Hillary Clinton a ordonné aux diplomates de supprimer les discussions sur le "Novichok".
Article originel : Hillary Clinton Ordered Diplomats To Suppress 'Novichok' Discussions
Moon of Alabama
Traduction SLT
Alors que le dernier acte du drame "Novichok", la résurrection saisonnière appropriée des Skripal, se poursuit, quelques détails supplémentaires de l'histoire des agents neurotoxiques "Novichok" sont mis à jour.
Des détails sur les agents neurotoxiques 'Novichok' ont été publiés dans un livre publié en 2007 par Vil Mirzayanaov, un scientifique soviétique qui a obtenu l'asile aux États-Unis.
Après la publication, les États-Unis et le Royaume-Uni ont activement supprimé les discussions internationales sur le livre et les agents d'armes chimiques 'Novichok'. Des documents du département d'État US publiés par Wikileaks montrent que la secrétaire d'État de l'époque, Hillary Clinton, a ordonné à ses diplomates de ne pas parler du Novichok et de minimiser la question si des pourparlers sur le contrôle des armes chimiques devaient avoir lieu.
Le soit disant groupe d'agents neurotoxiques "Novichok" a été développé dans les années 70 et 80 par Pyotr Kirpichev et Vladimir Uglev sous le nom de code soviétique "Foilant".
Plus tard, le groupe de développement a confié le projet au professeur Leonid Rink pour le développement ultérieur des substances en agents binaires qui les rendraient utilisables comme armes militaires. Mais l'Union soviétique s'est effondrée et a cessé de payer ses scientifiques. Rink a secrètement produit un petit dosage d'un des agents Novichok et l'a vendu à un contact de la mafia lettone. En 1995, le poison a été utilisé pour tuer un gangster russe et son secrétaire à Moscou. Rink a produit plusieurs doses supplémentaires et les a vendues. On ne sait pas où elles se trouvent, mais ces substances sont censées être instables et elles auront probablement perdu leur effet.
Un autre scientifique de ces laboratoires, l'analyste chimique Vil Mirzayanov a été chargé de détecter les fuites environnementales et de sécurité des laboratoires. Il connaissait le programme 'Foliant' et les agents 'Novichok' développés. Au début des années 1990, il les a dénoncés, a été harcelé par l'État et, en 1996, il a été autorisé à se rendre aux États-Unis. Là, il s'est mis à table (pdf) et a dit aux États-Unis tout ce qu'il savait.
En 1997, la Fédération de Russie et d'autres États de l'ex-Union soviétique ont adhéré à la Convention sur les armes chimiques et détruit leurs stocks d'armes chimiques et leurs installations de production. Une installation de production et d'essai pour les agents de Novichok se trouvait à Nukus, en Ouzbékistan. En 1999, les États-Unis ont aidé à démanteler cette installation. Ils ont sûrement acquis des connaissances supplémentaires sur tout ce qui a été produit là-bas.
En 2008, Mirzayanov a publié un livre sur son histoire et les agents chimiques développés dans le cadre du programme 'Foilant'. Le livre comprenait les formules chimiques des agents.
Aujourd'hui Mirzayanov vit dans une maison d'un million de dollars à Princeton, dans le New Jersey.
Le livre a suscité un nouvel intérêt au sein de la communauté internationale des scientifiques spécialisés dans les armes chimiques. Les personnes impliquées dans la Convention sur les armes chimiques (CAC) et l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) s'y sont fortement intéressées. Existait-il vraiment une nouvelle "4e génération" d'armes chimiques qui pourraient être facilement fabriquées à partir de précurseurs industriels librement disponibles ? Naturellement, les diplomates étatsuniens impliqués dans les efforts de maîtrise des armements et dans l'OIAC ont été interrogés à ce sujet.
Les documents du département d'État US publiés par Wikileaks prévoient que les États-Unis et le Royaume-Uni aient tenté de supprimer toute discussion sur le livre. (Un grand merci à Stephen McIntyre du Climate Audit (Vérification climatique) qui a trouvé ces câbles).
Ces câbles du département d'État US nous informent de plusieurs réunions en mars et avril 2009, peu après la parution du livre " Novichok " de Mirzayanov, où la question a été discutée. Les diplomates étatsuniens à La Haye ont demandé à la CIA, au Conseil de sécurité nationale et au département d'État comment réagir aux questions sur le livre de Mirzayanov :
CWC : ENQUÊTES A LA HAYE SUR LE LIVRE "SECRETS D'ÉTAT" DE MIRZAYANOV
2. (S) Le 25 mars, lors d'une conversation privée, le délégué canadien a demandé aux délégués des États-Unis et du Royaume-Uni s'ils avaient entendu parler du livre de Mirzayanov intitulé "State Secrets : An Insider's View of the Russian Chemical Weapons Program". La représentante canadienne ajoute que Mirzayanov apparaît maintenant sur YouTube. La représentante du Royaume-Uni a reconnu en avoir entendu parler, mais a déclaré que c'était la première fois qu'elle entendait parler du "novichok" et qu'il valait mieux laisser la discussion entière aux experts étatsuniens. La représentante a indiqué un manque de familiarité avec le sujet et a indiqué qu'elle n'était pas intéressée à poursuivre la discussion.
3. (S) Le 4 mars, le délégué a rencontré le représentant des États-Unis auprès du Groupe de validation des données de l'OIAC. En plus d'un rapport de routine sur les activités du Groupe de validation la semaine du 2 mars, le représentant des États-Unis a informé que le délégué que les représentants de plusieurs pays (Finlande, Pays-Bas, Royaume-Uni) avaient commencé à discuter du livre de Mirzayanov en marge de la réunion. Tous les participants à la discussion semblaient simplement mesurer le niveau de sensibilisation ; ces mêmes personnes ont également exprimé des doutes quant à la crédibilité et à l'exactitude de l'information contenue dans le livre. Le représentant des États-Unis auprès du groupe de validation a confirmé qu'aucun autre membre du groupe n'a pris part à cette conversation ou ne l'écoutait.
4. (S) Note : Delrep croit comprendre de l'OSD que le ministère de la Défense du Royaume-Uni a parlé à ses homologues des Pays-Bas et de la Finlande, les a informés de la conversation et a demandé à chaque pays de fournir des conseils à ses membres pour ne ne pas soulever cette question à l'avenir. Note de fin.
(Le (S) désigne ces paragraphes comme "Secret").
Le 2 mars, des délégués de la Finlande, des Pays-Bas et du Royaume-Uni ont discuté du livre. Par la suite, le ministère britannique de la Défense a demandé aux autres gouvernements de "fermer leur gueule" à ce sujet. Lors d'une réunion du 25 mars, un délégué canadien a posé des questions sur le livre. Les délégués des États-Unis et du Royaume-Uni ont fait les idiots. Le délégué des États-Unis a demandé ensuite comment traiter la question lors des prochaines réunions :
5. (S) Demande d'action : Comme les implications de ce livre pour la Convention sur les armes chimiques (CAC) sont susceptibles d'être évoquées lors de futures réunions de l'OIAC (en particulier les réunions techniques comme la prochaine réunion du Conseil consultatif scientifique du 30 mars au 1er avril 2009), Del demande des conseils sur la manière dont cette question doit être traitée si elle est soulevée par d'autres. Les membres étatsuniens des organes consultatifs techniques de l'OIAC n'ont pas nécessairement de contact avec la délégation étatsunienne pendant leur séjour à La Haye ; des conseils devront être fournis directement à ces personnes.
L'orientation demandée a fait l'objet d'un message du département d'État le 3 avril :
(Le Groupe Australie est un groupe informel de pays "occidentaux" dirigé par les États-Unis, qui harmonise les contrôles à l'exportation de matières liées aux armes de destruction massive.
1. (U) Ce message fournit des conseils à la délégation étatsunienne à la réunion informelle intersessions du Groupe de l'Australie à Londres les 6 et 7 avril 2009.
L'orientation énumère cinq "objectifs" pour la réunion. Le cinquième est :
Éviter toute discussion de fond sur le livre de Mirazayanov "State Secrets : An Insider's View of the Russian Chemical Weapons Program" ou "Fourth Generation Agents".
Plus bas il détaille :
7. (C) Si les participants du Groupe Australien soulèvent la question du livre de Vils Mirazayonov "State Secrets : An Insider's View of the Russian Chemical Weapons Program", le Del devrait :
Déclarer tous les cas où le livre est soulevé.
Ne pas commencer ou provoquer des conversations sur le livre ou s'engager de manière substantielle s'il se présente dans la conversation.
Exprimer un manque de familiarité avec la question.
Décourager discrètement les discussions de fond en suggérant qu'il vaut mieux laisser la question aux experts.
CLINTON
Le rapport de suivi de la délégation étatsunienne après la réunion du Groupe Australie ne fait pas mention du "Novichok " ou du livre. La question n'a pas été abordée.
Ce qui précède n'est pas la seule implication de "CLINTON" dans l'affaire 'Novichok' et Skripal. La campagne présidentielle d'Hillary Clinton a payé la société britannique Orbis pour créer le "dossier sale" sur Trump et ses liens présumés avec la Russie. Christopher Steele, un ancien (?) agent du MI6, et son ancien (??) collègue du MI6, Pablo Miller, ont rédigé le dossier, affirmant que ses informations provenaient de sources russes. Pablo Miller était l'agent du MI6 qui avait recruté Sergej Skripal comme espion pour le Royaume-Uni. Miller vit à Salisbury où vit Sergej Skripal et où lui et sa fille auraient été attaqués avec un agent neurotoxique 'Novichok'. Miller était un ami de Sergej Skripal et le rencontrait régulièrement. Il est tout à fait possible que certaines des rumeurs de mauvaise qualité du dossier Steele proviennent de Skripal ou de sa fille Yulia. L'incident de Salisbury pourrait bien être lié au dossier ou à d'autres questions douteuses liées à la campagne.
Il est intriguant de constater que les États-Unis et le Royaume-Uni ont tenté de minimiser toute discussion sur le "Novichok" et le livre. Pourquoi l'ont-ils fait ?
Jusqu'en 2016, le Conseil consultatif scientifique de l'OIAC (SAB) ainsi que les scientifiques du laboratoire d'armement britannique de Porton Down ont semé des doutes quant à l'existence même de "Novichoks". Nous sommes tombés dans le panneau lorsque nous avons demandé si le 'Novichock' existait vraiment. Jusqu'à la fin 2016, l'OIAC n'a pas listé les substances et leurs précurseurs. Il ne s'agissait pas d'un oubli, mais d'une intention. Des efforts actifs de répression des États-Unis contre toute mention du "Novichok " dans l'OIAC ont déjà eu lieu en 2006 :
7. (C) S'appuyant sur les points fournis dans reftel, del rep a rencontré des délégués du Royaume-Uni (Mark Matthews), de la Suisse (Ruth Flint), de l'Autriche (Hans Schramml) et de la République tchèque (Jitka Brodska) pour discuter des récents commentaires irréfléchis faits par le président du conseil consultatif scientifique Matousek au groupe occidental. Tous les délégués ont apprécié la clarification du fait que les États-Unis n'ont pas développé ou militarisé la NGA, y compris les "Novichoks". Ils ont également convenu avec les États-Unis que c'est une mauvaise idée d'avoir une discussion sur la question de savoir s'il faut ajouter les NGA aux tableaux des produits chimiques de la Convention sur les armes chimiques. Enfin, tous ont également déclaré qu'ils n'avaient entendu parler d'aucun intérêt de la part d'une délégation à poursuivre un tel effort, et la question n'a pas refait surface dans les WEOG (Western and Other Groups).
Jiri Matousek, un scientifique tchèque à la tête du SAB, s'est fait dire qu'il fallait qu'il se taise. Un diplomate étatsunien a contacté le gouvernement tchèque et a ensuite fait état de son succès. Le titre de son câble dit : MTAG : Les Tchèques musèllent le président du conseil consultatif sur les agents de prochaine génération.
Il est clair maintenant que l'ignorance professée de l'OIAC au sujet du "Novichock" était une conséquence de la pression exercée par les États-Unis et la Grande-Bretagne pour décourager toute discussion sur la question.
En 2016, un groupe de scientifiques iraniens a synthétisé cinq substances 'Novichok'. Il a conçu des moyens de les détecter. Les résultats ont été publiés et ajoutés à la base de données de l'OIAC.
Le gouvernement britannique insinue que la Russie est le seul pays qui pourrait faire des agents "Novichok" et doit donc avoir attaqué les Skripals. C'est évidemment absurde. Les États-Unis et le Royaume-Uni ont été profondément impliqués dans la question du "Novichok". Ils ont certainement essayé et réussi à recréer ces substances. Après la publication des formules des agents neurotoxiques par Mirzayanov, les États-Unis et le Royaume-Uni ont supprimé la discussion sur la question. L'OIAC a déclaré ne rien savoir à leur sujet. Ce n'est qu'après que les scientifiques iraniens ont recréé indépendamment les agents et publié à ce sujet qu'ils ont été ajoutés à la base de données de l'OIAC.
Trois questions me viennent à l'esprit auxquelles les gouvernements étatsunien et britannique devraient être pressés de répondre :
- Pourquoi le Département d'État Clinton et le gouvernement britannique ont-ils supprimé les pourparlers internationaux au sujet des agents " Novichok " ?
- Pourquoi ont-ils essayé, avec succès, semble-t-il, de garder la question à l'écart du conseil scientifique de l'OIAC ?
- Pourquoi les substances ont-elles été gardées hors de la base de données de l'OIAC jusqu'à ce que des scientifiques iraniens indépendants les recréent finalement ?