« Dans ces pays-là, un génocide, ce n'est pas trop important » : François Mitterrand cité par Patrick de Saint-Exupéry (Figaro 12.01.98)
Nicolas Sarkozy : « On a sorti Gbagbo et installé Ouattara, sans aucune polémique ».
Communément le magistère politico-médiatico-intellectuel considère que la France est entrée dans une ère "post-coloniale" en se basant sur la décolonisation de l'Algérie et de l'Indochine mais en occultant sciemment la persistance de l'influence française néocoloniale dans son pré-carré sub-saharien. Cette dénomination "post-coloniale" est bien utile car elle permet de se donner bonne conscience à bon compte et une image de démocratie moderne alors qu'il n'en est rien. Le rôle de certains médias et de politiques consistent à forclore la barbarie française de son pré-carré sub-saharien en l'occultant aux yeux de l'opinion publique de telle sorte que l'horreur coloniale et vichyste française qui se perpétue dans son pré-carré d'Afrique francophone ne soit pas accessible à l'opinion publique (voir les vidéos et les témoignages ci-dessous).
L'aliénation d'une opinion publique subissant l'omerta médiatique et politique pousse le citoyen lambda à croire, dans une optique racialiste, que la France est un pays démocratique, défendant les droits de l'homme et que les "ex"-colonies sont exemplaires d'une involution développementale sui generi lorsqu'elles ne sont plus sous l'influence des lumières françaises. Il n'en est pourtant rien. Les lignes directrices de la politique africaine de la France en Afrique sont les mêmes lignes directrices qui guidaient la politique coloniale et vichyste de la France. Si on réintègre cette partie occultée par le magistère intellectuel et politique, il faut bien reconnaître que le régime de la Vème République prolonge là-bas les valeurs du régime de Vichy (calqué lui même sur les princeps du régime colonial : désignation d'un ennemi intérieur, internement arbitraire, déportation, expropriation, politique d'extermination, systématisation de la torture, racisme d'Etat).
Le "coup d'Etat constitutionnel" du général de Gaulle (tel que nommé par F.Mitterrand) durant la guerre d'Algérie a permis de favoriser ce clivage entre politique intérieure et politique extérieure, de sorte que cette dernière n'était plus accessible aux Français via le Parlement. Ce dernier n'étant plus en mesure de faire la lumière sur l'exécutif qui suite à ce coup d'Etat gaulliste de 1958 a été séquestré par le complexe militaro-industriel avec à sa tête le chef de guerre élu par les Français (ou "monarque de la République") disposant d'une immunité totale et n'ayant de compte à rendre à personne concernant ses décisions militaires tandis que de nombreux médias sont restés sous contrôle sur les affaires étrangères et marchent encore au pas, le petit doigt sur la couture du pantalon comme au temps de l'ORTF. Une omerta française.
Lire :
- [Exclusif] Le documentaire "Tuez Kadhafi !" revient sur les fake news diffusées par les médias français et atlantistes pour légitimer la guerre contre la Libye de Kadhafi (Vidéos)
- Gros déballage sur la désinformation médiatique française durant la guerre en Libye sur Europe 1. Selon un prof de Science Po : "Une fake news : c'est une fausse information qui n'est pas cautionnée par les autorités" (Vidéo)
- Françafrique. Sarkozy et l'argent de Kadhafi : comment des médias français ont étouffé l'affaire.
Oui les lignes directrices de la politique française en Afrique sont l'envers des droits de l'homme dont l'héritage est celui des valeurs racistes et criminelles de la France coloniale et du régime de Vichy. Une schizophrénie française qui ne se maintient que grâce à cette séquestration de l'exécutif aux mains du chef d'Etat tout puissant, également chef des armées. D'un côté l'Etat français se déclare pays des droits de l'homme, de l'autre il fait exactement le contraire sans en tirer de conséquences, une dualité morbide.
Ainsi l'Etat français dans son pré-carré a installé des dictatures, des despotes ou des dynasties qui doivent leur pouvoir aux interventions militaires françaises ou aux services secrets français.
- c'est le cas au Gabon, à Djibouti, au Togo, au Tchad, au Burkina Faso, en Centrafrique, au Congo-Brazzaville, au Cameroun,..
Dans tous ces pays, les dynasties, les dictateurs, les despostes françafricains sont en place depuis des dizaines d'années. Ils sont reçus régulièrement à l'Elysée sans que les médias s'en émeuvent. Un système de prédation françafricain a été installé qui s'accommode très bien des violations massives des droits de l'homme et des dictatures tout en imposant à ces pays une monnaie coloniale, le Franc CFA, leur empêchant toute indépendance économique.
Les interventions militaires françaises pour installer ses despotes françafricains au pouvoir, sorte de prolongation et de continuation là-bas du fascisme français, ne se sont pas faites sans heurts.
Au Cameroun, dans les années soixante, l'armée française sous De Gaulle a utilisé les méthodes coloniales et nazies pour éliminer les populations indépendantistes et nettoyer leurs régions : assassinats politiques, massacre de masse, camp de concentration sur le modèle des nazis. Des massacres occultés par les médias en pleine guerre d'Algérie au coeur des ténèbres françafricaines.
Lire :
- Gestapo, napalm et massacres français au Cameroun (1956-1971) dans la plus grande indifférence
- Le Monde du 23 juin 2008 Comment le Cameroun est passé de la colonisation à la dictature
...Epaulées par l'armée française, les forces camerounaises appliquent ses méthodes. Dix années de terreur et des centaines de milliers de morts seront nécessaires pour venir à bout de l'opposition. Aujourd'hui, Paul Biya, héritier du régime Ahidjo, conservce le soutien de la France"...
- Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique (1948-1971)
- Le Canard Enchaîné 27 avril 2011 Une guerre française au Cameroun cachée pendant quarante ans
Références nazies A l'approche de l'indépendance promise en 1960 par de Gaulle, la France met en place une administration néocoloniale. On installe ainsi le président Amadou Ahidjo, et l'on dote le pays d'une Constitution sur mesure, assortie d'accords secrets d'assistance militaire. Les conseillers du Président sont nommés par les Français. Au nombre desquels Samuel Kamé, qui avoue son admiration pour les régimes fascistes et cite volontiers Hitler et Goebbels. C'est avec ces alliés que Paris prépare son ultime opération avant de retirer le gros de ses troupes : la liquidation de l'UPC, qui persiste à combattre pour une authentique indépendance.
Camps à l'allemande Depuis la fin 1959, les opérations antiguérilla se sont intensifiées. La torture n'a plus pour seul but de faire parler les chefs maquisards, elle devient systématique à l'égard des opposants. Gégène, baignoire, balançoire, importées d'"Indo" ou d'Algérie, sont pratiquées dans tous les postes de police. Des prisonniers sont jetés vivants dans les chutes d'eau de la rivière Metchié. L'un deux, en tombant entraînera d'ailleurs dans la mort un gendarme français. Des camps de concentrations sont édifiés. Ancien haut-commissaire (il sera plus tard ambassadeur, puis maire de Cannes), Maurice Delaunay évoque, dans ses Mémoires, celui de Bangou : "J'avais été prisonnier en Allemagne, je savais comment ça se passait ! J'avais fait un camp avec des barbelés, des miradors"...
ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !!!
Au Rwanda, en 1994, l'Etat français sous le régime de la Vème République, comme sous le régime de Vichy, a collaboré et soutenu un régime génocidaire sans que cela n'entraîne trop de questionnement politique, médiatique et intellectuel à l'époque. Une simple mission d'information parlementaire sans conséquence judiciaire sera mise en place en 1998 par l'Etat français.
Pire, l'Etat français a armé les génocidaires et les a soutenus militairement et politiquement, à tel point que l'on se demande si ceux-ci n'étaient pas les marionnettes de la France mitterrandienne de l'époque pour assurer l'influence française dans la région des grands Lacs face à l'avancée anglo-saxonne dans le pré-carré françafricain.
ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !!!
Cette collaboration de l'Etat français avec des régimes ayant recours à des méthodes de type génocidaire s'est poursuivi en Afrique jusqu'à récemment.
Ainsi en Côte d'Ivoire, après le trucage des élections en 2010, l'Etat français plutôt que de favoriser un recompte des voix comme demandé par le président Gbagbo a préféré s'adonner à ses pratiques barbares pour soutenir des rebelles pro-Ouattara qui ont été accusés ensuite d'avoir commis des massacres à caractère génocidaire à Duékoué avec le soutien de l'Etat français sous le régime de Sarkozy. Ces présumés crimes contre l'humanité n'ont jamais été jugés. Et comble du comble, le nouveau chef de guerre français, Macron, après avoir dénoncé le massacre d'Oradour sur Glane organisé par des supplétifs nazis a reçu en grande pompe le nouveau président ivoirien installé par la France, sans prononcer un mot sur les massacres commis par ses troupes avec le soutien de l'armée française à Duékoué en avril 2011. Pour ces peuples, il ne semble pas y avoir de devoir de mémoire dans l'idéologie française contemporaine, ni passée.
ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !!!
ATTENTION PROPOS CHOQUANTS !!!
Ce sont alors reproduits les mêmes phénomènes que lors de la période coloniale. Le président Laurent Gbagbo (comme Toussaint Louverture à Haïti, deux siècles auparavant), a été arrêté par l'armée française puis avec les efforts diplomatiques français déportés dans la geôle de la CPI qui pour beaucoup d'Africains s'apparente à une prison coloniale.
Nous n'oublierons pas non plus le massacre des populations ivoiriennes sans défense perpétré par l'armée française en 2004 devant l'hôtel ivoire sous le règne du chef de guerre Jacques Chirac. Un autre crime contre l'humanité néocolonial jamais jugé.
ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !!!
ATTENTION IMAGES CHOQUANTES !!!
En Libye, en 2011, le guide libyen Kadhafi a été victime d'une cabale orchestrée par la France et l'OTAN en raison de sa volonté de créer une monnaie unique africaine qui aurait pu concurrencer le Franc CFA et remettre en cause le système monétaire françafricain mais aussi international du dollar en indexant une nouvelle monnaie africaine sur l'or. Résultat des courses, l'insoumis libyen a été assassiné et son pays balkanisé, l'Etat libyen détruit. Les rebelles armés par la France ont été responsables de massacres à caractère génocidaire sur les populations d'Afrique sub-saharienne.
(Lire également : Les médias de la haine incitant au nettoyage ethnique des Noirs en Libye).
Une ligne conductrice assez ordinaire dans la politique française en Afrique qui s'accommode très bien des pratiques génocidaires : héritage tout à la fois du régime colonial et vichyste.
Cette guerre lancée par l'Etat français avec l'axe atlantiste (USA, Grande-Bretagne) fut organisée au travers d'un mensonge médiatique diffusée par de nombreux médias et de politiques français. Comme en Irak, il fallait trouver un prétexte pour lancer une nouvelle barbarie impérialiste. Cette fois-ci, ce fut celle de la menace d'un massacre sur Benghazi qui ne reposait sur aucun fondement. Pour Fabrice Arfi (à 7'07'' sur la vidéo ci-dessous), journaliste à Mediapart, il s'agit "d'une fausse information" diffusée par les médias français sous influence des cercles de pouvoir françafricain et atlantiste pour justifier la guerre contre la Libye de Kadhafi.
Comme le souligne Médiapart, un récent rapport de la Commission des affaires étrangères britannique remet en doute la légitimité de la France et du Royaume-Uni dans l’intervention militaire occidentale menée en Libye en 2011. Selon ce document, l’opération était basée sur « des postulats erronés » et « une analyse partielle des preuves ». Le gouvernement britannique « n’a pas pu vérifier la menace réelle que le régime Kadhafi faisait peser sur les civils et a échoué à identifier les factions islamistes radicales au sein de la rébellion ». (Rapport du gouvernement britannique Libya: Examination of intervention and collapse and the UK's future policy options ; Chaos libyen : après Cameron, le Parlement britannique accable aussi Sarkozy; Parlement britannique : «le changement de régime était le vrai but de l'opération en Libye»; - Salon Le rapport du Parlement britannique détaille comment la guerre de 2011 de l'OTAN en Libye fut basée sur des mensonges)
C'est ce qu'avait déjà révélé Julian Teil dans un documentaire dès 2011 où il interviewait des membres du CNT libyen (mise en place par la France) qui reconnaissaient qu'il n'y avait pas de preuves que Kadhafi ait eu l'intention d'effectuer un massacre à Benghazi ni ordonné de fusillades
- "Kadhafi n'a pas ordonné la fusillade qui a été à l'origine de la fausse révolution en Libye. Maintenant, après la destruction de la Libye, Jalil avoue au monde sur Channel One que les manifestants qui ont été tués à Benghazi qui ont été le prétexte fourni à l'ONU et à l'OTAN pour attaquer la Libye ont été tués par un groupe d'espions et de mercenaires qui n'étaient pas de Libye. Il admet qu'il savait la vérité à l'époque mais cela a été fait pour abattre le gouvernement libyen et briser l'Etat. Il admet qu'il a été informé à l'avance que cela allait se produire et que les gens de la Libye n'ont pas reconnu les manifestants morts parce qu'ils portaient des vêtements civils et qu'il n'y a eu personne qui est venu à leurs funérailles comme ils n'avaient pas de parents ou d'amis en Libye."
Pourtant lorsque le journaliste de France 2 (chaîne d'Etat), David Pujadas met en cause Sarkozy pour avoir favorisé l'assassinat de Kadhafi, il reprend 6 ans plus tard, la même fausse information du prétendu massacre de Benghazi préparé par Kadhafi pour justifier la guerre de l'Etat français en Libye.
En somme, si les Africains sont des hommes alors la politique africaine de la France en Afrique sous la Vème République n'a rien à envier à la politique coloniale ni à celle du maréchal Pétain mais la césure organisée par le magistère médiatico-politico-intellectuel permet de se bercer de l'illusion que la France est un pays démocratique et celui des droits de l'homme. Cette posture est intenable à moins que l'on considère qu'elle s'inscrive dans une conception sélective des droits humains, idéologie que semble porter les différents chefs de guerre français du régime de la Vème République. Comme en atteste les propos de légitimation racialiste du nouveau président français fidèle à ses prédécesseurs avec le mépris chevillé au corps comme stratégie de légitimation.
On résume : l'Etat français exporte son fascisme en Afrique pour maintenir son enrichissement et son rang mondial au détriment de ses néocolonies et de ses habitants :
- Installation de dictatures
- Assassinats de présidents ou d'opposants politiques
- Collaboration avec des régimes génocidaires ou/et participation directe à des génocides ou à des massacres à caractère génocidaire (Cameroun 1960-1970, Rwanda 1994, Côte d'Ivoire 2011, Libye 2011)
- Imposition aux pays du pré-carré africain du franc CFA entravant l'indépendance économique de ces pays
- Occupation militaire des néocolonies (Tchad, Niger, Gabon, Cameroun, Sénégal, Burkina Faso, Côte d'ivoire, Congo-Brazzaville...).
- Guerre totale (quadrillage territoriale, milices, groupe d'autodéfense) en Algérie 1956-1962, au Cameroun 1956-1971, au Rwanda (1990-1994)
En interne, le magistère médiatico-politique contribue à la construction de représentations racialistes ayant tendance à déshumaniser l'homme africain pour minimiser l'horreur au coeur des ténèbres de la politique et de l'action française en Afrique. Gare au retour de l'impensé colonial françafricain et vichyste de là où il a été exporté.
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C'est sans doute l'ex-chef de guerre Jacques Chirac qui résume le mieux les véritables enjeux sous-jacents de la politique africaine de la France dans cette vidéo tournée bien longtemps après qu'il ait quitté le pouvoir. Lui qui a été l'ami des dictateurs françafricains installés par la France dans ses "ex"-colonies et qui a prolongé le système de prédation néocoloniale français en Afrique en usant à outrance des réseaux Foccart-De Gaulle, des coups d'Etat, des interventions militaires (notamment au Congo-Brazzaville en 1997-1999).
[MAJ : 15.12.17]