Narvalo. En langage gitan, ce mot désigne les fauves dont il faut se méfier dans les cirques et les hommes qui n’ont peur de rien. Guy-Pierre Geneuil fait partie de cette espèce. Il est capable du meilleur comme du pire. Il faut dire que dès sa plus tendre enfance, il n’a pas été épargné. Un père totalement absent, une vie de misère à Montmartre et surtout, à huit ans, les camps de concentration d’où il sort vivant malgrè les expériences médicales pratiquées sur lui par les nazis. Adolescent puis adulte, il mène une vie incroyable. Après avoir vécu quelques années cachés dans une forêt, il devient résistant. Ensuite il est taxi-boy pour les riches clientes de certains établissements parisiens.
Parallèlement, il commence à se faire une jolie répuation de peintre. Il apprend aussi à se battre et devient homme de main des services secrets en Indochine ou en Algérie, garde du corps de De Gaulle, récupérateur de dettes, etc.
Bien entendu, Guy-Pierre Geneuil a une famille mais il en parle peu. Alors que sa mère travaille énormément pour subvenir aux besoins des siens, sa grand-mère s’occupe de lui et tient une place très importante dans son enfance. Adulte, il se marie mais il n’est jamais question de sa femme dans Le narvalo. De même, ses sentiments profonds ne sont jamais évoqués. Sans doute est-ce comme cela que l’homme se protège…
Toute sa vie, Guy-Pierre Geneuil cotoie les hommes politiques et les gens du show-bizz, pour le meilleur mais surtout pour le pire. Les coups, le sang, la souffrance et la douleur ne lui font pas peur. En racontant sa vie, il apporte un témoignage intéressant sur la période qui va de la Seconde Guerre mondiale à la fin des années 1970. A l’époque, les règlements de compte était très souvent physiques. Aujourd’hui, c’est sans doute beaucoup plus viscieux mais, dans le fond, c’est toujours la même chose. Beaucoup de gens sont prêts à tout pour obtenir et conserver le pouvoir et l’argent…
GENEUIL, Guy-Pierre, Le Narvalo, Le livre de poche, 1987
Lecture : Grégory Protche
Mix : Cave du 18