Chirac et Sarkozy accusés dans un scandale de vente d’armes en Afrique du Sud
Par Sébastien Hervieu
Courrier international, 6.02.2018
Lors de rencontres en 2004 et 2008 avec leurs homologues sud-africains, les deux présidents français auraient fait pression pour que la compagnie française d’armement Thales (ex-Thomson-CSF) ne soit pas poursuivie dans une retentissante affaire de corruption. Ces accusations ont été exposées, lundi 5 février, par l’ex-avocat de la firme.
La scène a eu lieu au Cap en 2008, assure l’ancien avocat Ajay Sooklal. “Sooklal a assisté à une réunion où, à l’en croire, Sarkozy a demandé à Zuma de ‘faire disparaître’ l’enquête sur Thales”, rapporte le Mail & Guardian.
L’ex-avocat de la compagnie française d’armements Thomson-CSF (devenu Thales en 2000) a fait ces révélations devant un tribunal mis en place par des organisations sud-africaines de lutte contre la corruption. Ce dernier ne dispose toutefois pas d’autorité légale.
Ajay Sooklal n’a pas précisé la date de cette rencontre, mais l’hebdomadaire sud-africain a retrouvé la trace d’un meeting en février 2008 entre le président français Nicolas Sarkozy et Jacob Zuma : “Lui et Zuma se seraient rencontrés ‘en privé’ au luxueux hôtel Westin du Cap.”
Élu en décembre 2007 à la tête du Congrès national africain (ANC), le parti au pouvoir, Jacob Zuma était alors considéré comme le très probable successeur du président Thabo Mbeki après les élections générales de 2009. Ce qui effectivement se produisit.
“Le président français a réitéré sa demande quand il a rencontré Zuma à Paris la même année, d’après Sooklal”, poursuit le journal. L’homme a aussi “affirmé qu’en 2004, Chirac avait fait pression sur [Thabo] Mbeki [président sud-africain de 1999 à 2008] pour empêcher le parquet sud-africain (NPA) d’enquêter sur Thales”.
À cette époque, cela fait déjà plusieurs années que le scandale de l’“Arms Deal’” en Afrique du Sud éclabousse une partie de la classe politique locale.
Plusieurs hommes d’affaires et politiciens, dont l’actuel chef d’État, Jacob Zuma, sont accusés d’avoir touché des pots-de-vin, notamment de Thint, une filiale de Thomson-CSF, lors de la signature en 1999 du plus gros contrat d’armement pour l’Afrique du Sud depuis la chute de l’apartheid, d’un montant d’1,9 milliard d’euros. Plusieurs compagnies d’armements étrangères sont concernées...