"Faites-vous confiance à Delphine Ernotte-Cunci pour préserver la qualité et les moyens de l’information à France Télévisions?" À cette question posée hier par les quatre sociétés de journalistes (SDJ) de France Télévisions, les journalistes du groupe audiovisuel public ont répondu non à une écrasante majorité. Mardi 12 décembre c’est à 84% des voix qu’a été adoptée une motion de défiance contre l’actuelle présidente du groupe. Un vote auquel ont participé des journalistes de France 2, de franceinfotv, du site franceinfo.fr, de la rédaction nationale de France 3, mais aussi des sports, de Thalassa et de Faut Pas rêver. Sur les 879 journalistes concernés par le scrutin, 69% ont pris part au vote. "Le résultat est sans appel, les journalistes ont voulu envoyer un message clair : l'information doit rester la priorité à France Télévisions" a réagi, à l’issue du vote, le président de la SDJ de France 2, Clément Le Goff.
> Cliquez sur l'image pour un gros plan <Cette motion de défiance intervient alors que les rédactions de France Télés sont vent debout depuis plusieurs semaines contre les projets de coupes budgétaires prévues par la direction du groupe. À l’heure où l’Etat demande au groupe une réduction de ses dépenses de 50 millions d’euros (sur un budget de 2,57 milliards), la direction avait d’abord menacé de réduire drastiquement les effectifs des rédactions d'Envoyé Spécial et de Complément d'Enquête (voir notre émission). Face à l’élan de soutien aux deux magazines d’investigation (auquel a participé Arrêt sur images), la direction a finalement esquissé un recul fin novembre, en revoyant ces suppresions de postes à la baisse. La direction prévoit désormais de supprimer dans l’information 30 équivalents temps plein (ETP) en 2018, dont 3 pour les magazines d'infos. Pas de quoi rassurer les rédactions.
Une grève de 24 heures
La motion de défiance contre Ernotte adoptée hier intervient alors que ce mercredi débute une grève de 24 heures "contre la situation dramatique que les salariés risquent d’affronter" et "pour l’honneur du service public". Cette mobilisation lancée à l’appel de trois syndicats (CGT, FO et SNJ) de France Télévisions fait suite à la sortie d’Emmanuel Macron qualifiant l’audiovisuel public de "honte" le 5 décembre dernier.
À l’heure, où la direction de France Télés cherche les économies dans les contrats précaires et les programmes, les SDJ du groupe n’ont pas manqué de pointer une autre source potentielle d’économie: les salaires mirobolants dont bénéficient pléthore de cadres du groupe. Exemple ? 191 salariés de France Télés touchent plus de 120 000 euros brut par an et 547 plus de 96 000 euros brut par an. Ce sont les chiffres issus d’un rapport de la cour des comptes publié fin novembre qui soulignait le problème du "surencadrement" au sein du groupe. "C’est une tendance : la proportion est de plus en plus défavorable aux reporters qui recueillent de l’information, au profit de ceux qui donnent des consignes", confiait ce lundi à Libération le vice-président de la SDJ de France 2 Manuel Tissier.
L'occasion de (re)voir notre émission "L'investigation c'est un bien commun, comme l'hôpital"