Le député du Gard, Bernard Deschamps, s’est dit «surpris et choqué de la présence d’un stand du MAK, le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie, à la récente fête de l’Humanité à La Courneuve». «En effet, a écrit le député au directeur de l’Humanité, il s’agit d’un mouvement d’extrême-droite qui, en 2014, est passé de la revendication de l’autonomie à celle de l’autodétermination et se prononce pour un Etat indépendant de la Kabylie. C’est une organisation séparatiste qui complote pour déstabiliser l’Algérie avec l’aide de pays étrangers».
Bernard Deschamps a rappelé que le fondateur du MAK, Ferhat Mehenni, présent à la fête de l’Humanité, «avait été reçu officiellement le 20 mai 2012 en Israël et, par la suite, au Québec, devant le Centre consultatif des relations juives et israéliennes, il avait appelé Israël à soutenir « les droits du peuple kabyle »».
«Tu n’ignores pas que ce fut à l’époque coloniale une constante de la France de susciter des mouvements séparatistes kabyles», a noté le député français, avant de souligner que «cette région est à juste titre attachée à sa culture dont la langue, tamazight, est d’ailleurs reconnue par la Constitution algérienne de 2016 (chapitre I, article 3 bis) et son enseignement a été étendu aux écoles de 38 wilayas pour l’année scolaire 2017-2018. Mais les Kabyles, qui ont payé un lourd tribut pour l’indépendance de l’Algérie, sont majoritairement attachés à la patrie algérienne».
Pour Bernard Deschamps, «l’invitation de cette organisation est en contradiction avec la tradition éditoriale du journal qui, pendant la guerre de Libération, de 1954 à 1962, a été saisi à 27 reprises et fut l’objet de 150 poursuites, dont 49 pour « provocation de militaires à la désobéissance », 24 pour « diffamation envers l’armée » et 14 pour « atteinte à la sécurité de l’Etat ». Elle constitue une faute politique grave».
«Je voudrais croire qu’il ne s’agit que d’une erreur ponctuelle due à une méconnaissance de la situation politique de l’Algérie», a encore souligné le député du Gard, qui a rappelé que, déjà en 2012, «j’avais protesté contre un article du numéro spécial du 50e anniversaire de l’indépendance qui glorifiait le MAK et je constate que la même journaliste justifie aujourd’hui sur Facebook l’invitation de cette organisation». «S’agit-il d’un choix individuel ou d’une orientation délibérée du journal dont je suis un lecteur assidu depuis 1951 ?», s’est, enfin, interrogé Bernard Deschamps.