Tournée de Macron en Afrique : manifestation prévue contre le franc CFA et la présence française
Russia Today
Le Président Macron et le chef d'Etat Ouattara installé par l'armée française en Côte d'Ivoire en 2011 après les élections contestées de 2010.
Emmanuel Macron part pour une tournée en Afrique. A cette occasion, il entend changer le rapport entre les pays de ce continent et la France. Mais il aura fort à faire pour convaincre la population. Des manifestations sont prévues sur son passage.
Décidé à redresser l'image et l'influence française en Afrique, Emmanuel Macron entame le 27 novembre sa première tournée sur le continent africain. Objectif : moderniser les relations franco-africaines, en les recentrant sur l'entrepreneuriat, la jeunesse et l'éducation. Il se rendra au Burkina Faso, en Côte d'Ivoire et au Ghana.
Il devra convaincre une jeunesse africaine de plus en plus hostile à la présence française sur le continent, sur fond de menace terroriste persistante au Sahel que les troupes françaises installées dans la région ont du mal à combattre et de flux migratoires croissants que l'Europe veut endiguer.
Un public difficile à convaincre
Pour montrer qu'il appartient à une nouvelle génération, éloignée du passé colonial, il parlera surtout partenariat économique, entrepreneuriat, éducation, sport et énergies renouvelables, plutôt que d'aide au développement.
Emmanuel Macron s'est entouré depuis cet été d'un «Conseil présidentiel pour l'Afrique», principalement des jeunes entrepreneurs binationaux en lien étroit avec leur pays d'origine, qui lui apportent une autre vision de l'Afrique que les réseaux diplomatiques traditionnels utilisés par ses prédécesseurs.
Première étape, l'Université de Ouagadougou au Burkina Faso où il prononcera le 27 novembre son principal discours de politique africaine devant 800 étudiants. Il répondra ensuite à leurs questions, «sans filtre», promet l'Elysée. «Ce public n'a pas forcément une bonne image de la France», reconnaît le château, surtout depuis la chute de Blaise Compaoré, chassé par la rue en 2014 et que la France a exfiltré vers la Côte d'Ivoire.
Le Burkina Faso réclame aussi à la France l'extradition de son frère, François Compaoré, objet d'un mandat d'arrêt international pour l'assassinat d'un journaliste en 1998.
Des protestations prévues au Burkina
Plusieurs organisations burkinabè ont appelé à manifester sur son passage, pour protester contre le «pillage» des ressources naturelles par les grandes entreprises françaises, la présence militaire de Paris et le maintien du franc CFA, «monnaie coloniale», selon elles.
Emmanuel Macron se rendra ensuite à Abidjan pour assister au sommet Europe-Afrique et «replacer la relation France-Afrique dans le cadre de son projet de refondation de l’Europe», précise l'Elysée.
Ses priorités : obtenir le soutien financier des Européens pour la force antiterroriste des pays du G5 Sahel et coordonner la lutte contre les passeurs, y compris en Libye où certains migrants sont vendus comme esclaves. Le président de la République a qualifié le 22 novembre ces cas d'esclavage de «crimes contre l'humanité». Il en profitera aussi pour poser la première pierre du métro d'Abidjan, projet majeur pour lequel Paris a accordé un prêt record d'1,4 milliards d'euros.
Il se rendra enfin au Ghana, pays anglophone, afin de souligner, selon l'Elysée, son «approche continentale de l’Afrique», au-delà des anciennes colonies françaises.
Le chef de l'Etat aura à cœur d'éviter tout impair et de faire oublier sa petite phrase de cet été au G20, où il jugeait difficile de stabiliser l'Afrique quand la natalité y est «encore de 7 à 8 enfants par femme».