Abolition de l'esclavage: faut-il débaptiser les rues aux noms d'esclavagistes ?
Par Alexandre Boudet
(Huffington Post)
Macron célèbre le 170e anniversaire de l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises.
POLITIQUE - Bertrand Delanoë avait tenu à faire ce geste symbolique dans les premiers mois de son premier mandat. En février 2002, le maire de Paris avait débaptisé la rue Richepense pour la renommer rue du Chevalier-de-Saint-Georges.
En enlevant le nom d'un général acteur principal de la sanglante répression qui a rétabli l'esclavage en Guadeloupe en 1802 pour le remplacer par celui d'un esclave, l'édile socialiste voulait donner à la France une autorité renforcée pour poursuivre le combat contre l'esclavagisme au niveau international.
Seize ans plus tard, alors qu'Emmanuel Macron célèbre ce vendredi 27 avril au Panthéon le 170e anniversaire de l'abolition de l'esclavage dans les colonies françaises, le débat sur les noms de rue est encore d'actualité. Avec une question en toile de fond: faut-il débaptiser ou conserver la nomination en ajoutant des panneaux explicatifs ?
Cette interrogation, qui a redoublé l'été dernier après les événements de Charlottesville aux Etats-Unis, touche aujourd'hui essentiellement les anciens ports négriers, à commencer par Le Havre, La Rochelle, Nantes et Bordeaux.
Bordeaux s'interroge sur sept noms
Dans la ville dirigée par Alain Juppé, une commission composée d'universitaires travaille depuis deux ans "sur la pédagogie mémorielle dans l'espace public au sujet de l'esclavage et de la traite négrière". "Cette commission ainsi que la ville de Bordeaux ont toujours été favorables à une pédagogie sur les rues portant véritablement un nom de négrier. Mais l'établissement de vérités historiques est le préalable indispensable pour ne pas décrédibiliser le combat pour une mémoire juste", estime Marik Fetouh, adjoint en charge de l'égalité et la citoyenneté...