Roger Waters reste fidèle à la lutte contre les politiques israéliennes
Article originel : Roger Waters holds true to fight against Israeli policies
Par Travis Lupick
The Globe and Mail
Traduction SLT
Depuis plus d'une décennie, l'ancien leader de Pink Floyd, Roger Waters, proteste vigoureusement contre les politiques du gouvernement israélien qui, selon lui, constituent une occupation et une punition collective des Palestiniens. Cela lui a attiré tant de critiques sévères, qu'aujourd'hui, Waters met en garde ceux qui voudraient se joindre au mouvement dont il se considère lui-même membre.
"Ils te tombent dessus aussi fort qu'ils peuvent", a déclaré Waters au Globe and Mail. "Crois-moi, ça ne me dérange pas. Mais ils ne te ménagent pas."
Waters, qui a succédé en 1968 à Syd Barrett en tant que leader créatif du groupe rock psychédélique, participe à une tournée canadienne qui se termine par deux spectacles à Vancouver les 28 et 29 octobre. De plus, il a prévu une rencontre plus intime pour le 26 octobre, à l'église St. Andrew's Wesley Church du centre-ville de Vancouver. Durant la soirée Waters sera interviewé par Martha Roth d'Independent Jewish Voices Canada dans ce que l'on appelle un forum sur les droits de la personne.
Dans une interview exclusive avant l'événement, Waters a réitéré son soutien au mouvement BDS, qui prône le boycott, le désinvestissement et les sanctions contre Israël. Les militants palestiniens ont lancé la campagne en 2005, cherchant à exercer une pression économique sur le gouvernement israélien. L'année suivante, Waters en est devenu un fervent partisan après avoir visité le pays pour la première fois.
Il a décrit les objectifs de sa participation au mouvement BDS en termes spécifiques : mettre fin à ce que les Palestiniens considèrent comme une occupation israélienne et voir le gouvernement israélien respecter les droits civils des citoyens arabo-palestiniens de la même manière qu'il respecte les droits des citoyens juifs.
"Tout le monde mérite les mêmes droits humains fondamentaux." a déclaté Waters. "C'est la position que je défends."
Ces dernières années, la controverse s'est intensifiée. Monsieur Waters a publiquement critiqué des actes tels que ceux de Bon Jovi et Radiohead pour avoir ignoré sa demande d'annuler leurs concerts en Israël. En octobre 2016, American Express a renoncé à une entente de 4 millions de dollars pour parrainer la tournée de Waters aux États-Unis. Lors d'une de ses expositions à Toronto, plus tôt ce mois-ci, la Ligue de défense juive du Canada a organisé une manifestation devant le stade. Pendant la tournée de Waters qui traversait le Canada, un deuxième groupe juif, B'nai Brith Canada, a présenté un documentaire intitulé Wish You Weren' t Here. Dans le film, M. Waters est qualifié d'"horrible bigot" et d'"antisémite". (Une projection à Vancouver est prévue pour le 29 octobre).
"C'est pourquoi nous tenons une réunion à Vancouver," a déclaré Waters. Il a expliqué qu'il veut revenir à la politique et aux politiques que le mouvement BDS cherche à changer. Il a soutenu qu'il n'est pas antisémite, comme le prétendent les critiques de la Ligue antidiffamation juive.
"Je ne parle pas du peuple juif," a souligné Waters. "Le peuple juif est très divisé sur cette question. Je parle du gouvernement israélien, qui est très, très à droite. Le gouvernement Netanyahu."
Le Centre pour les affaires israéliennes et juives a affiché une note sur son site Web, en avertissant sur le tour de M. Waters et en encourageant les gens à dénoncer "sa campagne bigote".
"Waters favorise la discrimination vile contre des millions de personnes simplement à cause de leur citoyenneté. C'est de la haine", affirme la note, poursuivant en affirmant que les militants du mouvement BDS "franchissent souvent la ligne de démarcation pour devenir antisémites".
Les responsables politiques israéliens et palestiniens ont souvent été abordés sur scène par Waters cette année. Mais sa cible principale dans les concerts de nos jours est le président étatsunien Donald Trump. Monsieur Waters a toutefois déclaré qu'il ne considérait pas M. Trump comme le problème ultime des États-Unis, mais plutôt comme un symptôme d'une maladie beaucoup plus grave.
"Les Etats-Unis sont brisées", a-t-il déclaré. "Le commerce est devenu l'essentiel. Ils se sont laissés prendre en main par le pouvoir des corporations... Ils ne vivent plus dans une démocratie."
Monsieur Waters a averti que le Canada risque de suivre la même voie, soulignant l'inégalité croissante et le mécontentement populaire que peut susciter une concentration extrême de richesse.
"Comme les Allemands l'ont découvert au début des années trente, une population mécontente fait qu'un pays absolument débordant peut se transformer en tyrannie" a déclaré Waters. "Parce qu'il est très facile de persuader une population mal éduquée et qui se sent vaincue que c'est la faute de quelqu'un d'autre. Et de concentrer leur attention sur l'ennemi - les musulmans, les Chinois, les Mexicains, n'importe qui. Tout le monde sauf leur gouvernement. Et c'est ce qui est arrivé."
C'est ce genre de divisions que la tournée actuelle de Waters, Us + Them, a l'intention de dénoncer.
"J'ai déjà donné quelques concerts au Canada", poursuit-il. "Et c'est le message que j'essaie de répandre: l'amour est bien mieux que toutes ces conneries."