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Macron's Watch n°15. En marche vers la dictature ? Les enseignements de la rencontre Erdogan-Macron à l'Elysée

par SLT 7 Janvier 2018, 18:57 Macron's Watch Macron Fake news Fausse information Surveillance Police Dictature Migrants Erdogan Turquie Articles de Sam La Touch

Macron's Watch n°15
- instrumentalisation des "Fake News", contrôle du service audiovisuel publique français, renforcement des pouvoirs policiers au détriment du pouvoir judiciaire, en marche vers la dictature ?
- les leçons de la rencontre Erdogan-Macron

Macron's Watch n°15. En marche vers la dictature ? Les enseignements de la rencontre Erdogan-Macron à l'Elysée

Instrumentalisation des "Fake News", contrôle du service audiovisuel publique français, renforcement des pouvoirs policiers au détriment du pouvoir judiciaire, en marche vers la dictature ?


Il y a eu beaucoup de ramdam autour de la loi voulue par Macron pour empêcher la circulation de "fake news" sur les réseaux sociaux. Macron, faisant état de son passé douloureux de candidat et des "fausses informations", qui auraient été diffusées par les médias russes dont Sputniknews et Russia Today, a l'intention de créer une loi pour lutter contre les "Fake News". Pourtant il existe déjà une loi en France pour lutter contre les "fausses informations", qu'attend précisément Macron de cette nouvelle loi ?
 

Proposé lors de ses voeux à la presse, le 4 janvier 2018, cette législation permettrait en cas de propagation d'une fausse nouvelle :  "de saisir le juge dans une action en référé, pour faire supprimer le contenu, déréférencer le site, fermer le compte utilisateur concerné, voire bloquer l'accès au site internet".

Des franges importantes de l'opposition, Mélenchon pour la France insoumise et Marine Le Pen pour le Front national ont qualifié cette future loi de "liberticide". Nombre de personne s'accorde à dire qu'à partir du moment où l'Etat définit ce qui est "fake" et ne l'est pas, cela constitue une censure déguisée et au moins un contrôle de la liberté d'expression nous renvoyant à la période de l'ORTF dont l'ombre plane encore sur la majorité des grands médias sous le régime de la Vème République. 

Cette action du nouveau monarque de la République, semble confirmer la définition des "fake news" donnée sur Europe 1 dans l'émission Social Club, par Fabrice Eppelboin, professeur de géopolitique appliqué au cyber et sur les cultures contemporaines issues de l'internet à Sciences Po : "C'est une fausse information qui n'est pas cautionnée par les autorités". Le risque est grand que certaines "fausses informations" soient tolérées voire encouragées par le pouvoir et d'autres stigmatisées et révélées. Quant à savoir ce qui est faux et vrai, l'administration de la preuve n'est pas toujours évidente. Le gouvernement deviendra-t-il ainsi le garant du vrai et du faux à partir de "fact checking" discutables ? Sachant que les médias étaient dans leur grande majorité favorables à Macron, la censure des réseaux sociaux pourraient alors limiter toutes formes de contestations voire de critiques pendant les périodes électorales. Certes, il y a eu des "fake news" mais la législation actuelle permet de les condamner.

Selon Pascal Froissart, enseignant-chercheur en communication à l'université Paris VIII et spécialiste de la rumeur : "Donner la responsabilité à l’Etat ou à l’institution judiciaire de dire le vrai du faux, c’est le grand danger de la chose. Cela prend du temps de dire le vrai du faux ; on ne sait toujours pas si Napoléon a été assassiné, par exemple. Les vérités d’Etat sont dangereuses et jamais souhaitables. Il n’y a sans doute pas chez Emmanuel Macron de volonté de censurer ou de créer une police de la vérité journalistique. Son idée est bonne de vouloir protéger les moments de la démocratie les plus fragiles, c'est-à-dire les élections. D’accord pour mettre en place des garde-fous, mais de là à renforcer les pouvoirs de l’Etat sur l’information, c'est moins satisfaisant."

Oui l'inquiétude du public et de la presse est celle d'une constitution d'un tribunal de la vérité et du contrôle de l'information par le gouvernement.
Il faut dire que cette proposition de loi contre les "Fake News" vient après que Macron ait accusé le service public audiovisuel devant les Parlementaires français de ne pas faire le travail d'éthique nécessaire pour limiter certaines fausses informations (selon L'Express) : "Questionné par un député sur la question des fake news, il a répondu que les journalistes - ceux de l'audiovisuel comme les autres - n'ont pas fait le travail d'éthique nécessaire sur le sujet. Il a condamné le mode de nomination des présidents de ces entreprises par le CSA. Une fois nommés, les intéressés n'ont de compte à rendre à personne". Selon Telerama il aurait déclaré que "l'audiovisuel public français est une honte". On pourra d'ailleurs, à cet égard se reporter aux fausses informations diffusées dans les médias français pour légitimer aux yeux de l'opinion public française la guerre françafricaine en Libye dans le cadre de l'OTAN.

Mais Macron semble instrumentaliser les failles bien réelles de l'audiovisuel public français (découlant directement des dispositions gouvernementales appliquées au service public audiovisuel héritier de l'ORTF, sous le régime de la Vème République) pour l'aménager à sa sauce avec un risque de plus grand contrôle et de limitation de la liberté de la presse et des contre-pouvoirs déjà bien mis à mal en France.  Selon Mediapart, Emmanuel Macron veut une réforme de l’audiovisuel public pour accentuer la main mise du pouvoir : "Ce projet pourrait créer une holding rassemblant toutes les entreprises, ce qui renforcerait la mainmise du pouvoir. Le chef de l’État se méfie des journalistes...".

Comment le gouvernement Macron vit-il le peu de liberté dont dispose encore le service public audiovisuel français ?  Rappelez-vous de ce reportage de France 2 sur les conflits d'intérêts lors de la campagne de Macron. Encore une "fake news" ?

Comme nous l'écrivions dans le MW n°4, l'arrivée du nouveau chef de guerre Macron risque tout simplement de faire évoluer le régime de la Vème vers son asymptote logique : la dictature :  "En effet, Macron dans le courant de l'été 2017, a constitué une task force anti terroriste sans aucun contrôle gouvernemental et parlementaire. Il a créé : " un Centre de coordination des activités des services, qu'il a lui même qualifié de task force élyséenne...Les membres du gouvernement n'auront pas à en débattre, ils seront uniquement invités à ratifier le décret permettant la formation, auprès d'Emmanuel Macron, de cette sorte de cellule antiterroriste".  (Sous le régime de la Vème : une task force sous contrôle du chef de guerre sans aucun contrôle parlementaire et gouvernemental).

Mieux, il a fait passer une loi faisant entrer  dans le cadre législatif français des dispositions liberticides de l'Etat d'urgence :  « Selon le texte, que Le Monde a pu consulter, les mesures les plus sévères du régime d’exception créé en 1955 pendant la guerre d’Algérie, notamment les assignations à résidence, la fermeture de certains lieux, l’interdiction de manifester et les perquisitions administratives de jour et de nuit vont se retrouver dans le droit commun avec quelques modifications marginales. ». (Christine Lazerges: le projet de loi antiterroriste est «une grave régression de l’Etat de droit»). Le pouvoir judiciaire serait réduit à l’impuissance, et la police et les services de renseignement auraient des pouvoirs hors contrôle, a expliqué Le Monde : « Toutes ces mesures resteront l’apanage du ministère de l’intérieur et des préfets, sans l’intervention d’un juge judiciaire. »

Au nom de la lutte contre le terrorisme et de la lutte contre les "fake news", allons-nous vers une privation ou du moins une réduction des libertés publiques et d'expression en France et un contrôle accru des modalités d'expression dans la presse et sur les réseaux sociaux ?

La droitisation du gouvernement français et les abus policiers sur les migrants inquiètent les associations humanitaires en France. Selon l'Associated Press : "Les critiques affirment que la politique de Macron, de plus en plus dure envers les migrants - bien qu'enveloppée dans un manteau de bonne volonté - contredit son image d'humaniste qui a vaincu une populiste anti-immigrés pour la Présidence, et qui a franchi une ligne rouge jamais dépassée par aucun autre président du pays qui se targue d'être le berceau des droits de l'homme." Mediapart évoque aussi une ligne rouge franchit par le gouvernement Macron qui va au-delà de ce qu'ont fait ses prédécesseurs y compris Sarkozy. Une politique digne du front national selon Mediapart : "Malgré l’image humaniste et progressiste dont il aime se parer, Emmanuel Macron mène une politique migratoire d’une dureté « sans précédent », digne du Front national, à l’encontre des migrants. En France, le concert de louanges ne tarit pas… à droite et à l’extrême droite. « La droite n’est jamais allée aussi loin », s’est réjoui Christian Estrosi (LR), le 3 janvier sur France Inter, dans le sillage de Marine Le Pen, qui, dès le 18 décembre, s’est félicitée d’une « victoire politique » de son camp...".

Des abus des policiers seraient de plus en plus fréquents à l'encontre des migrants selon Human Rights Watch : "En se fondant sur des entretiens menés avec plus de 60 demandeurs d’asile et migrants, à Calais, Dunkerque et aux alentours, ainsi qu’avec une vingtaine de travailleurs humanitaires actifs dans cette zone, ce rapport documente les abus commis par les forces de police à l’encontre de demandeurs d’asile et de migrants et leurs agissements visant à perturber l’aide humanitaire et à harceler les personnes qui la délivrent – autant de comportements qui s’expliquent apparemment, au moins en partie, par la volonté de limiter le nombre de migrants présents dans la région. Human Rights Watch a constaté que les policiers à Calais, en particulier les Compagnies républicaines de sécurité (CRS), font un usage courant de gaz poivre sur des migrants, enfants et adultes, alors qu’ils sont endormis, ou dans d’autres situations où ils ne présentent aucune menace ; qu’ils aspergent de ce gaz ou confisquent des sacs de couchage, des couvertures et des vêtements ; et que parfois, ils pulvérisent du gaz sur la nourriture et l’eau des migrants. Les policiers perturbent également la délivrance d’assistance humanitaire. Les abus policiers ont un impact négatif sur l’accès aux services de protection de l’enfance et sur la volonté de migrants et leur capacité de déposer une demande d’asile." ("C'est comme vivre en enfer". Abus policiers à Calais contre les migrants, enfants et adultes).

Plusieurs personnalités, de Benoît Hamon à Omar Sy, ont signé vendredi une lettre ouverte à Emmanuel Macron pour demander la fin des violences contre les migrants à Calais.

 La lettre reprend largement le constat du Défenseur des droits Jacques Toubon qui s’était inquiété mercredi d'« atteintes aux droits fondamentaux » des migrants à Calais « d’une exceptionnelle et inédite gravité », et avait dénoncé « des conditions de vie inhumaines » et une « sorte de traque ».

« Vous avez le pouvoir d’agir afin que ces pressions cessent dans l’heure » et au-delà « de mettre en place une politique migratoire digne », ajoute cette lettre, signée également par l’essayiste Raphaël Glucksmann et l’historien Benjamin Stora, l’écrivain Édouard Louis, l’Auberge des migrants et le Syndicat de la magistrature.

Ces abus seraient liés aux directives gouvernementales qui mettent la pression sur la police pour faire du chiffre en matière d'expulsions et de réduction du nombre de migrants dans les rues. "Voilà deux semaines que les autorités rendent cette tâche difficile", et que "des officiers de police interdisent à des migrants de se rendre à une distribution de vivres", ajoutent les signataires, en s'interrogeant : "Qui donne ces ordres ? Est-ce faire honneur aux policiers que de les assigner à des tâches si inhumaines ?" déclare la lettre écrite à Macron.

Or Macron en matière de lutte contre l'immigration a montré qu'il pouvait être ferme et impitoyable au travers d'interventions filmées largement démagogiques.

En plus de l'absence de contrôle parlementaire sur le pouvoir exécutif, le contrôle de l'audiovisuel public français et des réseaux sociaux par l'Etat, la limitation des pouvoirs de la justice en faveur du renforcement de celui des services de renseignement et de la police marquent-ils un affaiblissement de la séparation des pouvoirs et des contre-pouvoirs au sein de la Vème République pour garantir les intérêts du complexe militaro-industriel et financier français dans un contexte de crise et de lutte contre le terrorisme ? Les "démocraties" européennes ont-elles à présent pour objectif de contrôler plus durement les opinions publics et la population dans un contexte de crise sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme ? De plus, avec la radicalisation de la lutte contre les migrants, assistons nous à une dérive droitière dure jamais observée dans le prétendu "pays des droits de l'homme" ? En marche vers le modèle rêvé par De Gaulle lors de son "coup d'état constitutionnel" de 1958 en plein "évènements d'Algérie" ? Sanctuarisation du pouvoir exécutif, centralisation des pouvoirs, limitation du pouvoir judiciaire, renforcement des pouvoirs des policiers et des militaires et contrôle des populations et de l'opinion publique ?

Les leçons de la rencontre Erdogan-Macron à l'Elysée

De toute évidence, Macron entend marquer une troisième voie entre l'axe étatsuno-israélien et celui des Brics. Son attitude sur l'Iran a été reconnue par bon nombre d'observateurs politiques comme une volonté de refuser le suivisme des pressions étatsuno-israéliennes envers l'Iran et une volonté de prendre le leadershipde la politique internationale européenne. Certains y voient une volonté de suivre les pas d'un souverainisme à la De Gaulle. En effet, si Macron s'est montré "préoccupé" par les manifestations en Iran, bon nombre de médias libres étatsuniens ont salué le courage de Macron de se distancier de l'axe impérialiste étatsuno-israélien sur l'Iran.
Moon of Alabama signale que "le président français Macron a averti la France que rompre les relations avec l'Iran mènerait à la guerre. Il était assez explicite sur les acteurs derrière de tels mouvements : "La France a des relations fermes avec les autorités iraniennes mais veut conserver ce lien 'parce que ce qui est train de se jouer sinon, c'est qu'on est en train subrepticement de reconstruire un 'axe du mal'", a déclaré le président français à des journalistes, en marge de ses voeux à la presse..."On voit bien le discours officiel qui est porté par les Etats-Unis, Israël, l'Arabie saoudite, qui sont nos alliés à de nombreux égards, c'est quasiment un discours qui va nous conduire à la guerre en Iran", a-t-il ajouté, en soulignant sans davantage de précisions qu'il s'agissait d'une "stratégie délibérée de certains". MoA précise même que "Trump se déleste des problèmes de politique étrangère - permettant à l'UE de se développer". 

Zero Hedge précise loue l'action de Macron dans un article intitulé "La Russie critique les Etats-Unis en raison de leur "tentative d'ingérence" en Iran après que Macron ait mis en garde contre un risque de "conflit d'une extrême brutalité"

Mais cela ne doit pas faire oublier que Macron reste un fervent défenseur de l'axe otanesque à la suite de ses prédécesseurs Sarkozy-Hollande et qu'il reste en embuscade aux côtés de l'axe atlantiste. Opportunisme ? L'invitation d'Erdogan à l'Elysée répond en partie à une volonté de faire rester Erdogan dans l'axe atlantiste et dans l'Otan alors que celui-ci est de plus en plus tenté d'aller voir du côté des Brics et particulièrement de la Russie. Macron ne s'en cache pas dans sa conférence de presse quand il déclare : "Je tiens particulièrement à la présence de la Turquie au sein de l'OTAN..." (à 30" sur la vidéo ci.dessous). Les rôles semblent partagés au sein de l'axe atlantiste. Les modérés et les radicaux se partageraient-ils les rôles au sein de l'alliance atlantiste ou bien Macron entend-il sceller une véritable troisième voie souverainiste à la de Gaulle ?

Toujours est-il que cette fois-ci Macron n'a pas complètement éludé la question des droits de l'homme contrairement à sa visite chez le dictateur Sissi ou chez les potentats saoudien ou émirati (MW n°9, MW n°8, MW n°6). Chez le dictateur Sissi, il avait déclaré qu'il ne voulait "pas donner de leçons" sur les droits de l'homme. Il faut dire qu'à l'instar de ses homologues d'Arabie saoudite, du Qatar et des Emirats Arabes Unis, ceux-ci ont acheté massivement des armes françaises. Le discours sur les droits de l'homme est-il une variable d'ajustement en fonction des intérêts français ? Un discours à géométrie variable pour préserver la force de vente du complexe militaro-industriel (MW n°9, MW n°8) ?

 

Enfin Erdogan n'est pas en position de force sur la scène atlantiste. Avant son départ pour la France, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé vendredi "une série de graves complots" contre la Turquie fomentés aux Etats-Unis, suite à la condamnation mercredi à New York d'un banquier turc dans le cadre d'un procès sur le contournement des sanctions étatsunienne contre l'Iran. Sur la scène internationale et européenne, on lui reproche sa répression tous azimuths des opposants politiques et des médias supposés hostiles au pouvoir ou bien considérés comme favorables au bouc émissaire Fethullah Gullen.  Selon Reporters sans frontières, il y aurait 144 médias supprimés, 775 cartes de presse abrogées et plus de 100 journalistes arrêtés. Comme l'illustre cet accrochage entre Erdogan et un journaliste de France 2 (cf. la vidéo ci-dessous), la conception du journalisme d'Erdogan est toute particulière. Celui qui lui pose problème est un allié de son présupposé "putschiste" favori : Fethulla Gullen, illustrant un principe qu^'il semble avoir fait sien : "les critiques qui ne vont pas dans mon sens et sont contre moi émanent de mes ennemis criminels qui complotent contre moi".

Pourtant cet accrochage est assez symptomatique, ne serait ce que de par le silence qu'il va créer dans la salle quand Erdogan face aux allégations du journaliste de France 2, d'avoir soutenu l'Etat islamique, va rétorquer que les Etats-Unis (voir les vidéos ci-dessus) ont soutenu également l'EI et les groupes kurdes qu'il qualifie de terroristes. Dans ses petits souliers et visiblement mal à l'aise, Macron va esquiver le sujet et mettre un terme au terrible silence envahissant la salle par une pirouette dont il a le secret. Pourtant la position de la France en Syrie lorsqu'il était ministre de l'économie entre 2014 et 2016 pose également de nombreuses questions comme nous l'avons déjà évoqué:
Lire : - Sur la collaboration avec l'Etat islamique en Syrie, Erdogan perd son sang froid face à un journaliste de France 2. Quid de Macron ?

L'Humanité évoque également les nombreuses couleuvres que Macron a dû avaler alors que Erdogan est disqualifié par bon nombre de chancelleries de Berlin à Washington :
"Emmanuel Macron aura pourtant tout tenté pour se gagner les bonnes grâces de Recep Tayyip Erdogan. Au point d’en être gênant tant le président français semblait précéder les désirs de son invité. Concernant la « lutte contre le terrorisme », par exemple, « notre coopération est exemplaire », a insisté Emmanuel Macron. « Les accords passés fonctionnent très bien ». Et de citer immédiatement comme « organisation terroriste », non pas Daech (l’Etat islamique) mais… le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et « en particulier ses formes de financement ». A la veille de la commémoration de l’assassinat il y a cinq ans de trois militantes kurdes à Paris, l’implication avérée des services de renseignements turcs, le MIT, et les révélations faites le matin même par le Conseil démocratique kurde en France (CDK-F) du nom de l’organisateur de cet assassinat, Macron a perdu tout sens de l’honneur de la France. Comme il semble oublier que les populations Yézidis au Sinjar (Irak), promis à un génocide par Daech, n’ont du leur salut qu’à l’intervention des guérilleros du PKK et des unités de défense (YPG, kurdes de Syrie)."

Finalement, le seul point sur lequel a pu s’appuyer Emmanuel Macron, selon l'Humanité est la signature entre Paris et Ankara d’un contrat qui porte sur l'étude de définition du système de défense aérienne et antimissile longue portée Loramids (Long-Range Air and Missile Defense System, ndlr) entre les sociétés turques Aselsan et Roketsan et franco-italienne Eurosam et le gouvernement turc. Ce qui somme toute pour le complexe militaro-industriel français n'est peut-être pas une si mauvaise moisson qu'il y paraît.

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