De nombreuses sources font état de violents combats à Afrin où la Turquie a lancé son offensive pour chasser les rebelles kurdes de la région. Assad a déclaré que la Turquie lançait une offensive pour soutenir Al Qaïda (AFP Assad dénonce l'offensive turque, accuse Ankara de soutenir le "terrorisme"). En effet, la Turquie s'appuie sur l'ASL (Armée syrienne libre) pour mener son offensive. Et pour certains experts, l'ASL est en lien étroit avec les ex-rebelles d'Al Nosra affiliés à Al Qaïda. Dans ces conditions, il est surprenant que la Russie ait donné son feu vert ou au moins orange à cette intervention. L'armée russe s'étant retiré d'une ville kurde syrienne au moment où la Turquie lancait une "attaque transfrontalière massive".
Il est vrai que la Russie réclamait le retrait des Kurdes. Pars Today, avait annoncé dès juillet 2017 que la Russie voulait le départ des forces kurdes du nord est de la Syrie :
Selon la chaîne de télévision du Kurdistan irakien Rudaw, la Russie a demandé aux miliciens kurdes, opérant en Syrie, de se retirer des villes du nord de la province d’Alep. « Une délégation russe a demandé aux forces des Unités de protection du peuple (YPG) de se retirer de cinq villes et des villages du nord d’Alep. Cette délégation russe a mis au courant les miliciens du YPG des désidératas d’Ankara afin d’éloigner la possibilité d’une attaque turque contre Afrin et les villages frontaliers. Le retrait des Kurdes de ces régions permettra l’ouverture d’une voie vers la périphérie ouest d’Alep et la province d’Idlib », a annoncé la chaîne Rudaw, ajoutant que la rencontre entre les Russes et les YPG avait eu lieu à Afrin.
L'attaque turque contre Afrin en Syrie était-elle préparée depuis juillet 2017 conjointement avec les Russes ?
D'après South Front, les rebelles supplétifs turques, en la personnification de l'ASL, sont actuellement dans l'impasse pour chasser les rebelles kurdes d'Afrin poussant l'armée turque à renforcer les frappes aériennes pour les aider :
L'armée turque a augmenté le nombre de frappes aériennes et d'artillerie contre les forces kurdes du YPG/YPJ à Afrin en Syrie après que ses supplétifs n'eurent pas réussi à établir le contrôle sur le mont stratégique de Birsaya malgré deux jours d'opérations. L'armée syrienne libre (ASL) soutenue par les forces armées turques a attaqué les positions du YPG/YPJ sur plusieurs lignes de front, mais n'a pas été en mesure de briser la défense des forces kurdes et de réaliser des progrès notables le 23 janvier. Selon des sources pro-turques, l'ASL s'est emparée du village de Hammam et des collines avoisinantes. Cependant, la zone est devenue contestée après que des unités kurdes y aient lancé une contre-attaque.
Malgré cela, les YPG se trouvent maintenant dans une situation très compliquée. Les forces turques ont un avantage en termes de main d'œuvre et de puissance de feu et elles sont en mesure de faire pression sur les forces kurdes dans de multiples directions. Selon les médias turcs, 6 400 militaires participent à l'opération militaire d'Ankara à Afrin. Selon l'OSDH, les forces pro-Ankara, appuyées par l'aviation et l'artillerie turques qui pilonnent la région d'Afrin, ont repris deux villages de la région d'Afrin depuis samedi.
Enfin pour l'AFP, "signe de l'âpreté des combats, les forces pro-Ankara ont réussi lundi à prendre le contrôle de la colline stratégique de Barsaya, dans le nord de la région d'Afrine, avant de la perdre quelques heures plus tard. Des pick-up blancs surmontés de mitrailleuses gravissaient les routes de terre à flanc de colline, alors que le bruit des tirs retentissait sans discontinuer".
Face à l'offensive, les autorités du canton de Jaziré, l'un des trois territoires contrôlés par les YPG en Syrie (avec Afrine et Kobané), ont décrété mardi la "mobilisation générale" pour "défendre Afrine", selon un communiqué repris par l'AFP.
South Front, évoque le fait que les Etats-Unis auraient proposé à la Turquie d'établir une "zone de sécurité" à Afrin semblant ainsi lâcher allègrement ses alliés kurdes au nord est de la Syrie :
"Les États-Unis veulent travailler avec la Turquie pour créer une sorte de "zone de sécurité" dans le nord-ouest de la Syrie, a déclaré le secrétaire d'État Rex Tillerson le 22 janvier.
"Nous sommes donc en pourparlers avec les Turcs et certaines forces sur le terrain, ainsi que sur la manière de stabiliser cette situation et de répondre aux préoccupations légitimes de la Turquie en matière de sécurité ", a déclaré Tillerson, selon un journaliste qui se rend à Paris avec lui.
Washington tentera d'utiliser l'Opération "Rameau d'Olivier" d'Ankara pour étendre son influence dans la région. Plus tôt ce mois-ci, le département d'État et le Pentagone défendaient l'idée de constituer 30 000 " forces frontalières " établies avec l'aide des FDS dans le nord de la Syrie. Washington n'a eu besoin que de quelques jours pour abandonner publiquement cette idée et commencer à répondre aux prétendues "préoccupations légitimes" d'Ankara.
Pendant ce temps là, la Turquie réprime et censure toutes contestations en interne de son offensive. Les opposants à cette offensive étant accusés de faire de "la propagande terroriste".
D'après l'AFP :
"Les autorités turques ont interpellé depuis lundi 91 personnes soupçonnées d'avoir fait de la "propagande terroriste" sur les réseaux sociaux contre l'offensive que mène Ankara contre une milice kurde en Syrie, a rapporté mardi l'agence de presse étatique Anadolu. Ces arrestations surviennent alors que les autorités turques ont lancé un coup de filet à travers le pays contre les internautes soupçonnés de partager des contenus favorables aux combattants kurdes.
Aux dernières nouvelles, l'armée turque a déclaré mardi avoir tué 260 miliciens kurdes appartenant aux YPG (Unités de protection du peuple) et combattants du groupe Etat islamique depuis le lancement, samedi, de l'opération "Rameau d'olivier" qui vise l'enclave d'Afrine, en Syrie.
(Source : Reuters L'armée turque dit avoir tué 260 membres des YPG et de l'EI).
Lire également :
- Reuters 23.01.18 L'armée turque dit avoir tué 260 membres des YPG et de l'EI
- AFP 23.01.18 Syrie: raids aériens et combats au quatrième jour de l'offensive turque
- WSWS 23.01.18 La Turquie envahit la Syrie pour attaquer les forces kurdes soutenues par les États-Unis
- AFP 22.01.18 Offensive turque à Afrine: pas de condamnation du Conseil de sécurité
- Sputniknews Un recul des troupes turques à Afrine ?
- AFP 22.01.18 Syrie: 54 combattants kurdes et rebelles pro-turcs tués dans la bataille d'Afrine (OSDH)
- Reuters L'aviation turque a touché 45 cibles dans la région d'Afrine (Reuters)
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