Burkina Faso- Assassinats de Sankara et Zongo, coup d'Etat de Diendéré et Cie... : Le président Kabore demande justice
Par Ndam Njoya Nzoméné
Cameroon Voice
« La soif légitime de justice des Burkinabè reste intacte », a déclaré dimanche le numéro 1 burkinabé, Roch Marc Christian Kaboré, dans son discours radiotélévisé à la veille de la célébration de la 57ème édition de la fête nationale du pays.
Si son adresse de veille du "11 décembre" avait pour but de faire l'état de la Nation en ce moment de communion du peuple burkinabé autour de ce qui est l'idéal de tous les peuples, à savoir l'indépendance, le président Kaboré qui a demandé instamment que justice soit rendue "dans toutes les affaires sensibles", notamment les affaires relative à l'assassinat de Thomas Sankara, Norbert Zongo, du putsch manqué et de l'insurrection populaire, pour "aider le peuple à se réconcilier, pour ramener la paix des cœurs et créer les conditions propices à la contribution de tous les Burkinabè à l'œuvre de construction nationale", en a consacré une bonne partie à l'interpellation de la justice sur les responsabilités qui sont les siennes.
Si le président Kaboré a "salué l'avancée des dossiers pendants devant la justice", il reste conscient que lesdits dossiers trainent.
C'est le cas de ceux du putsch manqué de septembre 2015 sous la conduite du général Gilbert Diendéré et de l'assassinat du capitaine Thomas Sankara, "père de la révolution" burkinabè, tué lors du coup d'Etat du 15 octobre 1987qui porta au pouvoir l'ex-président Blaise Compaoré, aujourd'hui en exil en Côte d'Ivoire. Ces deux affaires sont pendantes devant la juridiction d'exception qu'est la justice militaire.
Une autre affaire tout aussi importante qui focalise les attentions des Burkinabés et des Africains sur la justice du Faso est celle concernant l'assassinat du journaliste d'investigation Norbert Zongo et de ses trois compagnons, qui avaient été retrouvés calcinés dans leur voiture en 1998.
Norbert Zongo et les autres victimes "collatérales" de cet acte criminel avaient été tués au moment où le premier enquêtait sur la mort de David Ouedraougo chauffeur de François Compaoré, le frère du président.
Notre confrère tenait à faire toute la lumière sur les tortures infligées au chauffeur défunt par des militaires, éléments de la garde présidentielle, à la suite d'une affaire de vol d'argent appartenant à l'épouse de François Compaoré, ne comprenant pas qu'une affaire ressortissant des attributions de la gendarmerie ait pu être affectée à la garde présidentielle, une unité d'élite de l'armée. C'est d'ailleurs à l'infirmerie de cette unité que David Compaoré décéda.
Le procès de l'assassinat de l'emblématique journaliste s'était soldé en juillet 2006 par un non-lieu prononcé par la justice alors que le clan Compaoré, dont faisait partie l'instigateur présumé de cet assassinat et de celui de David Ouedraougo, était encore aux affaires.
Le sang criant justice, François Compaoré a été mis sous contrôle judiciaire après la chute de son frère aîné Blaise, et est poursuivi pour "incitation à assassinats".
Malheureusement pour tous les assoiffés de justice, il est hors de portée car même son interpellation en France en octobre ne garantit nullement son extradition au Burkina où il est réclamé par la justice, quoique le président français, de passage fin novembre à Ouagadougou, ait promis de faire quelque chose dans ce sens. Une promesse qu'il n'avait cependant pas manqué de nuancer d'un bémol, en mettant en avant l'indépendance de la justice française, qui pourrait, à tort ou à raison, tout aussi bien exciper de la qualité d'exilé politique de François, comme de tous les Compaoré, pour ne pas être tentée de le livrer à ses "bourreaux".