Le paysan Emmanuel Elong, venu tout exprès du Cameroun pour le procès qu'a intenté le groupe Bolloré à France 2, témoigne de la pression psychologique qui pèse sur vous quand on s'attaque à un grand groupe en Afrique.
Emmanuel Elong est planteur indépendant au Cameroun, son village est situé à l’intérieur de la plantation de la Socapalm dans laquelle le groupe Bolloré a des intérêts. Et il préside la Synergie Nationale des Paysans et Riverains du Cameroun (Synaparcam). Il était présent, le 3 avril, au Tribunal de Grande Instance de Nanterre qui examinait la plainte en diffamation du groupe Bolloré visant un portrait de l’homme d’affaires diffusé sur France 2. Il a témoigné en faveur du journaliste Tristan Waleckx, attestant que les conditions de vie et de travail au sein les plantations à huile de la Socapalm sont bien telles que les montre le reportage attaqué. C’est-à-dire déplorables. A la veille de son retour au Cameroun, Emmanuel Elong confie son intranquillité, son inquiétude se retrouver, sur place, face au groupe contre lequel il a témoigné.
TéléObs. Avez-vous obtenu facilement un visa pour venir témoigner au tribunal ?
Emmanuel Elong. J’ai déposé une demande de visa le 1er mars au consulat de France à Douala. Avec un dossier très complet : réservation d’avion, d’hôtel, assurance voyage, acte de mariage, de naissance de mes enfants, relevés de comptes bancaires et, surtout, citation à témoigner envoyée par le parquet de Nanterre et invitation de France télévisions… Le 15 mars, il m’a été refusé de crainte – d’après le motif avancé – que je reste en France. L’avocat de France 2 est intervenu. J’ai été prié de me présenter de nouveau au consulat à 50 kilomètres de chez moi. Or, les moyens de locomotion sont peu commodes. J’avais demandé un visa pour quinze jours. Quand on m’a rendu le passeport, le visa était pour… six jours....