Maroc : les manifestations se propagent jusqu’à la frontière avec l’Algérie
Par Sadek Sahraoui
Algérie Patriotique
La contestation contre la pauvreté et l’exclusion prend de l’ampleur au Maroc. La colère des Rifains s’est propagée à Jerada, une petite ville minière située non loin de la frontière algérienne (60 km au sud d’Oujda), où la population sort régulièrement dans la rue pour dénoncer sa marginalisation et ses conditions de vie misérables.
Des manifestations de grande envergure ont encore eu lieu ce dimanche après la mort de deux ouvriers de 23 et 30 ans, vendredi, dans une mine de charbon clandestine ouverte en… 1927. Cette tragédie intervient quelques jours après un drame similaire dans la province de Chichaoua ; la population de cette localité, qui traverse une crise sociale aiguë, réclame également des indemnités pour les familles des deux victimes. Les deux jeunes qui effectuaient des prélèvements dans la mine de charbon sont morts noyés dans les galeries inondées après des pluies diluviennes. Les corps n’ont été extraits que le lendemain (samedi) en milieu d’après-midi.
Selon les témoignages, photos et vidéos postées sur les réseaux sociaux, les éléments de la protection civile sont intervenus, mais en petit nombre et sans matériel adéquat. Ce qui a attisé l’ire de la population.
D’après une source de la section locale de l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH), citée par le magazine Telquel.ma, les familles des deux victimes refusent jusqu’à présent d’inhumer les corps. «Nous vivons dans une région sinistrée où une partie des habitants n’a d’autre choix que de creuser des puits pour subvenir à ses besoins», a déclaré Saïd Zeroual, membre de l’AMDH à Telquel.ma.
Une partie de la ville de Jerada survit grâce à l’exploitation de la mine fermée depuis l’année 2000. Mille à 3 000 personnes, selon les estimations, participent à cette activité clandestine. Le charbon est ensuite vendu dans la région et, parfois, transporté jusqu’à des villes éloignées. Les clients sont les briqueteries, les fours, les hammams et même des particuliers.
Selon la presse marocaine, «le travail dans les mines clandestines s’effectue au vu et au su des élus et des autorités locales». De nombreux journalistes soutiennent l’idée qu’«il y a probablement des réseaux qui contrôlent ce business clandestin. Les conditions de travail sont très dures, voie inhumaines ou moyenâgeuses». «Le danger est omniprésent, maladie ou accident, pouvant conduire au décès», soutiennent-ils.
Il est à parier que les médias étrangers préféreront parler du Réveillon à Marrakech que de relater la misère et la douleur du Maroc profond.