La France se rend complice d’un massacre d’enfants au Yémen
Par Sadek Sahraoui
Algérie patriotique
Alors que plusieurs Etats, comme la Hollande, la Belgique, le Canada, la Norvège et la Finlande, ont décidé d’arrêter de fournir des armes aux belligérants de la guerre au Yémen, afin d’éviter d’être complices de «crimes de guerre», la France, «patrie des droits de l’Homme», continue, quant à elle, à soutenir l’Arabie Saoudite et ses alliés locaux dans leur massacre du peuple yéménite.
«Depuis le second semestre de l’année 2014, les Français ont accordé pas moins de 1989 licences d’exportation de matériel militaire aux différents pays engagés dans la coalition menée par Riyad ! Depuis 2007, l’Arabie Saoudite, le Qatar et l’Egypte sont les trois principaux clients de la France, après l’Inde. Sur la seule année 2016, plus d’un milliard d’euros d’équipement militaire a été livré à l’Arabie Saoudite», affirme Anne-Sophie Simpre, spécialiste des conflits, dans un article publié cette semaine dans Basta.
Paris se réjouit, dit-elle, de ses ventes d’armes «record», malgré les dégâts qu’elles causent, ajoutant que les industriels français de la défense, dont Leclerc et Dassault, se disent, quant à eux, fiers des performances de leur matériel en matière de destruction. «Depuis le printemps 2015, 70 à 80 chars Leclerc et des dizaines de chasseurs Mirage 2000-9 ont été déployés par l’armée émiratie, alliée de l’Arabie Saoudite, sur le champ de bataille yéménite afin de combattre les Houthis», affirme Anne-Sophie Simpre. «L’excellence de l’avion et le succès du programme ont été démontrés avec brio par la grande disponibilité du Mirage 2000-9 et la qualité de sa participation à des opérations menées en coalition internationale», annonce, d’ailleurs, fièrement un communiqué du groupe français Dassault.
Quelle est aujourd’hui la situation du Yémen, vitrine de ce savoir-faire français ? Basta rappelle qu’après plus de 30 000 bombardements et un blocus qui entrave l’accès humanitaire, le bilan de cette guerre, qui a commencé en 2015, est d’au moins 10 000 morts et près de 3 millions de déplacés. L’Unicef estime qu’un enfant y meurt toutes les dix minutes, que 1,8 million d’entre eux souffrent de malnutrition aigüe et que près de 400 000 enfants yéménites sont atteints de malnutrition sévère et luttent pour survivre. Cela sans compter les ravages causés par des épidémies de toutes sortes.
A ce propos, l’ONU attire l’attention sur le fait que «le Yémen traverse peut-être actuellement la pire crise humanitaire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale». Plusieurs responsables onusiens qualifient cette guerre d’«absurde et futile», tandis que le Haut Commissaire aux droits de l’Homme de l’ONU, Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, parle d’«horreur permanente».
Le 21 décembre 2017, alors que l’un des pays les plus pauvres du monde subit des bombardements depuis mille jours, plusieurs ONG lancent la campagne «Yemen can’t wait» (le Yémen ne peut pas attendre). Une situation si dramatique que certains pays commencent à trouver gênant de continuer à fournir des armes aux belligérants qui s’acharnent.
Bien que signataire d’un Traité sur le commerce des armes (TCA) et soutenant la position commune de l’Union européenne (UE) sur les exportations de matériel militaire (ces règlementation interdiraient a priori tout transfert d’armes vers les parties du conflit yéménite compte tenu des graves violations du droit humanitaire qui y sont constatées), la France fait la sourde oreille. Elle poursuit sans état d’âme son macabre business. Et ça s’autorise à donner des leçons aux autres.