Revue de presse du dimanche 3 au samedi 9 septembre 2017
Voici les thématiques sélectionnées ces deux dernières semaines par SLT que vous ne retrouverez pas ou peu dans le P.A.F :
- Le discours "subversif" nouveau terrorisme en Occident ?
Sources : Politico, L'Humanité, The Intercept,
- Affaire Kémi Séba, expulsion, Franc CFA et Françafrique.
Sources : Fraternité Matin, Pressafrik, RFI, JAI, Asheepnomore, RT
- La guerre syrienne voulue par Israël et les USA ?
Sources : WikiLeaks, MintPress News, Wall Street Journal
Egalement : - Macron's Watch n°4 : Fin de la démocratie en France ? Psittacisme atlantiste sur le Venezuela et la Syrie ?
- Revue de presse n°8. "Junte militaire" US; Démocratie française fin de partie; Panique en Occident; Réseaux officieux US d'armement des terroristes
Le discours "subversif" nouveau terrorisme en Occident ?
Alors que la France sombre dans un régime de plus en plus autoritaire et de moins en moins démocratique, le discours critique qualifié de "subversif" est de moins en moins toléré dans le monde occidental. Ainsi, le nouveau chef de guerre français qui a refusé que sa nouvelle Loi Travail soit débattue devant la nation au Parlement vient de qualifier les opposants à cette Loi - qui n'ont d'autres voies pour contester sous le régime de Macron que de descendre dans la rue - de "fainéants", de "cyniques" ou "d'extrêmes".
Assistons nous à une diabolisation voir à une criminalisation de l'opposition et de la contestation du système capitaliste prédateur dans un Occident en crise économique, politique et morale ?
Aux Etats-Unis, selon Politico, des documents confidentiels du FBI et de la Sécurité intérieure qualifient les 'antifascistes' de 'terroristes' : "Des documents qui n'avaient pas été publiés antérieurement révèlent qu'en avril 2016, les autorités croyaient que les "extrémistes anarchistes" étaient les principaux instigateurs de la violence lors des rassemblements publics contre une série de cibles. Ils ont été blâmés par les autorités pour des attaques contre la police, le gouvernement et les institutions politiques, ainsi que les symboles du "système capitaliste", du racisme, de l'injustice sociale et du fascisme, selon une évaluation confidentielle des renseignements de 2016 réalisée conjointement par le DHS et le FBI. Après l'élection du président Donald Trump en novembre, les militants antifa se sont dirigés vers une autre cible - ses partisans, en particulier ceux des groupes suprémacistes blancs et nationalistes, qui sont soudainement sortis en masse pour saluer sa victoire, soutenir les mesures de répression à l'encontre des immigrants et des Musulmans et protester contre les efforts visant à supprimer les symboles de la Confédération".
Loin des tensions sociales et ethniques étatsuniennes, l'Europe semble de plus en plus réprimer la liberté d'expression et le discours contestataire. En France, un jeune militant communiste a été condamné à 8 mois de prison avec sursis et et 3 850 euros d’amende pour une action contre la Loi Travail. Selon l'Humanité, "dans le cadre de cette journée d’action nationale, Martin et d’autres militants CGT ou affiliés au mouvement des Jeunes communistes avaient manifesté devant la permanence du député PS Jean-Louis Gagnaire, certains y pénétrant pour y accrocher une banderole clamant leur rejet de la réforme du Code du travail. Cette action avait donné lieu à de fortes tensions avec les forces de l’ordre, qui avaient chargé les manifestants en bas de la permanence... Martin avait été le seul à être inculpé de violences contre des agents de police". Violences contestées par l'accusé et des militants communistes : "Nous, ce qu’on a vu, c’est les flics nous charger, et Martin assommé, effondré sur une voiture. On a dû l’écarter de la manifestation", témoigne Ariane, militante des Jeunes communistes de la Loire".
Glenn Greenwald quant à lui revient dans The Intercept sur les lois condamnant l'incitation à la haine en Europe. Il constate qu'en France et en Europe, elles sont de plus en plus utilisées contre les mouvements de gauche. Selon lui, le contexte des attaques terroristes a favorisé l'utilisation par les autorités de la répression des libertés individuelles, collectives et d'expression : "la détresse émotionnelle engendrée par les attentats terroristes incitent presque toujours à réclamer que les droits fondamentaux soient réduits au nom de la prévention d'attaques futures.".
Il signale également les abus de la restriction à la liberté d'expression en France : "La France est probablement le cas le plus extrême d'abus des lois sur le discours d'incitation à la haine. En 2015, la plus haute juridiction française a confirmé la condamnation pénale de 12 militants pro-palestiniens pour avoir violé les lois imposées aux discours de provocation ou d'incitation à la haine. Leur crime ? Le port de tee-shirts qui préconisaient un boycott d'Israël - "Longue vie à la Palestine, boycott d'Israël", violait la loi française qui, selon le tribunal,"prévoit l'emprisonnement ou une amende pouvant aller jusqu' à 50 000 $ pour les parties qui "provoquent la discrimination, la haine ou la violence envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur origine, de leur appartenance ou non à un groupe ethnique, une nation, une race ou ....".
Affaire Kémi Séba, expulsion, Franc CFA et Françafrique.
Il ne fait pas bon non plus contester l'étau néocolonialiste français dans les pays françafricains. Là où le magistère médiatico-politico-intellectuel continue de proclamer que la France est entrée dans une ère post-coloniale, le panafricaniste Séba en déclarant haut et fort que le Franc CFA entrave le développement de l'économie d'Afrique francophone en la maintenant sous la tutelle de la France ne fait que révéler le vrai visage néocolonial de l'empire français en Afrique francophone, encore impensé en "métropole". Mais lorsqu'il joint symboliquement, le geste à la parole en brûlant un billet de Franc CFA, il est aussitôt traîné en justice par la banque supplétive de la Banque de France et du Trésor Public : la BCEAO.
Pour rappel, "les pays de la zone franc doivent obligatoirement déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor public français. En 2014, la BCEAO disposait d'un dépôt de 5605 milliards de francs CFA (environ 14,3 milliards d’euros) auprès du Trésor public". Les gouverneurs de la BCEAO sont souvent décorés par les autorités métropolitaine. Les planches à billets étant sous contrôle de la Banque de France, aucun pays n'est en mesure de créer de la monnaie selon ses besoins.
L’activiste Kémi Séba a en effet été arrêté le vendredi 1er septembre vers 07 heures, à son domicile de Dakar, par les éléments de la Division des investigations criminelles (Dic), suite à une plainte de la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Cette interpellation fait suite à un rassemblement « contre la Françafrique » organisé par l’ONG le 19 août dernier sur la place de l’Obélisque, à Dakar, au cours duquel Kémi Séba avait publiquement brûlé un billet de 5 000 Fcfa pour dénoncer cette monnaie qu’il qualifie de « scandale économico-politique d’ordre colonial ». Un crime de lèse majesté en Françafrique. En effet, lorsque les banques de la BCEAO des agences de Bouaké, Korhogo et Man ont été pillés par des rebelles ivoiriens et un certain nombre de soldats français lors de la crise ivoirienne, (lire : RFI Des militaires pilleurs de banque), la BCEAO n'a jamais porté plainte mais lorsque l'on attente à l'honneur d'une monnaie imposée par les colons, celle-ci n'a pas hésité à traîner le provocateur devant les tribunaux.
Finalement, Seba a été relaxé mais selon Fraternité Matin, c'est en grande partie à cause des bourdes xénophobes de l'avocat de la BCEAO :
"On peut le dire sans se tromper, si Kemi Seba respire à nouveau l’air frais de la liberté. C’est en partie grâce aux propos xénophobes tenus par maître Pape Jean Seye, avocat commis par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’ouest (BCEAO). En effet, lors de sa plaidoirie, il a traité Kemi Seba d’étranger au Sénégal qui devrait aller dans son pays d’origine le Bénin pour mener son prétendu combat. »C’est parce que le Sénégal est un pays hospitalier que vous vous permettez de venir y mettre le désordre. Est-il possible qu’un Sénégalais fasse la même chose au Bénin? Tu voyages avec des papiers français et tu viens troubler l’ordre au Sénégal. Je te prie d’aller mener ton combat dans ton pays parce qu’aujourd’hui tu es entrain de traîner les jeunes Sénégalais même les plus petits dans un combat sans tête ni queue… », a dit l’avocat de la BCEAO dans une salle d’audience où il n’y avait que des journalistes après que le juge ait ordonné l’évacuation des partisans de l’accusé qui faisaient trop de bruits selon lui" (Fraternité matin).
En fait, l'avocat de la BCEAO reprochait surtout à Kémi Seba d'entraîner la jeunesse sénégalaise dans un combat au relent subversif qui mettrait à mal les autorités françafricaines en place. Le panafricaniste commençait à devenir gênant pour les autorités néocoloniales françafricaines. Le risque était grand que la jeunesse de ces pays finissent par suivre son exemple et finisse par demander des comptes à leurs dirigeants (et in fine à la France qui oeuvre dans les coulisses françafricaines). C'est d'ailleurs pour ces raisons que les autorités sénégalaises l'ont expulsé en France.
Il faut dire que l'activiste ne s'est pas démonté. Il a déclaré, selon Pressafrik, après sa remise en liberté au Sénégal, en revenant sur les faits qui lui ont valu une arrestation : « ce billet est le symbole d'un viol économique qui ne dit pas son nom, d'un processus de spoliation structurel instauré depuis les années 1940, à l'époque de la colonisation… ". Son combat contre le franc CFA est « un symbole qui, à la fois, permet de s'attaquer à la mal gouvernance de nos élites et à la spoliation des forces exogènes qui commencent par le Quai d'Orsay, les autorités françaises ». Et Séba n'a pas raté le président Ivoirien. « Il y a quelques jours, peu de temps après ma libération et l'ampleur qu'a pris cette problématique de contestation du F CFA, Alassane Ouattara est venu voir en tant que ministre, serviteur, Emmanuel Macron et lui dire que contrairement à ce que disent un certain nombre de jeunes Africains, nous pensons que le F CFA est une très bonne monnaie et nous devrions l'étendre à toute la CEDEAO… Ce degré de cécité qui existe au sein de certaines élites africaines commencent sérieusement à poser problème », assène-t-il.
Puis sur Macky Sall : « Macky Sall défend le F CFA et quel que soit le respect qu'on peut avoir pour les institutions africaines, la liberté de pensée nous engage, nous pousse à dire parce que nous sommes des hommes et femmes dotés de raison que Macky Sall est en train de trahir l'histoire et sa mission… ». « On ne peut pas parler d'autodétermination et être déterminé économiquement, parlant par autrui », tranche-t-il.
Selon Momar Mbaye : "il est des démocrates qui ne le sont que de nom. Ils sont les valets de chambre de l’Occident, les hommes de main de l’establishment, les paillassons sur lesquels les grandes puissances s’essuient les pieds avant d’accomplir leurs forfaits contre des peuples opprimés par une monnaie étrangère dont les élites intellectuelles veulent s’en défaire. L’expulsion de Kémi Séba du Sénégal, une décision qui épouse les contours d’un banditisme d’Etat planifié, aura été l’un des actes les plus irréfléchis, les plus irresponsables que l’Etat du Sénégal ait posés sous la nouvelle alternance. De la carrure ils n’en ont rien. De la dignité encore moins. Ces nouveaux types de dirigeants ne peuvent en aucun cas être les artisans d’une Afrique émergente qui n’existe que dans les slogans. Serait-ce devenu la règle ? Pour les présidents les mieux élus, la déception se mesure parfois à l’aune des millions de suffrages collectés. Collection de bourdes diplomatiques. Politico-juridiques. Censés faire avancer la démocratie et l’Etat de droit, ils sont les premiers à fouler au pied les lois et règlements de leurs propres pays. Une fois leur décision « irrévocable » prise, les délais de recours prévus par la loi, ils n’en ont cure".
Ndeye Nogaye Babel Sow de l'ONG Urgence Panafricaniste explique l'arrestation de kemi Seba et la brutalité du régime sénégalais.
Lire également :
- Les Emails d'Hillary Clinton révèlent que l'OTAN a tué Kadhafi pour stopper la création libyenne d'une monnaie basée sur l'or en Afrique (Asheepnomore)
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La guerre syrienne voulue par Israël et les USA ?
Selon un courriel d'Hillary Clinton datant du 30.11.2015 révélé par WikiLeaks, la raison du changement de régime en Syrie visait à affaiblir l'Iran pour protéger Israël.
Il est écrit noir sur blanc dans cet e-mail : "La meilleure façon d'aider Israël à faire face à la capacité nucléaire croissante de l'Iran est d'aider le peuple syrien à renverser le régime de Bachar Assad... Faire tomber Assad ne serait pas seulement une bénédiction massive pour la sécurité d'Israël, mais apaiserait aussi la crainte compréhensible d'Israël de perdre son monopole nucléaire... Assad ayant disparu, et l'Iran ne pouvant plus menacer Israël par ses supplétifs, il est possible que les États-Unis et Israël puissent s'entendre sur les lignes rouges à mettre en oeuvre quand le programme iranien aura franchi un seuil inacceptable...Bref, la Maison-Blanche peut atténuer la tension qui s'est développée avec Israël au sujet de l'Iran en faisant ce qu'il faut en Syrie. La rébellion en Syrie dure maintenant depuis plus d'un an. L'opposition ne disparaîtra pas, et le régime n'acceptera pas non plus une solution diplomatique de l'extérieur. Avec sa vie et sa famille en danger, seule la menace ou le recours à la force changera l'esprit du dictateur syrien Bachar Assad". Plus loin elle écrit : " L'armement des rebelles syriens et l'utilisation de la puissance aérienne occidentale pour les hélicoptères syriens au sol est une approche peu coûteuse et rentable... Le régime qui en résultera en Syrie verra les États-Unis comme un ami, et non comme un ennemi. Washington obtiendrait une reconnaissance substantielle en tant que combat pour le peuple dans les pays arabes pas les régimes corrompus. Pour Israël, la raison d'être de l'attaque contre l'Iran et les installations nucléaires serait amoindrie. Et un nouveau régime syrien pourrait bien ouvrir la voie à une action rapide sur les pourparlers de paix gelés avec Israël. Le Hezbollah au Liban serait coupé de son soutien iranien puisque la Syrie ne serait plus un point de transit pour la formation, l'assistance et les missiles iraniens. "
Selon Mintpress News, "l'implication israélienne dans le financement direct et l'aide aux "rebelles" syriens a été soupçonnée pendant des années avant d'être officiellement rendue publique par le Wall Street Journal en juin de cette année. Le rapport révélait qu'Israël, depuis le début du conflit, fournissait depuis des années de l'argent liquide aux rebelles syriens près de sa frontière ainsi que de la nourriture, du carburant et des fournitures médicales, un engagement secret dans la guerre civile d'un pays ennemi visant à creuser une zone tampon peuplée de forces amies. ""Ces forces "amies" étaient des groupes armés qui faisaient partie du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, connue pour ses atrocités contre des milliers de civils syriens et le massacre de minorités religieuses et ethniques. Depuis 2013, des groupes terroristes affiliés à Al-Qaïda dominaient la "zone de séparation de huit kilomètres carrés dans le Golan". Israël a déclaré officiellement que ces combattants font partie de l'armée syrienne libre (ASL) soutenue par la coalition étatsunienne. Cependant, on sait depuis longtemps que la grande majorité des groupes de l'ASL se sont engagés à prêter allégeance au Front Al-Qaïda affilié à Al-Nosra, et que ceux qui luttent encore sous la bannière de l'ASL sont en lien étroit avec Al-Nosra".
Toujours selon Mintpress : "Le soutien d'Israël aux groupes terroristes va bien au-delà des traitements médicaux, des vivres et de l'argent liquide. Il a également été constaté que l'armée israélienne communiquait régulièrement avec ces groupes terroristes et aidait même à "payer les salaires des combattants et à acheter des munitions et des armes". De plus, lorsque les positions des groupes "rebelles" qu'il a financés, armés et payés risquaient d'être dépassées par les forces gouvernementales syriennes, Israël est intervenu pour bombarder directement des cibles syriennes. Par exemple, en juin, Israël a attaqué plusieurs positions militaires syriennes après avoir affirmé qu'une roquette égarée avait pénétré à l'intérieur des limites du plateau du Golan, une partie de la Syrie occupée depuis longtemps par Israël. Cependant, l'attaque a coïncidé avec les avancées de l'armée syrienne contre les groupes "rebelles" qu'Israël a longtemps soutenus dans le cadre de la soi-disant "zone tampon".
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En outre, Israël a lancé des attaques à l'intérieur de la Syrie "des dizaines et des dizaines de fois", selon une récente révélation de Netanyahu. Plus tôt cette année, Israël a également menacé de "détruire" les défenses aériennes syriennes après que l'armée syrienne eut tiré des missiles sur les avions de combat israéliens qui frappaient des cibles en Syrie.
La position d'Israël sur l'Etat islamique (EI) est également très révélatrice. En juin de l'année dernière, le chef du renseignement militaire israélien, le général Herzi Halevi, a déclaré ouvertement qu'Israël ne voulait pas voir l'EI vaincu en Syrie - exprimant sa préoccupation au sujet des offensives contre le territoire de l'EI et déplorant leur situation "plus difficile". Avant les commentaires de Halevi, les responsables israéliens avaient régulièrement noté que la conquête par l'EI de toute la Syrie serait préférable à la survie du gouvernement d'Assad. Ces commentaires ont été repris par des groupes de réflexion israéliens et affiliés à l'OTAN, dont l'un a qualifié l'EI "d'outil utile pour saper" l'Iran, le Hezbollah, la Syrie et la Russie - malgré les tactiques barbares, les crimes de guerre, l'asservissement des femmes et les efforts de nettoyage ethnique de l'EI.
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