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Vu du Royaume-Uni : May a attaqué la Syrie comme un voleur, sans autorisation du parlement (Webmonster)

par George Galloway 17 Avril 2018, 14:23 Opération Hamilton May Grande-Bretagne Impérialisme Parlement Droit international Violation Bombardements

Vu du Royaume-Uni : May a attaqué la Syrie comme un voleur, sans autorisation du parlement
Article originel :  Galloway: May attacked Syria like a thief in the night without parliamentary consent
Par George Galloway
Westmonster

 

Traduction Entelekheia*

Vu du Royaume-Uni : May a attaqué la Syrie comme un voleur, sans autorisation du parlement (Webmonster)

Des officiels américains ont confirmé devant des journalistes que nous avions attaqué la Syrie avec un ouragan d’éclats métalliques brûlants et coupants comme des rasoirs à un milliard de dollars parce que si nous avions attendu jusqu’à lundi, la forte et capable Theresa May aurait dû porter son « plan » écervelé devant le parlement, où elle ne pouvait pas être sûre de l’emporter.

 

Ce qui a eu pour effet secondaire malheureux de signifier que nous bombardions pour punir une « attaque chimique à Douma » plusieurs heures avant que les experts d’une équipe de l’OIAC affectés à l’enquête sur l’incident allégué n’aient même commencé leur travail, ou a fortiori atteint une conclusion.

Quelle que soit la façon dont vous l’abordez, cela n’a pas bonne allure.

Et quand vous y ajoutez que la raison pour laquelle May ne pouvait pas être sûre de gagner un vote du parlement est que seulement 22% des Britanniques, selon YouGov (qui ne sous-évalue pourtant jamais les partisans des Tories) soutenaient une frappe contre la Syrie, le tableau ne se fait guère plus réjouissant.

De sorte que, comme un cambrioleur s’éclipse juste avant que le propriétaire ne rentre chez lui, la Grande-Bretagne s’est précipitée dans la guerre juste à temps.

Mais je ne pense que pas que ce soit la seule raison, ou même pas peut-être la principale raison de la hâte de madame May.

Il y a deux lignes de poudre à canon allumées dont les flammes courent en ce moment vers l’État britannique, avec un tel potentiel de faire sauter tout le cirque que bientôt, la campagne des élections locales de Jeremy Corbyn pourrait bien être le dernier de ses soucis.

La première est la « vérité irréfutable » des allégations du ministre des Affaires étrangères russe, le prudent Mr Lavrov, selon lesquelles entre le 3 et le 6 avril, Londres a fait pression sur les « Casques blancs », la brigade des ambulanciers d’Al-Qaïda fondée et financée par le Royaume-Uni, pour qu’ils se dépêchent de monter une provocation du type précis de celle qui a été subséquemment montée à Douma. La raison de la hâte dans ce cas n’avait rien à voir avec un évitement du parlement et tout à voir avec l’effondrement, à la Ghouta orientale, de l’armée-soupe aux lettres des extrémistes islamistes. Si une provocation n’étaient pas rapidement montée, il n’y aurait plus eu de guerre où s’ingérer. Je sais en quoi consistent ces preuves, et si elles sont authentifiées, alors elles emporteront avec elles les carrières de plusieurs officiels britanniques, de ministres et du Premier ministre elle-même.

La deuxième est encore plus explosive, ne serait-ce que parce qu’elle traite de questions plus proches de chez nous que la Ghouta orientale, Salibury pour être précis.

La Russie a requis les services d’un laboratoire d’État suisse réputé pour tester les échantillons « prélevés » par l’OIAC (en fait apparemment donnés à l’OIAC par les Britanniques). L’authenticité des échantillons ne peut donc pas être contestée aujourd’hui par la Grande-Bretagne. Les conclusions du labo suisse constituent une avalanche qui enterre la version officielle sur les Skripal comme sous un glissement de terrain.

Selon les experts suisses, Sergueï et Ioulia Skripal n’ont pas été attaqués par un « Novichok, un agent innervant de qualité militaire d’un type développé par la Russie » du tout, mais par une substance appelée BZ ou, pour lui donner son joli nom du dimanche, benzilate de 3-quinuclidinyle.

Le labo – Spiez – est certifié par le ministère suisse de la défense.

Le BZ n’a « jamais été produit en Russie… mais était en service dans le Royaume-Uni, les USA et d’autres pays de l’OTAN », selon Mr Lavrov.

Les Novichoks – 5 à 8 fois plus puissants que le VX ou le sarin – tuent en quelques secondes, dix minutes au plus.

Le BZ met environ une heure à affecter ses victimes.

Les lecteurs éveillés auront noté que les Skripal n’ont pas été affectés en « quelques secondes », ou même « quelques minutes ».

Les plus éveillés sauront que les Skripal ont été affectés quatre heures après avoir quitté leur demeure.

Il est presque impossible d’exagérer l’importance potentielle des conclusions du labo d’État suisse.

En sus du reste, cela démontre une corruption au cœur de l’OIAC, qui a reçu les conclusions des Suisses, mais a décidé de complètement les ignorer.

Mais plus sérieusement, pour nous, si tout ce qui précède est confirmé dans les jours ou les semaines qui viennent, cela portera un coup sûrement fatal à Theresa May, au ministre des affaires étrangères Boris Johnson et à Gavin Williamson [ministre de la défense d’ores et déjà victime d’un concert de quolibets de la population britannique pour ses remarques puériles, NdT]. Jusqu’ici, les seuls décédés dans l’Affaire de l’Empoisonnement de Salisbury ont été un chat de race et deux cochons d’inde. Il pourrait bien y avoir trois autres victimes à venir.

Lavrov avait dit que les Britanniques « jouaient avec le feu » en cherchant noise à la Russie. Nous allons découvrir que ce feu ne brûle pas seulement les Syriens.

George Galloway est un politicien, auteur et homme de radio britannique. Parlementaire de 1987 à 2015, il a été membre du Parti travailliste, puis du Parti du respect (extrême gauche). Aujourd’hui, il est indépendant.

 

*Traduction Entelekheia

Note de la traduction : nous reviendrons sur les nouveaux développements de l’Étrange Affaire du Poison de Salisbury dans des articles ultérieurs, à mesure de l’arrivée de détails supplémentaires. Pour le moment, Lavrov a déclaré avoir envoyé à l’OIAC une demande officielle d’explications de la raison pour laquelle elle a omis d’intégrer les conclusions du laboratoire suisse – pourtant l’un des cinq principaux laboratoires accrédités par l’OIAC elle-même – à son rapport final. Nous attendons tous la réponse de l’OIAC.

Par ailleurs, selon la transcription des propos de Lavrov postée sur le site du ministère des Affaires étrangères russe, le labo suisse a effectivement trouvé de hautes concentrations de traces de l’agent innervant A-234 (le « Novichok ») dans les échantillons, mais sous sa forme « vierge » ainsi que des sous-produits de sa dégradation, ce qui pose la question d’un ajout ultérieur de « Novichok » dans l’échantillon avant sa remise à l’OIAC. De fait, il est impossible que l’A-234 se soit trouvé sous sa forme pure dans des échantillons de sang des Skripal pris deux semaines après l’empoisonnement. De plus, selon le labo, cette concentration aurait infailliblement tué les Skripal, dont les symptômes correspondent en revanche point par point à une intoxication due à l’agent BZ également trouvé dans l’échantillon, un agent incapacitant non létal dont l’effet dure quatre jours en moyenne.

Plusieurs questions restent posées, dont entre autres, où et quand les Skripal ont-ils été empoisonnés ? Certainement pas par la poignée de leur porte, mais forcément après leur départ du restaurant, une heure tout au plus avant de s’effondrer sur un banc public. Les caméras de surveillance urbaines pourraient-elles donner la réponse ?

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