Le prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane indésirable à Londres
Par Boudjemaa Selimia
Algérie patriotique
De Londres, Boudjemaa Selimia – Le déplacement controversé à Londres du prince héritier saoudien Mohamed Ben Salmane a été déprogrammé en raison de craintes qu’il soit confronté à un large mouvement de protestation de la société civile britannique opposée à sa venue au Royaume-Uni. Les Britanniques reprochent au fils du roi saoudien son implication dans de graves violations des droits de l’Homme, notamment au Yémen, où l’intervention militaire conduite par Riyad a provoqué le chaos dans ce pays où des milliers de civils, dont de nombreux enfants, ont été massacrés et affamés.
Mohamed Ben Salmane, qui est désigné comme l’architecte en chef de la guerre déclenchée par l’Arabie Saoudite contre le Yémen, avait prévu d’effectuer une visite de trois jours au Royaume-Uni ce mois de février. Une visite qui vient d’être reportée au 7 mars, par crainte d’une «couverture médiatique négative pour la réputation du royaume» et de grandes manifestations de dénonciation des graves atteintes aux libertés commises par les Al-Saoud dans cette monarchie dirigée par un régime wahhabite moyenâgeux.
Un documentaire en trois épisodes diffusé le mois dernier par la BBC, retraçant la vague de répression sans précédent déclenchée par Mohamed Ben Salmane dans sa campagne anticorruption et qui a visé des centaines des personnalités enfermées pendant plusieurs semaines dans un grand hôtel de la capitale, a provoqué la colère des Al-Saoud. Le documentaire intitulé «House of Saud : A Family War» (la maison des Al-Saoud, une guerre familiale) dépeint la famille royale saoudienne confrontée à un «moment d’instabilité sans précédent dans son histoire sur le plan interne» et en plein conflit avec le Qatar, greffé à un risque de guerre avec l’Iran et une impasse dans le dossier yéménite.
Le prince héritier saoudien n’a pas quitté le pays depuis le début de la purge anticorruption, déclenchée le 4 novembre dernier. Mohamed Ben Salmane craint que des troubles éclatent en son absence. Sa visite à Londres allait être la première étape d’un périple diplomatique qui devrait le conduire à Paris et Washington. Le nouvel homme fort de Riyad veut renforcer sa position en tant qu’interlocuteur incontournable sur le plan régional. Il devrait également assurer les grandes capitales occidentales de sa volonté de se rapprocher de Tel-Aviv.