Biocarburant à l'huile de palme : Macron et Total (EN MARCHE) pour la déforestation de l'Afrique et de l'Asie
Cameroon Voice
Emmanuel Macron pourrait être plus farouche adversaire que personne d'autre au monde de l'Accord de Paris sur le climat. Et ce ne sont pas ses multiples gueulantes poussées à l'intention de Donald Trump, depuis le retrait isolé des Etats-Unis dudit Accord, qui changent quelque chose aux véritables dispositions du président français relativement à la menace planétaire d'un réchauffement climatique de plus en plus accru et de plus en plus en plus insoluble.
En témoigne l'approbation par l'exécutif français dont il est le chef, du plan d'approvisionnement du géant pétrolier français Total pour sa bio-raffinerie géante de La Mède, qui ne prévoit rien moins que l'importation de 550.000 tonnes d'huile de palme chaque année, prenant ainsi non seulement le contrepied du ministre de l'Ecologie français, Nicolas Hulot, qui depuis son entrée au gouvernement, a fait de la fin de l'importation en France d'huile de palme un élément capital du Plan Climat, mais aussi du Parlement Européen qui a adopté récemment une directive limitant les importations d'huile de palme en Union Européenne.
"Une catastrophe écologique" en marche, dénoncée par de nombreuses organisations écologistes à travers le monde, dont les moindres ne sont pas "Les Amis de la Terre", "Rainforest Action Network", "Greenpeace" France, ou encore le vidéoblog "Osons Causer"… qui ont constaté fin avril, que le projet d'importation d'une quantité aussi gigantesque d'huile de palme pour la production du biodiésel, non seulement augmenterait de quelque 64% les importations –actuellement estimées à 136 000 tonnes- par les industries agroalimentaires françaises de cette denrée, mais qu'en plus, elle pousserait à des degrés astronomiques la déforestation dans la mesure où il faudrait raser par centaines de milliers de kilomètres carrés des réserves florales dans les pays d'Afrique et d'Asie, pour planter des palmiers pouvant produire la quantité d'huile nécessaire à la production de Total. Et qui dit déforestation dit justement réchauffement climatique.
Pour Clément Sénéchal, chargé de campagne Forêts à Greenpeace France, « Quand la France décide d'ouvrir les vannes de l'huile de palme, les grands discours sur la protection du climat sonnent creux ». « Si Emmanuel Macron entend être un véritable leader de la lutte contre le changement climatique, il est grand temps que l'Etat cesse de soutenir les agrocarburants de première génération, tant sur les plans législatif et fiscal que diplomatique », recommande l'activiste de la préservation de l'environnement, d'autant que l'ONG Greenpeace dont il fait partie est très critique vis-à-vis de la certification RSPO de l'huile de palme utilisée par Total exigée par le gouvernement français.
En effet, outre ce que les ONGs de protection de l'environnement considèrent comme le manque de rigueur des critères d'obtention de la certification RSPO et le manque de transparence dans sa gestion, il y a aussi le fait qu'aucune des certifications demandées, ne garantit l'absence d'impacts directs ou indirects sur les forêts tropicales, principales zones de production de l'huile de palme.
Le parti Europe-Ecologie Les Verts (EELV) est formel sur le fait que la production massive de l'huile de palme est une des premières causes de déforestation dans le monde et la première en Indonésie.
Dans une tribune intitulée « Huile de Palme : Macron s'asseoit sur le plan Hulot » qu'ils ont cosignée le 5 avril, Julien Bayou et Sandra Regol, porte-parole nationaux de EELV écrivent : « Dangereuse pour la santé et l'environnement, sa production est entre autres responsable d'augmentation des rejets de gaz à effets de serre, de destruction de l'habitat de nombreuses espèces d'animaux, de pollutions. 90% des forêts malaisiennes et indonésiennes auraient été détruites du fait de son exploitation. Cette dernière détruit l'habitat naturel de très nombreuses espèces comme les orangs-outans, les éléphants ou les rhinocéros, aujourd'hui menacées. »
« Ces impacts environnementaux ont des conséquences sociales directes et dramatiques : les petits producteurs chargés de la récolte des fruits du palmier à huile sont très souvent exploités et vivent dans une misère extrême et la monoculture empêche tout développement des économies locales, créant un cercle vicieux de pauvreté qui renforce l'emprise économique des producteurs de palme. »
Des données présentées par les écologistes font état de millions d'hectares de forêt aussi grands que des pays, rasés pour permettre la plantation du palmier à huile.
C'est ainsi qu'en 25 ans, entre 1990 et 2015, les exploitants d'huile de palme ont rasé plus de 24.000.000 d'hectares (240.000 Km2) de forêt en Indonésie, l'équivalent de pays entiers comme la Guinée ou le Royaume-Uni ou encore l'Ouganda.
Aujourd'hui, la crainte est grande qu'en raison des raisons des relations de suzeraineté qui lient la France à ses ex-colonies d'Afrique, l'Hexagone ne se tourne vers l'Afrique pour imposer une déforestation plus accrue de ces pays où la culture du palmier à huile est plus aisée.