[Vidéos] Macron prône-t-il une politique incitant aux bavures policières contre les migrants ?

C'est tout de go ce qu'avait évoqué l'écrivain-chroniqueur Yann Moix en filigrane, le 6 janvier 2018, sur le plateau d'ONPC devant Benjamin Grivaux porte-parole du gouvernement. Puis, il a ouvertement récidivé dans les colonnes de Libération et dans un documentaire coup de poing à paraître sur Arte livrant des témoignages de migrants maltraités par les forces de l'ordre dans la région de Calais.

Lettre ouverte de Yann Moix à Emmanuel Macron dans "Libération" sur sa politique migratoire : "Vous avez instauré un protocole de la bavure" (Vidéos)

Le gouvernement avait alors menacé de porter plainte contre lui : "Le préfet du Pas-de-Calais a répliqué jeudi au violent réquisitoire de l'écrivain Yann Moix contre l'action de l'Etat à l'endroit des migrants de Calais, soulignant que ses accusations gravissimes, qu'il rejette, devraient le conduire à saisir la justice." (AFP France : L'Etat répond à Yann Moix sur les migrants de Calais).

Seulement le souci, c'est que bien d'autres se sont plaints des violences policières à l'encontre des migrants notamment Human Rights Watch ou bien l'Associated Press qui ont recueilli moult témoignages.

- "C'est comme vivre en enfer". Abus policiers à Calais contre les migrants, enfants et adultes (Human Rights Watch) "En se fondant sur des entretiens menés avec plus de 60 demandeurs d’asile et migrants, à Calais, Dunkerque et aux alentours, ainsi qu’avec une vingtaine de travailleurs humanitaires actifs dans cette zone, ce rapport documente les abus commis par les forces de police à l’encontre de demandeurs d’asile et de migrants et leurs agissements visant à perturber l’aide humanitaire et à harceler les personnes qui la délivrent – autant de comportements qui s’expliquent apparemment, au moins en partie, par la volonté de limiter le nombre de migrants présents dans la région. Human Rights Watch a constaté que les policiers à Calais, en particulier les Compagnies républicaines de sécurité (CRS), font un usage courant de gaz poivre sur des migrants, enfants et adultes, alors qu’ils sont endormis, ou dans d’autres situations où ils ne présentent aucune menace ; qu’ils aspergent de ce gaz ou confisquent des sacs de couchage, des couvertures et des vêtements ; et que parfois, ils pulvérisent du gaz sur la nourriture et l’eau des migrants. Les policiers perturbent également la délivrance d’assistance humanitaire. Les abus policiers ont un impact négatif sur l’accès aux services de protection de l’enfance et sur la volonté de migrants et leur capacité de déposer une demande d’asile."
- La politique migratoire de Macron se durcit alors que la France peine à faire face aux migrants (Associated Press)  "...le gouvernement Macron resserre maintenant les vis : il accélère les expulsions, augmente la pression sur les migrants économiques et permet des vérifications d'identité qui divisent les refuges d'urgence. Les critiques affirment que la politique de Macron, de plus en plus dure envers les migrants - bien qu'enveloppée dans un manteau de bonne volonté - contredit son image d'humaniste qui a vaincu une populiste anti-immigrés pour la Présidence, et qui a franchi une ligne rouge jamais dépassée par aucun autre président du pays qui se targue d'être le berceau des droits de l'homme..."

Et quand on sait les blagues vaseuses et oiseuses que peut faire Macron sur les migrants avec un cynisme qui le caractérise où des propos racialistes dont il est familier, on est en droit quelque peu de s'inquiéter.

Une blague que l'on doit sans doute se repasser en boucle dans les casernes, en Françafrique, au Front national et ailleurs.

Cette fois-ci c'est au tour du Canard enchaîné -  journal qui a aidé Jupiter à gagner l'Elysée en éliminant Fillon son principal rival politique aux lourdes casseroles - d'aborder les nombreuses bavures rapportées par des témoignages de migrants africains à Calais.

Dans son édition du 24.01.18, dans un article intitulé "Un soutien de Macron aux flics de Calais net et sans bavures..." Le Canard évoque le rapport des Inspections générales de l'Intéreur commandé par son ministre, Gérard Collomb, et publié en octobre 2017 : "l'accumulation de témoignages écrits et oraux (...) conduit à considérer comme plausibles des manquements à la doctrine d'emploi de la force et à la déontologie policière, principalement à Calais. Ces manquements portent sur des faits de violence, sur un usage disproportionné des aérosols lacrymogènes, la destruction d'affaires appartenant aux migrants".

Le Canard dans cet article évoque les plaintes d'associations locales : "L'Auberge des migrants, Utopia 56 et le Secours catholique - avaient déposé plainte contre X pour "destruction et dégradation de biens" leur appartenant. "Malgré la trêve hivernale argumentent-ils, les exilés de Calais sont dépossédées quotidiennement des biens leur permettant de se protéger du froid. Chaque semaine, des sacs de couchage, bâches et tentes sont mis à la benne, détruits, voire gazés...Des faits constatés à plusieurs reprises par une journaliste du "Canard", et corroborés par de nombreux témoignages...A deux reprises, Sylvie, bénévole au sein de d'une association locale distribuant vêtements et nourriture aux migrants, a saisi (via une plateforme numérique) l'Inspection générale de la police nationale. Le 27 septembre, vers 10 heures elle avait vu le conducteur d'un véhicule de CRS asperger de lacrymo trois jeunes piétons africains. Le 23 octobre, lors de l'évacuation d'un camp de fortune, un policier refusait, sous ses yeux, de rendre à un migrant ses effets personnels". 

Macron © POOL New Source Reuters