Israël lance un exercice militaire surprise massif avant le discours de Trump à Jérusalem et après ses attaques en Syrie
Article originel : Israel Launches Massive Surprise Military Drill Ahead of Trump’s Jerusalem Speech and After Strikes in Syria
Newsweek, 6.12.17
Traduction SLT
Israël a lancé un exercice militaire surprise à grande échelle mardi dernier le long de la frontière nord du pays avec le Liban, l'un des nombreux pays de la région à condamner l'annonce anticipée du Président Donald Trump de reconnaître la ville de Jérusalem comme la capitale d'Israël.
L'armée israélienne aurait mobilisé sa division Galilée, y compris des centaines de soldats du corps logistique et des douzaines de véhicules, sans préavis, pour tenter de tester ses capacités de réaction rapide en cas d'éclatement d'un conflit dans la région du nord tendue, près de l'ennemi, le Liban et la Syrie. Les deux nations arabes ont reconnu Jérusalem comme la seule capitale d'un État palestinien indépendant et ont été frappées par des attaques aériennes israéliennes visant les forces soutenues par l'Iran, comme le mouvement chiite musulman libanais Hezbollah, qui s'est concentré ces dernières années sur la lutte contre les rebelles syriens et les djihadistes. Il s'est également opposé aux forces israéliennes pendant des décennies.
"L'exercice a été mené dans le but d'améliorer notre état de préparation au combat et l'état de préparation de notre équipement", a déclaré au journal israélien Yedioth Ahronoth le général de brigade Michel Yanko, commandant de la technologie et de la logistique.
"Les unités d'urgence et de logistique se sont entraînées à passer du mode de routine au mode d'urgence en réparant les équipements cassés à l'aide de la technologie et de la main d'œuvre", a-t-il ajouté.
Un soldat israélien marche sur un char israélien Merkava Mark IV lors d'un exercice militaire sur les hauteurs du Golan occupé par Israël près de la frontière syrienne, le 5 décembre. Un responsable militaire israélien a déclaré que le pays n'avait pas connu un exercice de cette envergure depuis 25 ans. JALAA MAREY/AFP/Getty Images
Décrivant l'exercice comme étant le plus important d'Israël depuis 25 ans, Yanko a déclaré que les troupes de réserve israéliennes avaient été appelées soudainement et délibérément chargées d'utiliser du matériel brisé et endommagé, comme des chars et de l'artillerie, obligeant le personnel à effectuer des réparations sur place rapidement et à les déplacer vers les simulateurs de champ de bataille à des kilomètres. L'exercice aurait eu lieu en réponse aux critiques précédemment formulées par les responsables israéliens, qui s'inquiétaient de la capacité du pays à se défendre contre une attaque inattendue, et à un moment où une décision controversée risquait de provoquer des tensions régionales.
Le président Donald Trump, un allié inébranlable d'Israël, devait en grande partie déclarer Jérusalem capitale d'Israël dans un discours prononcé mercredi. La ville, qui a eu une signification religieuse pour les adeptes du judaïsme, de l'islam et du christianisme, s'est vu accorder un statut international avant la création d'Israël, en 1948, qui a connu un conflit généralisé et entraîné un exode massif de Palestiniens. Par la suite, Jérusalem a été divisée entre Israël et la Jordanie, qui a également supervisé la Cisjordanie palestinienne; la zone a ensuite été saisie par Israël au cours de la guerre des six jours de 1967. Depuis lors, Israël a conservé un contrôle de fait.
Les Israéliens et les Palestiniens revendiquent la ville comme leur capitale et, bien que les États-Unis aient été le principal sponsor étranger d'Israël, Washington a maintenu son ambassade à Tel-Aviv. Cela allait changer, cependant, car Trump s'apprête à prononcer un discours dans lequel, de nombreux rapports l'ont confirmé, il prévoiz d'annoncer la réinstallation de l'ambassade des États-Unis à Jérusalem, niant ainsi la revendication des Palestiniens sur la ville historique et alimentant la colère à travers le Moyen-Orient, même parmi les alliés des États-Unis et bien au-delà.
Alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et ses alliés pensent que le déménagement à Jérusalem est attendu depuis longtemps, les critiques de Netanyahu, y compris du leader arabo-israélien Ahmad Tibi, vice-président du parlement israélien, ont prévenu que cela encouragerait probablement les mouvements extrémistes juifs et islamiques.
Une carte permet de localiser les sites possibles pour l'ambassade étatsunienne si elle se déplace de la ville israélienne de Tel-Aviv à Jérusalem, que les Israéliens et les Palestiniens revendiquent comme leur capitale. Gouvernement US/Reuters
Selon le quotidien israélien Haaretz, l'entraînement rapide d'Israël dans le nord a également fait suite à deux frappes aériennes distinctes contre la Syrie dans les 72 heures. La première aurait visé une installation militaire iranienne au sud de Damas, la capitale syrienne, tandis que la seconde n'a pas encore été identifiée. Israël a officiellement maintenu sa neutralité dans le conflit syrien, tout en attaquant à l'occasion des biens appartenant à l'Iran et à ses alliés, y compris l'armée syrienne, et en offrant son soutien à des groupes rebelles sur les hauteurs du Golan. Comme Jérusalem-Est, l'ONU ne reconnaît pas l'occupation israélienne de cette région du sud-ouest de la Syrie.
Israël n'est pas le seul à se préparer à la guerre. Le mois dernier, le commandant des forces armées libanaises Joseph Aoun a donné pour instruction à ses troupes de "se préparer pleinement à la frontière sud pour faire face aux menaces de l'ennemi israélien" après avoir vaincu Al-Qaïda et le groupe militant de l'État islamique (EI) dans des offensives qui ont coïncidé avec les campagnes militaires conjointes Hezbollah-Syrie contre les djihadistes.