Nous avons traduit en intégralité l'article de Moon of Alabama suite à la purge réalisée par le prince saoudien Bin Salman en Arabie saoudite. L'article est intitulé "Arabie Saoudite - Cette "nuit des longs couteaux" est un mouvement de panique (Moon of Alabama)".
Pour faire bonne mesure, nous proposons le traitement de cette même information par un média généraliste à savoir l'équipe du journal de France 2, chaîne d'Etat, avec une transcription du reportage présenté par la speakerine et journaliste Leïla Kaddour-Boudadi au JT de France 2 à 13h, le 5 novembre 2017.
En résumé : cette "purge" est présentée comme une volonté de l'actuel dirigeant saoudien, le prince Bin Salman, de lutter contre la corruption en Arabie saoudite et de favoriser la restauration d'un islam modéré en favorisant le droit des femmes. Une présentation quelque peu apolégétique pour ce qui ressemble pourtant à une forme de coup d'Etat mais selon les journalistes de France 2 cela serait pour la bonne cause pour défendre les droits humains et aller sur le sentier d'un pouvoir progressiste.
Transcription intégrale :
Leila Kaddour lisant le texte sur son prompteur :
"Dans l'actualité à l'étranger c'est une purge sans précédent qui a eu lieu en Arabie saoudite. La nuit dernière, onze princes, quatre ministres en exercice et plus d'une trentaine d'anciens hauts responsables ont été arrêtés. Derrière cette décision, le prince héritier Mohamed Bin Salman, c'est lui le nouvel homme fort du royaume. Que cherche-t-il vraiment ? Des explications : Hakim Abdelkhalek, Gérard Grizbec et Virginie Travert".
Début du reportage : "Grande purge au palais", voix off :
"Habitué aux vacances de milliardaire, ce prince est désormais en prison, selon plusieurs médias saoudiens. Al-Waleed Bin Talal avait pour habitude de voyager autour du monde à bord de son yacht ou de son jet privé. L'homme est propriétaire entre autres de l'hôtel Georges V à Paris et actionnaire de grands groupes comme Eurodisney, Apple ou Twitter. Al-Waleed Bin Talal est le plus connu des onze princes arrêtés hier soir en même temps que des dizaines de ministres saoudiens anciens et actuels. Une annonce faite en directe à la télé saoudienne. Une purge sans précédent orchestrée par le nouvel homme fort du royaume, le prince héritier Mohamed Ben Salman. A travers ces arrestations, il dit vouloir lutter contre la corruption dans le pays".
Suit l'interview de Clarence Rodriguez, auteure de "Arabie saoudite 3.0, paroles de la jeunesse saoudienne" :
"Il veut procéder à une purge en fait. Vous savez en plus cela intervient le jour où il créé cette commission anti-corruption donc il n'a pas perdu de temps. En fait il veut aller très vite (avant même que la justice et la commission se soit prononcée ?, ndlr) pour nettoyer en fait ce pays qui est accusé de corruption"
La voix-off du reportage reprend (sur un portrait photographique assez flatteur du prince Ben Salman) :
"Car l'homme de 32 ans qui succédera à son père veut changer l'image du pays. Le prince héritier s'est engagé dans un grand plan national de transformation politique et économique. Récemment il a annoncé que les femmes allaient enfin avoir le droit de conduite leur voiture. Une révolution dans ce pays ultra-conservateur. Fin octobre dans un discours historique, il a annoncé vouloir débarrasser le pays de l'Islam rigoriste".
S'ensuit les propos du prince Ben Salman lors de ce meeting :
"Nous ne ferons que retourner à un Islam modéré, tolérant et ouvert sur le monde et les autres religions".
La voix off reprend :
"Parallèlement, le prince veut en finir avec la dépendance au pétrole de son pays. L'or noir représente aujourd'hui 50% des richesses du royaume. L'homme s'est donc lancé dans des projets alternatifs comme la construction dans le désert d'une future ville à 500 milliards de dollars dédiée aux énergies propres et aux nouvelles technologies."
Une autre analyse sur la purge saoudienne peut également être consultée sur l'Orient Le Jour :
- OLJ Purges : une pierre et deux gros coups pour Mohammad ben Salmane
... La succession des événements au cours des dernières 24 heures, qui a pris tout le monde de court et créé une mini-onde de choc dans la région, commence à faire sens : les arrestations en chaîne de responsables -princes, dont Walid ben Talal, ministres et anciens ministres, qui ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche en Arabie saoudite ont pour origine la volonté du prince héritier saoudien Mohammad ben Salmane (MBS) de se débarrasser de tous ceux qu'il considère comme faisant partie de la vieille garde des al-Saoud. Et de verrouiller, autant que faire se peut, les rouages du pouvoir avant son accession au trône, en faisant d'une pierre au moins deux coups : asseoir son autorité et "lutter contre la corruption". Cette lutte, à condition qu'elle ne soit pas un prétexte, est au coeur de son plan de redressement économique, Vision 2030. C'est d'ailleurs MBS en personne qui préside la commission ad hoc créée pour lutter contre la corruption, et dont la naissance a été annoncée par décret royal samedi soir, soit quelques minutes avant le début des purges...