Justice. Sarkozy, l’héritier de la Françafrique
Par Lionel Venturini
L'Humanité
La mise en examen de l'ancien président dans le cadre de l’affaire libyenne, fait de lui le dernier héritier connu des réseaux de financements occultes dont s’est longtemps servie la droite.
Si l’homme africain, pour Sarkozy, n’était « pas assez entré dans l’Histoire », selon la formule néocolonialiste prononcée à Dakar, l’homme Sarkozy est, lui, entré très tôt dans les réseaux de la Françafrique. Le soupçon de financement occulte de la campagne présidentielle de 2007 par de l’argent libyen, qui vaut à Nicolas Sarkozy d’avoir vu sa garde à vue poursuivie hier, remet en lumière l’usage fait à droite de la proximité avec des chefs d’État africains.
Le jeune Sarkozy, affranchi très tôt par Charles Pasqua, s’entoure ainsi de proches de l’ancien homme fort des Hauts-de-Seine, Claude Guéant ou Michel Gaudin. C’est sous la haute main de Pasqua qu’est créée la mystérieuse association Coopération 92, structure opaque dénoncée dans les ouvrages de l’association Survie pour ses actions sulfureuses en Afrique. En juillet 2005, le parquet de Nanterre lance une enquête sur Coopération 92. Nicolas Sarkozy en démissionne quelque temps après.
Pour la campagne de 2007, Sarkozy bénéficiera de la mise à disposition par Bouygues de Michel Lunven, ancien ambassadeur de France au Gabon et en Centrafrique et ex-conseiller de Jacques Foccart. Pascaline Bongo, fille de l’ex-président gabonais, et dépeinte comme la trésorière du clan, assiste au grand meeting de lancement de la campagne en janvier 2007. Une fois élu, contrairement à ses promesses, Sarkozy n’a pas du tout rompu avec les vieilles pratiques, en dépit de ses discours. Deux mois après avoir dénoncé la « Françafrique », le secrétaire d’État à la Coopération Jean-Marie Bockel est débarqué sous la pression d’Omar Bongo...