Les Etats-Unis ont utilisé du phosphore blanc à Mossoul et à Raqqa, lors de leur offensive contre l'EI en 2017 tout comme les Israéliens à Gaza en 2009.
Israël reconnaît avoir utilisé du phosphore blanc à Gaza
AP / Le Figaro
Des restes de phosphore achèvent de se consumer près d'une école de l'ONU à Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza, bombardée par l'aviation israélienne le 24 janvier 2009.
Dans son premier rapport exhaustif sur l'offensive à Gaza, l'Etat hébreu assure avoir employé l'agent chimique de manière légale pour former des écrans de fumée, et non comme arme contre les civils. Ce que contestent les organisations humanitaires.
Israël fait machine arrière. Après avoir nié pendant des mois avoir utilisé des munitions au phosphore blanc lors de son offensive sur Gaza en début d'année, le gouvernement admet dans un rapport, publié jeudi, en avoir finalement fait usage. Mais cette utilisation a été en tout point conforme au droit international en la matière, martèlent les autorités israéliennes dans ce premier document exhaustif sur l'opération «Plomb durci». L'agent chimique n'a été utilisé que pour former des écrans de fumées pour protéger l'avancée de ses soldats, explique-t-on côté israélien en réponse aux organisations humanitaires et aux Palestiniens. Ceux-ci accusent l'Etat hébreu d'avoir violé le droit international de la guerre, lors de «Plomb durci» et avoir sciemment détruit des biens et tué des civils.
Les munitions au phosphore n'ont jamais été tirées contre les civils, à l'intérieur de zones d'habitation, ce qui aurait constitué une violation du droit, affirme le rapport. Le phosphore cause en effet de grave brûlures de la peau, des muscles, voire des os. Sa combustion ne s'arrête que lorsqu'il est privé d'oxygène. Mais, affirme le rapport,«il ne paraît pas y avoir de morts documentées à Gaza résultant de l'exposition au phosphore blanc lui-même».
L'aveu des autorités israéliennes surprend peu. Il devenait de plus en plus difficile pour Israël de nier avoir eu recours au phosphore. De nombreux restes de munitions où des traces blanches de phosphore étaient visibles, ont été retrouvés dans Gaza. L'ONU avait même affirmé détenir des preuves démontrant que la substance avait été utilisée lors du raid mené contre un de ses entrepôts lors de l'offensive.
La bande de Gaza étant une des zones les plus densément peuplées de la planète, le rapport prend toutefois des précautions : ses rédacteurs n'excluent pas que des éclats d'obus contenant des résidus de phosphore blanc puissent avoir fait des blessés ou provoqué des incendies. Cependant, font-ils valoir, «il ne semble pas que les dégâts liés à cette utilisation puissent être considérés comme excessifs».
Leur rapport, qui sort avant celui des Nations unies sur les crimes de guerre à Gaza, entend faire ressortir le bien-fondé et la légalité de l'offensive de 22 jours. L'opération «Plomb durci», qui a fait plus de 1.100 morts côté palestinien et 13 du coté de l'Etat hébreu, «était nécessaire et proportionnée», affirme le texte.
«Israël avait, et le droit, et l'obligation, de prendre des mesures militaires pour faire cesser les tirs presque incessants de roquette et de mortiers du Hamas», peut-on lire encore. Quelque 12.000 projectiles ont été tirés sur Israël entre 2000 et 2008, dont près de 3.000 pour la seule année 2008 menaçant près d'un million d'Israéliens, précise le texte. En outre, plaide-t-il, Israël a pris plusieurs mesures pour tenter de limiter les souffrances des Gazaouis. Selon cet audit, Tsahal a choisi les armes les moins destructrices et a demandé aux Palestiniens de quitter les lieux où le Hamas est implanté, via des tracts et des appels.
Ce rapport souligne également qu'Israël a pris en compte les accusations de violations des droits de la guerre formulées par les organisations humanitaires. L'armée israélienne enquête sur une centaine de plaintes concernant des abus de ses soldats et a ouvert 15 enquêtes criminelles. Tsahal a promis de rendre public les résultats de ses investigations lorsqu'elles seront arrivées à leur terme.