Dans l'émission de Frédéric Taddeï, Social Club, sur Europe 1, Fabrice Eppelboin, professeur de géopolitique appliqué au cyber et sur les cultures contemporaines issues de l'internet à Sciences Po, a donné sa définition des fakes news :
"C'est une fausse information qui n'est pas cautionnée par les autorités". (à 2'00" sur la vidéo ci-dessous).
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Il revient également sur la volonté des médias traditionnels d'influencer l'opinion publique. "Dès qu'il s'agit de l'international, les médias français ont une claire intention d'influencer l'opinion publique" (11'40''). Puis à la question de Taddeï "mais pas forcément en déformant une partie de la réalité", Fabrice Epelboin répond "la plupart du temps en ôtant une partie de la réalité". Il évoque les "médias comme BFM qui se rapprochent de Russia Today...". Il préconise d'accéder à des "médias à l'international pour avoir différents angles de lecture et une information un peu plus complète" (14'00'').
A 29'30'', le professeur de Science-Po ajoute "c'est très difficile d'imaginer que les médias français vont pouvoir avoir ce rôle de grand manitou qui prononce la vérité et je ne crois pas un seul instant aux initiatives de Libé Desintox ou des Décodeurs du Monde dans la mesure où cette intention se porte auprès de gens qui ne croient pas à ce qu'il y a dans Libé ou dans Le Monde, cela a très peu de chance d'être efficace".
Puis le Pr. Eppelboin revient sur la guerre en Libye et le traitement de l'information dans les grands médias français au regard des informations diffusées par WikiLeaks :
A 36'30'' sur la vidéo : "...J'ai un de mes cours où j'explique la guerre en Libye à travers WikiLeaks. Et l'histoire que raconte WikiLeaks notamment à travers les e-mails échangés entre Hillary Clinton et un agent de renseignement qui était à Tripoli au moment de l'arrivée des troupes françaises, euh, enfin des troupes anti-Kadhafi raconte une histoire qui n'a strictement rien à voir avec ce que le monde nous a raconté qui est à l'opposé de tout ce que les médias français nous ont raconté. Donc si on commence à vraiment faire du journalisme et faire du fact checking cela ne sera pas à l'honneur de la presse".
Eppelboin fait allusion à cet e-mail d'Hillary Clinton.
Nicolas Hervé (journaliste et auteur de L’information à tout prix avec Julia Cagé et Marie-Luce Viaud) revient sur les propos d'Eppelboin au sujet de la Libye (à 37'28'') :
"...Globalement, je ne dirais pas que les journalistes sont des salauds. Je ne dirais pas que les journalistes veulent désinformer. En revanche moins il y a de journalistes, moins il y aura ce travail là d'analyse critique des informations qui sont diffusées. Et typiquement dans le cadre des guerres..."
Taddeï : "vous voulez dire que c'est une profession qui se paupérise".
Nicolas Hervé : "Qui se paupérise mais c'est surtout qu'elle a de moins en moins les moyens de faire son travail correctement et quand on est sur un théâtre de guerre comme la Libye où en gros c'est l'armée et donc l'Etat qui contrôle l'information qui est diffusée, etc. La manière dont les informations vont être remontées à la population française alors que le pays est en guerre, etc, le gouvernement va naturellement déformer l'information, la faire paraître sous un beau jour, etc. Après la question est de savoir dans quelle mesure est-ce que les journalistes sont conscients ou pas du fait qu'ils relayent une parole officielle sans chercher à en savoir plus ou même à masquer un certain nombre de choses, ça c'est un autre débat. Et on arrive, si l'on parle des médias traditionnels, sur les questions du pouvoir des médias, de qui sont les actionnaires des médias, quelles sont les velléités qu'il y a derrière et ces questions là. Mais ça c'est des questions qui sont différentes de la notion de fake news mais qui ne sont pas complètement décorrélées parce que effectivement la confiance dans la manière dont les médias traitent l'information cela va avoir aussi une influence sur ce que l'on va pouvoir percevoir à côté..."
Fabrice Eppelboin : "Pour revenir sur la Libye si vous vous souvenez bien à l'époque on avait chanté les louanges de ces fameux journalistes citoyens libyens qui informaient les médias occidentaux sur la situation. Il s'est avéré à la suite d'une fuite d'information que ces journalistes libyens étaient une opération d'astro turfing menée par l'armée américaine....Grosso modo il s'agit de faux journalistes citoyens qui en fait était une opération de psy ops de l'armée américaine destinée à faire de l'intox..."
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Fabrice Arfi, journaliste à Mediapart avait évoqué sur France inter, le troncage des informations par de grands médias français sous l'emprise du "Château" durant l'ère Sarkozy confortant les dires de Nicolas Hervé sur le contrôle de l'information en temps de guerre. Arfi avait aussi évoqué dans la même émission les fausses informations relayées par les médias traditionnels pour lancer la guerre en Libye de Sarkozy-Cameron-Obama-Clinton.
Fakes news : "C'est une fausse information qui n'est pas cautionnée par les autorités".
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