Rencontre à l'Elysée entre Macron et Ouattara, le 11 juin 2017, le lendemain de la commémoration du massacre d'Oradour sur Glane par le Président Macron (c) Kamil Zihnioglu Reuters
C'est un secret de polichinelle. L'Etat français sous l'ex-chef de guerre, Sarkozy, a arrêté le président Laurent Gbagbo en exercice suite à la crise électorale qui a frappé la Côte d'Ivoire en 2010.
Interview de Bernard Houdin sur BFM TV le 11 avril 2011, lors de l'arrestation de Laurent Gbagbo par l'armée française.
Cette crise électorale est survenue suite à des fraudes électorales massives dénoncées par les partisans de Laurent Gbagbo et, depuis, en partie reconnues par le camp adverse. Alors que dans les "pays civilisés" tel que l'Autriche ou bien le Kenya des fraudes électorales amènent au recompte des voix et à de nouvelles élections, les méthodes françaises semblent plus proches de méthodes fascistes dans son pré-carré que de méthodes démocratiques. En somme on utilise des méthodes qui relèvent purement et simplement du coup d'Etat militaire. Comme l'avait annoncé Nicolas Sarkozy en 2014 : « On a sorti Gbagbo, on a installé Ouattara ». L'ex-chef de guerre français a fait cet aveu de taille lors des nombreux rendez-vous secrets qu’il a eus pendant sa retraite politique de deux ans et demi avec Nathalie Schuck et Frédéric Gerschel pour chroniquer le quinquennat de François Hollande. Des confidences que les deux journalistes français ont consignées dans un livre paru, en novembre 2014, aux éditions Flammarion, sous le titre : « Ça reste entre nous, hein ? Deux ans de confidences de Nicolas Sarkozy ».
Selon Robert Kiassaut, "la première vérité, c’est qu’il s’agit d’un aveu pur et simple de coup d’Etat. La deuxième vérité dévoilée par cet aveu, c’est que Sarkozy reconnaît l’implication de la France dans le drame ivoirien qui a coûté la vie à des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes. La troisième vérité, c’est la raison économique qui a motivé, comme l’indique Nicolas Sarkozy, la barbarie de l’armée française en Côte d’Ivoire. Notre pays étant pour la France, une vache à lait. Dès lors, toutes ses ressources naturelles énormes doivent être contrôlées par la France."
Oui, la France utilise, depuis la Vème République du général de Gaulle, dans son pré-carré francophone des méthodes barbares dignes des pires méthodes coloniales et du régime de Vichy : mise en place de dynasties françafricaines despotiques par l'Etat français sous la Vème République, occupation militaire des "ex"-colonies avec un soutien militaire aux dictatures françafricaines, assassinat d'opposants politiques ou de présidents hostiles aux intérêts français, asservissement monétaire via le Franc CFA et utilisation de méthode génocidaire (Cameroun de 1960 à 1970) ou de collaboration avec des génocidaires (Rwanda en 1994), ou de présumés génocidaires (au Congo-Brazzaville concernant les "disparus" du Beach (1999), en Libye en 2011 notamment concernant les massacres des populations noires africaines).
Pour en revenir à la Côte d'Ivoire, les rebelles de Ouattara ont progressé vers Abidjan en nettoyant ethniquement certaines régions comme à Duékoué sans que la justice dite internationale de la CPI n'enquête et encore moins les autorités ivoiriennes protégées par l'Etat français depuis l'installation de Ouattara par l'armée française.
C'est donc bien l'armée française qui a remis le président Laurent Gbagbo aux rebelles pro-français de Ouattara après de nombreuses exactions commises par leurs troupes qui n'ont jusqu'ici jamais été jugées.
Le projet français occulte en Afrique a pour ligne directrice l'envers des droits de l'homme et s'accompagne d'une légitimation racialiste quasiment permanente au plus haut niveau de l'Etat. Autres temps, mêmes moeurs et mêmes méthodes coloniales et fascistes ? Laurent Gabgbo semble devoir connaître le même sort que Toussaint Louverture* arrêté par les autorités coloniales françaises au XIXème siècle et enfermé en prison jusqu'à ce que mort s'en suive.
Cette fois-ci, c'est Médiapart qui révèle les collusions étroites entre l'Etat français néocolonial (et non "post-colonial" comme le prétend le magistère médiatico-politico-intellectuel français) et la CPI que les Africains considèrent comme une cour de justice coloniale.
Selon Mediapart, un document confidentiel de la diplomatie française révèle que la Cour pénale internationale a demandé en avril 2011 de garder prisonnier le président de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo. Seulement à cette époque, il n’existait ni mandat d’arrêt ni saisine de la CPI. Des révélations sur une opération aux airs de Françafrique : "En effet, la requête du procureur Ocampo, telle que relayée par la diplomatie française, pour garder Gbagbo prisonnier ne repose juridiquement sur rien : ni compétence juridique, ni mandat d’arrêt. D’abord, Ocampo n’a aucun élément solide établissant une éventuelle responsabilité de Gbagbo dans des crimes contre l’humanité qui pourraient relever de la compétence de la CPI, son bureau n’ayant envoyé aucun enquêteur en Côte d’Ivoire. Le magistrat n’a par ailleurs aucune base légale pour agir, comme l’indique son souhait qu’un État d’Afrique de l’Ouest fasse un « renvoi de l’affaire à la CPI », par définition non saisie à ce stade des événements".
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*Pour mémoire, Toussaint Louverture est un homme politique français des Antilles d'origine afro-caribéenne. Descendant d'esclaves noirs, il joue un rôle historique de premier plan en tant que chef de la Révolution haïtienne (1791-1802) et devient une des grandes figures des mouvements anticolonialiste, abolitionniste et d'émancipation des Noirs. Pourtant, c’est bien la Révolution française qui porte cet ancien esclave noir affranchi dans les plus hautes strates du pouvoir militaire puis politique de la colonie française de Saint-Domingue jusqu'à sa chute face à l'armée du général Leclerc envoyée par le Premier consul Bonaparte qui, parallèlement, rétablit l'esclavage (1802). Arrêté et emmené en France, Toussaint Louverture finira ses jours en 1803, incarcéré en isolement au fort de Joux, dans le rude climat du Doubs, sans avoir pu connaître la proclamation d'indépendance d'Haïti le 1er janvier 1804 par son ancien lieutenant Dessalines. (Source : Wikipedia)