à l’ONU au sujet des attaques saoudiennes contre les enfants yéménites. C’est une décision politique honteuse ».
Selon Jonathan Kennedy, dans The Independent, il faut sanctionner l'Arabie saoudite ( Blame the Saudis for Yemen's cholera outbreak – they are targeting the people; "Il faut sanctionner les Saoudiens pour l'épidémie de choléra au Yémen - Ils ciblent la population civile"): "l'épidémie de choléra au Yémen est liée en grande partie à la stratégie de la coalition menée par les Saoudiens visant à attaquer délibérément les civils et les infrastructures dans les zones tenues par les rebelles. Durant les quatre derniers mois, le Yémen a été ravagé par une épidémie de choléra que l'ONU considère comme la pire au monde. Environ 7,000 nouveaux cas sont rapportés quotidiennement - 436.625 cas ont été enregistrés depuis la fin avril - et il y a déjà eu plus de 1.915 morts".
Enfin il est à noter que si les médias étatsuniens et britanniques mainstreams (CBS, NYT, Washington Post, ABC,The Independent, The Guardian...) ou libres (Zero Hedge, Alternet...) couvrent allègrement la responsabilité de leurs gouvernements respectifs dans leur soutien aux crimes de guerre commis par l'Arabie saoudite au Yémen, l'immense majorité des médias français qu'ils soient mainstreams ou libres ne couvrent pas les informations faisant état de l'implication française dans la guerre au Yémen au côté des saoudiens et contrairement à la Syrie ne couvrent que très peu ce conflit. C'est sans doute là les effets pervers d'un régime politique - imposé par un Général lors d'une guerre coloniale en 1958 - qui a constitutionnellement mis hors champs le Parlement sur les questions de politique étrangère et du pouvoir exécutif laissant les médias dans la plus grande opacité qu'ils soient mainstreams ou libres.
Lire pour ceux qui souhaitent toutefois s'intéresser au sujet :
- Quand Amnesty international demande à François Hollande de suspendre immédiatement les transferts d’armes et les soutiens militaires à l’Arabie saoudite responsable de crimes de guerre au Yémen
- Reuters Yemen. Une ONG dénonce les ventes d'armes illégales de la France, de la Grande-Bretagne et des USA à l'Arabie saoudite
- Mondafrique Les Forces spéciales françaises interviennent au Yémen
- Record : la France a vendu pour plus de 14 milliards d'euros d'armes en 2016, notamment à l'Arabie saoudite
Au lendemain des attentats meurtriers de Londres et Barcelone, Theresa May refuse de diffuser le rapport sur le soutien et le financement saoudien envers l'extrémisme islamiste en Grande-Bretagne.
Selon The Independent, Theresa May a rejeté un appel des survivants des attaques du 11/9 pour rendre public un rapport portant sur le rôle de l'Arabie Saoudite dans le financement de l'extrémisme Islamiste au Royaume-Uni.
Plus tôt cet été, le gouvernement britannique a annoncé qu'il avait décidé de ne pas publier les informations, citant des raisons de sécurité nationale et "la quantité énorme d'informations personnelles" qu'il contenait malgré l'attentat de Londres effectués par des extrémistes libyens.
Lire : Le lien entre la Lybie et la tragédie de Manchester (Consortium News)
Parmi ceux qui ont appelé Mme May à rendre public le rapport, demandé par son prédécesseur, David Cameron, il y avait un groupe de survivants étatsuniens des attaques du 11/9 et les parents de presque toutes les 3,000 personnes qui ont été tuées.
Quand Trump faisait l'apologie des massacres de masse de Musulmans et incitait à l'Islamophobie.
Pendant un rassemblement de campagne en février 2016, Trump a partagé un mythe historiquement douteux sur la façon dont Pershing, dans un effort de pacifier les Philippines dans les années succédant la guerre hispano-étatsunienne de 1899-1902, a abattu des terroristes en utilisant des balles qui avaient été plongées dans le sang de porc.
Voilà ce qu'a dit Trump à ce rassemblement :
" Ils avaient des problèmes de terrorisme, comme nous en avons. Et [Pershing]] a attrapé 50 terroristes qui ont fait d'énormes dégâts et ont tué beaucoup de personnes. Et il a pris les 50 terroristes et il a pris 50 hommes et il a plongé 50 balles dans le sang de porcs - vous avez bien entendu, n'est-ce pas? Il a pris 50 balles et il les a plongés dans le sang de porcs. Et il a demandé à ses hommes de charger leurs fusils et il a aligné les 50 personnes et ils ont tiré sur 49 de ces personnes. Et à la 50ème personne, il a déclaré : vous retournerez voir votre peuple et vous leur direz ce qui est arrivé. Et pendant 25 ans, il n'y a plus eu de problème. O.K? Pendant vingt-cinq ans, il n'y a plus eu de problème"...
Selon Think Progress, (Trump responds to Barcelona attack by suggesting that mass murder of Muslims would deter terrorism; "Trump répond à l'attaque de Barcelone en suggérant que les tueries de masse de Musulmans pourraient décourager les terroristes"), Trump aurait récidivé après les attentats de Barcelone en prenant encore comme exemple, le mythe du général Pershing :
"La réponse du Président Trump à l'attaque de Barcelone, en Espagne qui a fait au moins 13 morts a été de suggérer que le meurtre de masse des Musulmans soupçonnés de terrorisme pourrait être une façon de dissuader de futurs incidents. La réaction publique initiale de Trump à l'attaque jeudi fut un tweet qui a globalement condamné la violence, qui a offert l'aide des États-Unis au peuple d'Espagne et qui déclarait au peuple espagnol, "nous vous aimons!".
The United States condemns the terror attack in Barcelona, Spain, and will do whatever is necessary to help. Be tough & strong, we love you!
Mais moins d'une heure plus tard, après la diffusion d'informations faisant état que le fourgon qui a roulé sur les piétons aurait été loué par un homme d'origine marocaine, Trump a recommandé à ses adeptes "d'étudier ce que le Général étatsunien Pershing a fait aux terroristes quand il les a attrapés. Il n'y a plus eu de terreur Islamique radicale pendant 35 ans!".
Pourtant selon Vanity Fair, cette histoire du général Pershing et des terroristes musulmans est une fausse information auquelle semble se raccrocher Trump dans sa haine du Musulman ! Mais à l'heure où celui-ci entend relancer la guerre en Afghanistan, on peut craindre le pire compte tenu de son humour scabreux, de son mépris des populations du sud et de son idéologie suprémaciste.