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Une famille algérienne de France (Monde diplomatique)

par Stéphane Beaud 28 Mars 2018, 07:30 Nemmouche Djihadisme Algérie Migrants France

Une famille algérienne de France
Par Stéphane Beaud
Monde diplomatique

 

 Kader Attia. – De la série « Modern Genealogy » (Généalogie moderne), 2012. Exposition « Les racines poussent aussi dans le béton », du 13 avril au 3 septembre 2018, au MAC VAL, à Vitry-sur-Seine © Adagp, Paris, 2018 - Galerie Krinzinger, Vienne

Kader Attia. – De la série « Modern Genealogy » (Généalogie moderne), 2012. Exposition « Les racines poussent aussi dans le béton », du 13 avril au 3 septembre 2018, au MAC VAL, à Vitry-sur-Seine © Adagp, Paris, 2018 - Galerie Krinzinger, Vienne

Juste après la découverte de l’identité probable du tireur du Musée juif de Belgique, le 24 mai 2014 à Bruxelles, et le dévoilement par la presse internationale de son nom arabe (Mehdi Nemmouche), de sa nationalité française, de son statut de « djihadiste » et de sa photographie, Mmes Samira Belhoumi, 43 ans, cadre de formation en santé, et Leïla Belhoumi. 40 ans, chargée de projet en insertion professionnelle, deux sœurs aînées d’une famille algérienne immigrée en France, s’envoient une série de textos. Samira : « Encore un Algérien dingo ! Ils font chier ces connards ! » Leïla : « Grave... Ils vont tous nous cataloguer ! » Samira : « Ça va être encore plus difficile pour nous et nos enfants… » Leïla : « Malheureusement de plus en plus de tarés parmi nos congénères... » Samira : « Ça, on le savait déjà... Mais le passage à l’acte, ça fait peur… »

Mme Leïla Belhoumi nous révèle cet échange lors d’un entretien dans une ancienne « banlieue rouge » de Paris, lorsque nous évoquons les effets des attentats djihadistes de Mohamed Merah ou de M. Mehdi Nemmouche sur sa vie quotidienne et sur la perception que les autres ont d’elle, au travail ou en dehors. « Je m’excuse pour le vocabulaire grossier employé… C’est l’émotion qui parle », ajoute Samira.

La famille Belhoumi incarne la dernière vague de l’immigration algérienne en France, arrivée peu avant le décret de 1974, qui stoppa ce recrutement massif de main-d’œuvre par les entreprises : le père immigre en 1971 comme manœuvre dans le bâtiment (un « travail avec la pioche », comme il dit). Quand son épouse et leurs trois enfants nés en Algérie le rejoignent, en 1977, la famille s’installe dans une HLM (habitation à loyer modéré) de Sardan, une petite ville communiste à l’ouest de Nîmes. Cinq enfants naîtront ensuite.

Pour comprendre la vive réaction des deux sœurs à la révélation du nom du tueur du Musée juif de Belgique, il faut savoir qu’elles appartiennent dorénavant, grâce à leur réussite scolaire, aux classes moyennes...

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