Six mois ferme pour avoir consulté le site d'un chercheur sur le jihadisme
Par Pierre Alonso
Libération, 18 novembre 2016
Le tribunal correctionnel de Senlis a condamné un Marocain de 22 ans sur la foi d'un nouveau délit, introduit en juin dans le code pénal.
La loi exempte de sanction les personnes consultant ces sites de «bonne foi», notamment les journalistes, chercheurs et policiers. Photo Dado Ruvic. Reuters
La sanction est lourde : six mois ferme, expulsion à sa sortie de prison et interdiction du territoire pendant dix ans à l’issue. Ouahid, un Marocain de 22 ans, a été condamnée mercredi en comparution immédiate par le tribunal correctionnel de Senlis (Oise) pour avoir consulté un «site djihadiste» à 212 reprises, rapporte le Parisien. Le site en question, selon le tribunal de Senlis contacté par Libération, n’est autre que Jihadology.net, tenu par… un chercheur américain spécialiste du sujet, travaillant pour un think-tank, le Washington Institute for Near East Policy. Ce projet, que l’universitaire Aaron Y. Zelin présente comme personnel, consiste à rassembler la production de propagande des groupes jihadistes.
«Travail académique»
Selon le récit de l’audience fait par le Parisien, le prévenu a tenté de se justifier : «Je suis arrivé sur ce site par un lien Twitter d’un journaliste de France 24», en l’occurrence Wassim Nasr. Ce dernier, spécialiste des mouvements jihadistes, a réagi sur Twitter en soulignant le «remarquable travail académique» fait par Jihadology.net. Pour la procureure, visiblement peu familière du sujet, «ce site prône la guerre sainte et demande à s’engager pour devenir un héros.»...